La besnoitiose progresse en France!

De petits kystes sur la sclère apparaissent environ 1 mois après le début de la maladie, c’est un signe très spécifique de la maladie. On observe ensuite un épaississement cutané durable (peau d’éléphant) .
De petits kystes sur la sclère apparaissent environ 1 mois après le début de la maladie, c’est un signe très spécifique de la maladie. On observe ensuite un épaississement cutané durable (peau d’éléphant) . - http://www.gdscreuse.fr/?p=5431

La besnoitiose est provoquée par le parasite Besnoitia besnoitii, ceux-ci font référence au chercheur nommé Benoist, qui le premier le mit en évidence au début du 20e siècle.

Transmission par les insectes, dissémination par camion!

Sa dissémination récente en France et son expansion vers l’Europe centrale sont principalement dues à l’introduction de bovins contaminés au sein de troupeaux indemnes. Ils servent d’amorce au foyer. Sur place, cette maladie dite « vectorielle » est essentiellement transmise par des insectes piqueurs (taons, mouches piqueuses) mais également par l’emploi d’aiguilles à usage... multiple. Elle apparaît d’abord par foyers disséminés, cantonnés à un périmètre bien défini, puis diffuse peu à peu pour devenir endémique.

Du fait de la transmission par les insectes, c’est une maladie plutôt estivale. Plus de 80 % des cas cliniques sont identifiés entre juin et septembre, et ce sur des animaux de tout âge.

Mais de nombreux bovins parviennent à maîtriser l’infection pour devenir ensuite porteurs latents, en exprimant peu ou pas de symptômes. Certains vont par contre développer la maladie dans des délais très variables, allant de 15 jours à plusieurs mois et en trois phases caractéristiques. Il est utile d'en connaître les symptômes !

Syndrome grippal, œdèmes...

Pendant 3 à 10 jours, le bovin malade est très essoufflé, fuit la lumière, a les yeux et le nez qui coulent et présente une forte fièvre (+41°C). Cela évoque une grippe mais la peau est en plus congestionnée et très sensible au pincement.

La fièvre disparaît et, le parasite se développant au sein des muqueuses et de la peau, il y crée des œdèmes pendant une à deux semaines: yeux gonflés, mamelles ou testicules enflés, peau chaude, douloureuse. La démarche s’enraidit.

Les œdèmes disparaissent progressivement et c'est alors la peau qui, dans les zones atteintes, s’épaissit, se plisse et se « cartonne » (voir photo). Les poils tombent et se raréfient. Les animaux atteints présentent toujours plus de difficultés pour se déplacer, maigrissent progressivement, voire dépérissent et meurent dans les cas les plus graves.

Notons que des lésions spécifiques de la maladie apparaissant dans les zones à peau fine et les yeux, à savoir de petits kystes (voir photo), visibles environ 1 mois après le début de la maladie.

Coûteuse... comme la plupart des maladies

Si la maladie entraîne globalement peu de mortalités, les pertes économiques sont importantes: stérilité des taureaux, chute de la production laitière, moins-value économique notamment à cause des symptômes cutanés, coût des traitements (quand ils valent la peine d'être entrepris...). Dans les cheptels français très contaminés, vivre avec la maladie coûte ainsi 7 fois plus cher que d’organiser un assainissement.

Des moyens de lutte individuelle limités

De fortes doses d’anti-infectieux dans les trois premiers jours de la maladie permettent de limiter les symptômes. Après cette période initiale, les traitements ne sont plus efficaces. Mais comme déjà souligné plus haut, l’animal « guéri » reste porteur du parasite et source de contamination pour le troupeau, par l’intermédiaire des insectes ou des aiguilles. Ceci explique la mobilisation de l'Arsia et la démarche de son action de vigilance collective vis à vis des animaux importés de zones à risque.

Un bovin détecté positif?

Voici les mesures prévues :

– envoi de l'échantillon positif au laboratoire de référence pour confirmation;

– recommandations en attente du résultat:

maintenir l'animal à l' intérieur des bâtiments d'élevage pour le protéger autant que possible des taons, principaux vecteurs du parasite;

isoler l'animal à plus de 5 mètres de tout autre bovin, distance au-delà de laquelle le taon ne volera pas pour terminer son repas de sang, s'il a été interrompu;

ne pas réutiliser les seringues et aiguilles des prises de sang et injections faites sur cet animal;

– si le résultat est confirmé, réformer l'animal le plus rapidement possible ou le retourner au vendeur. Dans ce contexte, il est en effet recommandé de prévoir une clause d'annulation dans le contrat de vente et/ou de faire tester les animaux avant le départ;

– un mois après l'élimination du bovin positif : contrôle par prise de sang des bovins susceptibles d'avoir été contaminés (achetés en même temps, placés à moins de 5 m...).

Action de vigilance collective

Endémique dans le sud de la France, la besnoitiose progresse inexorablement en direction de nos frontières. La Belgique est très probablement encore indemne de cette maladie ... mais pour combien de temps encore ?

Il est dès lors essentiel de tester dès à présent tous les bovins importés de zones considérées à risque, soit de France, Espagne, Portugal, Suisse et Italie.

Réalisée automatiquement sur les prises de sang liées à l'importation d'un bovin en provenance d'un pays à risque, cette analyse sera prise en charge par le Fonds sanitaire et sera donc gratuite pour le détenteur.

Règle générale... et dans ce contexte davantage encore, lors de la mise en quarantaine d'un bovin acheté et en attente des résultats d'analyse, toute aiguille et seringue pour prélèvement ou traitement éventuel doivent être éliminées après usage.

Il se peut donc que vous receviez, ainsi que votre vétérinaire, un résultat de notre laboratoire pour une maladie, la besnoitiose en l’occurrence, ... que vous n'aviez pas demandée ! Il s'agit précisément de l'action de vigilance collective de l'Arsia.

L'objectif est de déceler le plus tôt possible l'entrée éventuelle de cette maladie sur le territoire wallon, afin de prendre très rapidement les mesures qui éviteront sa propagation.

Le contexte

La besnoitiose bovine ou «œdème cutané généralisé des bovins» ou plus évocateur encore «maladie de la peau d’éléphant», est une pathologie historiquement connue dans l’Europe du sud (Espagne, Portugal, Italie) et le sud de la France (Pyrénées). Elle semblait pourtant vouée à l’extinction en France (aucune observation entre 1970 et 1990). Mais elle y connaît depuis 1995 une expansion géographique marquée avec la multiplication de foyers au départ dans le sud-ouest puis au sud de la Loire et désormais sur les 2/3 sud du territoire français. Une action nationale des Groupements de Défense Sanitaire (GDS) est en cours depuis 2016 : élimination des animaux infectés et limite à la diffusion de la maladie par un dépistage des animaux en sortie de foyers et à destination de l’élevage. Les GDS départementaux versent ainsi, à partir d'un Fonds de mutualisation une aide de 100€ par animal positif éliminé et de 6 € par analyse réalisée en sortie de foyer et ce jusqu’en 2020.

Tous les moyens, et ils existent, doivent aussi être mis en œuvre chez nous pour idéalement éviter que la maladie ne franchisse nos frontières et le cas échéant, pour stopper immédiatement son expansion, ce que sous-tend l'action de vigilance collective de l'Arsia avec l'aide du Fonds de Santé (voir encadré).

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