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La haie fourragère, une alternative partielle au manque d’herbe en période de sécheresse

Les haies jouent de multiples rôles. En période de sécheresse prolongée, en plus de l’ombrage nécessaire au bien-être animal, elles servent de nourriture d’appoint pour le bétail en compensation au manque d’herbe.

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L’utilisation du feuillage pour nourrir le bétail est une pratique ancienne liée au sylvopastoralisme. Les haies et arbres fourragers intéressent aujourd’hui des chercheurs du monde entier ainsi que certains agriculteurs soucieux de préserver leurs réserves pour l’hiver. Noisetiers, cornouillers, sorbiers, aubépines, du bourgeon au jeune rameau, peuvent devenir un mets de choix pour vaches, chevaux, chèvres ou brebis.

Limiter l’achat de fourrage

Les troupeaux qui ont accès aux haies, arbres et broussailles ne les utilisent pas comme des aliments de disette ou « parce qu’ils ont faim ». Les bêtes en raffolent et lorsqu’elles en ont l’opportunité, elles en consomment bien plus que de l’herbe. Cette variation de régime laisse à penser que les animaux trouvent dans les haies des substances nutritives utiles qui ne se retrouvent pas dans l’herbe.

Les haies et les arbres permettent également de limiter le surpâturage ou l’achat de fourrage car ils prennent la relève de l’herbe lorsque celle-ci se fait rare. Il est possible de laisser le bétail pâturer les haies sur pied ou encore de couper les branches des arbres têtards en vue de disposer les rames fourragères au sol. Jadis, de nombreuses espèces d’arbres étaient étêtées dans ce seul but. Des chênes, des charmes, des saules ou encore des frênes taillés en têtard n’étaient pas rares. (Attention : la loi sur la période pendant laquelle les travaux d’entretien, dont la taille des haies et des arbres, sont autorisés, a récemment été modifiée. Celle-ci s’est vue prolongée ; il est désormais interdit en Wallonie de réaliser ce type de travaux entre le 1er avril et le 31 juillet).

Renforcer le maillage écologique

En plus de l’apport de nourriture, ces éléments végétaux jouent un rôle dans l’amélioration paysagère, le renforcement du maillage écologique, la limitation de l’érosion, la régulation du cycle de l’eau, l’hébergement d’oiseaux ou d’insectes et, d’une manière plus générale, sont une contribution au bien-être animal par l’apport d’ombre ou l’effet coupe-vent. En effet, ces périodes de sécheresse sont accompagnées d’un soleil assommant, d’une faible circulation de l’air, les animaux souffrent d’y être exposés durant de trop longues périodes dans les prairies dénudées de couvert végétal.

Une installation qui a du sens

En s’appuyant sur l’exemple d’agriculteurs qui pratiquent encore cette méthode de pâturage, des recherches sont aujourd’hui menées afin de trouver des améliorations techniques possibles. Différentes études sont également menées afin de connaître l’intérêt nutritif des éléments composant les haies de nos régions. Les résultats obtenus jusqu’à aujourd’hui montrent que ceux-ci ont une valeur nutritive équivalente à supérieure aux herbes de prairies. Mais également qu’à travers les choix des plantes broutées, les bêtes pourraient, suivant leurs besoins, choisir celles contenant certaines substances à effets thérapeutiques.

Au vu de ces résultats et dans la perspective du changement climatique, il est certain que l’aménagement d’éléments végétaux (haies, bosquets, arbres isolés, alignements d’arbres, etc.) dans nos campagnes a du sens, tant sur le plan agronomique qu’écologique. Il vous reste d’ailleurs un peu de temps pour vous plonger dans les projets de plantation afin de bénéficier de subsides à la plantation proposés par la Région Wallonne. Exemple : entre 3 et 5€ par mètre de haie plantée (de mono à triple rangs) ou encore 12€ par arbre fruitier haute tige planté.

Pour obtenir cette aide, rendez-vous sur le site biodiversité.wallonie.be (onglet « Agir » sous l’onglet « Subvention à la plantation »). Vous y trouverez les documents de demande d’aide, la notice explicative reprenant les conditions d’obtention ainsi que les listes des plantes admissibles.

D’après Louise Bouland

Natagriwal asbl

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