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La collecte laitière ralentie chez les 5 principaux exportateurs

Le rééquilibrage de l’offre laitière continue de tirer partout les prix du lait à la hausse. Leur redressement n’a pas encore stimulé la reprise de production chez les grands exportateurs, en proie à des difficultés climatiques ou financières. La collecte est toujours ralentie dans l’UE mais pourrait repartir au printemps.

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L a collecte européenne est restée ralentie en fin d’année : -3% par rapport à 2015 en décembre et -3,5% sur le 4e trimestre. En cumul annuel, elle dépasse malgré tout très légèrement son niveau de 2015 (+0,3% ou +515.000 t, mais seulement +90.000 t hors effet année bissextile).

Le prix du lait a rebondi partout, tiré par l’envolée des cours des matières grasses laitières. L’ampleur du rebond, comme celle de la baisse au 1er semestre 2016, est toutefois plus ou moins vive selon les pays, en fonction notamment de la part d’ingrédients laitiers dans leur mix produits et du mode de fixation du prix plus ou moins réactif. Entre mai et décembre, la hausse du prix du lait standard atteint 14% au Danemark, 28% en Pologne (en zloty), 31% au Royaume-Uni (en livre), 40% en Allemagne et 57% aux Pays-Bas.

Sur la même période, le prix du lait n’a regagné que 8% en France, où la baisse avait été sensiblement atténuée. La reprise est probablement pénalisée par la baisse des ventes sur le marché domestique. A 308 €/1.000 l en décembre, il n’est plus que marginalement supérieur au prix allemand (ramené au même standard). En moyenne sur l’année, l’ampleur de la baisse est à peine plus faible en France (-7% par rapport à 2015) que dans les pays d’Europe du Nord (-7% à -9%), mais la volatilité y a été nettement moindre.

La nette remontée des prix en Europe du Nord, repassés au-dessus des 300 €/1.000 l, n’a pas encore stimulé la reprise de la collecte, hormis en Pologne où celle-ci n’avait que modérément ralenti durant l’été et affiche +2% vis-à-vis de 2015 en décembre. Tous les autres principaux pays laitiers européens enregistrent un repli plus ou moins marqué de la collecte, à l’exception de l’Italie (+1% en ragard du mois de décembre 2015) et des Pays-Bas où la production est tout de même finalement retombée à son niveau 2015 en décembre, mais a bondi de 7,5% sur l’année.

Océanie:

la campagne compromise

En Australie, les précipitations anormalement élevées dans le Sud Est ont pénalisé la collecte laitière, déjà affectée par la piètre rentabilité et les réformes massives du début de campagne, encouragées par les prix élevés des bovins. La collecte australienne a ainsi reculé de 8,5% en regard du second semestre de 2015. Si le repli a été limité à 4,5% en décembre c’est uniquement parce que la baisse saisonnière avait été particulièrement accentuée fin 2015. Fin 2016, l’on s’attendait à une baisse de 5% sur l’ensemble de la campagne se terminant en juin 2017, ce qui paraît désormais optimiste.

En Nouvelle-Zélande, les pluies abondantes au printemps austral ont fortement affecté les volumes produits et la teneur en matière sèche utile (MSU) du lait. Les effectifs de vaches étaient encore abondants en début de campagne 2016/2017, mais la collecte a décroché de 5% par rapport à la période octobre-novembre 2015, et même de 6% en MSU, en plein coeur du pic saisonnier. Le repli s’est quelque peu tassé en décembre (-3%) et pourrait continuer de se résorber en fin de campagne d’autant que le prix est redevenu incitatif, néanmoins la collecte entame à présent sa baisse saisonnière. Les prévisions de -4 à -5% pour la campagne sont peut-être un peu basses, mais la Nouvelle-Zélande n’inondera à coup sûr pas le marché au 1er semestre 2017.

Amérique du Sud:

la production au plus bas

L’excès de précipitations et les inondations de l’automne austral ont durablement affecté la production sud-américaine. Mais celle-ci est aussi très pénalisée par l’appréciation du dollar, largement directeur pour le prix des intrants. Les exploitations laitières sont en grande difficulté économique ce qui ne devrait pas permettre un véritable redressement de la production en 2017.

En Argentine, l’effet cumulé de la hausse du dollar et de la fin de la taxation des exportations de maïs a considérablement renchéri les concentrés. Le prix du lait s’est redressé à partir du printemps en monnaie locale (+29%vis-à-vis de 2015 en moyenne annuelle), mais il a chuté de 20% en dollar US. La collecte était ainsi toujours très réduite en décembre (-19% par rapport à 2015). Sur l’année, elle a chuté à 9,7 millions de tonnes, son plus bas niveau depuis 2007 (-14% en regard à 2015). Les élevages produisent toujours à perte ou très faible marge et manquent cruellement de trésorerie ce qui devrait se traduire par une nouvelle baisse de la production au 1er semestre 2017.

En Uruguay, les pluies excessives ont rendu le pâturage impossible et conduit à une forte hausse des coûts et des problèmes sanitaires. La collecte a reculé de 10% par rapport à l’année 2015 et était encore en baisse de 5% en décembre. Bien que les récoltes de maïs et sorgho pour la complémentation des vaches s’annoncent plutôt bonnes, on ne prévoit qu’une stabilisation de la production en 2017.

Etats-Unis:

la collecte boostée

A contre courant des autres grands producteurs européens, les États-Unis voient toujours leur collecte laitière progresser. Le rythme de la hausse s’est accentué sur les 4 derniers mois de 2016 (+2 par rapport à 2015). En effet, au dynamisme de la collecte dans les États du Nord-Est et du Mid West est venue s’ajouter la reprise de la collecte californienne après 2 ans de baisse (+1% vis-à-vis de 2015 au 4e trimestre) et le bond de la collecte au Nouveau-Mexique (+4%) et surtout au Texas (+11%).

D’un côté, les conditions climatiques se sont améliorées dans l’Ouest, de l’autre le prix du lait a rebondi de 30% depuis mai, atteignant 414 $/t en décembre (393 €/t). Le coût de l’alimentation ayant légèrement reculé, la marge sur coût alimentaire calculée par l’USDA s’est nettement redressée à 245 $/t en décembre, son plus haut niveau depuis fin 2014. L’USDA a légèrement revu à la baisse ses prévisions de production pour 2017 qui restent toutefois favorables : +2,1% par rapport à 2016 à 98,3 millions de tonnes.

Collecte en retrait

pour les gros exportateurs

Au bilan, la collecte cumulée des 5 principaux exportateurs a reculé de 2,6% par rapport à 2015 au dernier trimestre, soit -1,9 million de tonnes de lait. Sur l’ensemble de l’année, elle a presque égalé son niveau de 2015 : -0,1%.

Elle devrait rester en retrait au 1er trimestre 2017 et continuer de favoriser un rééquilibrage à la hausse des prix du lait. Elle pourrait ensuite se redresser dès le printemps grâce à une moindre baisse des collectes sud-américaine et océanienne et à une reprise progressive de la collecte européenne, si les prix du lait restent bien orientés.

D’après Tendances

Lait et Viande (Idele)

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