Production laitière en Wallonie: moins de litres… mais de meilleurs prix
La situation sanitaire, couplée à la réduction du nombre de producteurs laitiers wallons, influence favorablement le prix du lait, tant conventionnel que bio. Tous deux se montrent d’ailleurs en net progrès par rapport à l’an dernier.

Chaque mois, le Collèges des producteurs s’attelle à observer l’évolution des filières agricoles, en mettant le focus sur les prix, l’avancée des travaux des champs, les niveaux de production… ; le tout sur base d’un large panel de sources. Parmi les spéculations étudiées, figure la production laitière dont on sait que les volumes livrés baissent alors que les prix payés aux producteurs sont en nette amélioration par rapport à 2024.
La Belgique, sur le podium des plus fortes baisses
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production laitière belge du mois de février dernier a reculé de 8,3 % par rapport à février 2024 (-5 % en tenant compte que 2024 était une année bissextile). Elle s’élevait à 330 millions de litres.
Les deux régions du pays sont touchées par le phénomène. En Wallonie, le total produit s’élève à 96 millions de litres, soit une chute de 9,4 % en un an (-6,2 % en tenant compte de l’année bissextile) (figure 1). Au nord du pays, où 237 millions de litres ont été collectés, la baisse est moins importante mais n’en demeure pas moins sévère (-7,3 %, -4 % en tenant compte de l’année bissextile).
Et à l’échelle européenne ? La note du Collège des producteurs se concentre sur la collecte de janvier dernier, sensiblement similaire à 2024 (-0,3 %). Avec, toutefois, d’impressionnants contrastes d’un pays à l’autre. La Belgique s’octroie ainsi le triste record de la plus forte baisse de production entre janvier 2025 et janvier 2024 (-5 %). Deux frontaliers la rejoignent sur le podium : l’Allemagne (-2,2 %) et les Pays-Bas (-1,8 %).
La collecte européenne 2024 se montre, elle, plutôt stable (+0,5 %). Côté transformation, on épinglera les trois principaux produits que sont le beurre, la poudre de lait écrémé et la poudre de lait entier. Les deux premiers voient leur production fléchir (respectivement -0,5 % et -5,3 %) tandis que le troisième se montre en excellente forme (+8,6 %).
Toujours moins d’éleveurs…
Ces importantes baisses observées en Europe trouvent, sans surprise, leur cause dans l’épidémie de fièvre catarrhale ovine. La note rédigée par le Collège des producteurs le confirme. S’y ajoute également le recul du nombre de producteurs laitiers.
En effet, en Wallonie, selon les chiffres du Comité du Lait (lire également notre édition du 24 avril), le nombre d’exploitations laitières a fléchi de 4,5 %, passant de 2.390 fin 2023 à 2.282 fin 2024. Bien que la production moyenne par ferme progresse de près de 2 % (541.000 l/an), cela se ressent sur la production régionale.
Des prix nettement supérieurs
Cette situation a-t-elle un impact sur les prix ? Sur base de ses sources et analyses, le Collège des producteurs relève que le prix moyen du lait conventionnel payé aux producteurs belges en février dernier s’élevait à 55,40 €/100 l. Il s’agit d’une légère baisse (-1,5 %) par rapport au mois précédent (56,20 €/100 l), mais cela reste supérieur à la moyenne européenne (53,80 €/100 l).
En un an, le prix du lait a bondi de 24,4 %, soit un gain de 10,90 € chaque 100 l livrés.
Et côté bio ? Le prix moyen, en Belgique toujours, s’élevait à 60,90 €/100 l en février dernier, soit un très léger rebond (+0,4 %) par rapport à janvier (60,10 €/100 l). Ici aussi, la différence par rapport à février 2024 est impressionnante, avec un gain de 16,3 % !
Le prix du beurre, quant à lui, se montre en hausse sur les six dernières semaines (+2,3 %) mais a diminué de 2 % par rapport à fin mars. Il oscille aux environs de 735 €/100 kg. Le prix de la poudre de lait écrémé semble s’être stabilisé aux environs de 265 €/100 kg.
Ces prix ont également une influence sur le revenu du travail des éleveurs laitiers. Ainsi, selon le baromètre laitier wallon, en janvier dernier, ledit revenu s’élevait, en moyenne, à 24,70 €/100 l de lait produits. Le revenu du travail entre février 2024 à janvier 2025, soit sur une période d’un an, est, en moyenne, de 17,60 €/100 l de lait produits.
Toutefois, cela ne signifie pas que les éleveurs laitiers vivent sans stress. En effet, ceux-ci se disent préoccupés par la situation sanitaire, notamment la disponibilité des vaccins obligatoires contre la fièvre catarrhale ovine et la maladie hémorragique épizootique.