La production de beurre en recul dans un contexte de prix record
À l’échelle européenne, les produits laitiers connaissent une année 2024 bien différente. En effet, les fromages et le lactoserum progressent tant en production qu’exportations, tandis que les échanges de poudre de lait entier et écrémé s’écroulent. Le beurre connaît, lui, une baisse de production alors que les prix atteignent des sommets.

Les dernières perspectives à court terme pour les marchés agricoles viennent d’être publiées par la Direction générale de l’Agriculture et du Développement rural de la Commission européenne. Celles-ci donnent une idée de l’évolution future des marchés européens et, plus particulièrement dans ce premier volet, de ce à quoi il faut s’attendre pour le lait et les produits laitiers.
7.888 kg par laitière, en moyenne
Les experts européens estiment que la collecte laitière, à l’échelle de l’Union, devrait rester stable d’ici la fin de l’année et ce, malgré des conditions météo défavorables dans certaines régions. Elle culminerait ainsi à 145,4 millions de tonnes (mt), soit +0,5 % en un an. Les projections laissent supposer une très légère hausse pour 2025 (145,8 mt) en raison d’un accroissement des rendements contrebalançant la diminution du nombre d’animaux.
En effet, l’évolution du cheptel, elle, s’inscrit toujours dans une tendance baissière, du moins sur le long terme (-0,3 % en 2024). On évalue à 19,4 millions le nombre de vaches laitières européennes, avec une production moyenne par tête de 7.888 kg pour cette année (contre 7.304 kg cinq ans auparavant).
D’un point de vue économique, les prix du lait cru se sont maintenus, depuis fin 2023, à un niveau nettement supérieur à la moyenne quinquennale. En parallèle, les prix des engrais ont diminué, par rapport à 2022, tandis que ceux de l’énergie n’ont guère fluctué (bien qu’ils demeurent supérieurs à la moyenne de la dernière décennie). La disponibilité et la qualité des prairies et fourrages devraient permettre de stabiliser les coûts de l’important poste que sont les aliments pour animaux. Dans l’ensemble, toujours selon les experts, cela pourrait résulter en une amélioration des marges des producteurs laitiers pour l’année 2024.
Forte progression de la production fromagère
Du côté des produits laitiers, la production fromagère enregistre une forte croissance (+2,1 % en un an) pour s’établir à 11,174 mt. L’exportation des fromages européens devrait afficher la même tendance (+2 % en volume) grâce à des prix compétitifs. En parallèle, les importations, principalement de fromages dits « haut de gamme », montrent des signes de reprise.
En 2025, dans l’hypothèse d’un approvisionnement stable de l’UE en matières grasses laitières, la production de fromages pourrait encore croître, bien que plus timidement (+0,5 %). Un courant similaire devrait être suivi par les exportations (+1 %).
Parallèlement, la production de lactosérum suivra probablement la tendance à la hausse de ces dernières années, y compris en 2024 (+1 %). Les exportations devraient augmenter (+3 %), tandis que l’utilisation intérieure se montre stable (+0,1 %).
L’export de poudre de lait à la traîne
La production de poudre de lait écrémé s’affiche en très léger recul (-0,1 %) pour 2024, après avoir connu un recul considérable en 2023. Au cours du premier semestre, les exportations ont augmenté, principalement à destination du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, alors que la faible demande chinoise tire les résultats annuels vers le bas. In fine, les exportations devraient décrocher de 5 % en 2024, mais pourraient rebondir l’année prochaine, selon la demande émanant des pays d’Asie du Sud-Est.
Quant à la poudre de lait entier, elle voit ses exportations chuter de 15 %, toujours en raison d’une maigre demande chinoise, à laquelle s’ajoute la concurrence accrue de la Nouvelle-Zélande sur d’autres marchés. Les projections pour l’année à venir ne sont guère optimistes. Un fléchissement de 5 % des exportations est attendu.
Enfin, les prix du beurre ont fortement progressé au sein de l’Union européenne, dépassant allégrement 7 €/100 kg. Une situation qui s’explique par une offre limitée conjuguée à une demande stable. La production de beurre, elle, devrait diminuer de 1,6 % pour s’établir à 2,3 mt.
Les prix records n’ont pas permis de soutenir la hausse des exportations qui, par conséquent, s’affaiblissent (-4 %). L’utilisation intérieure recule elle aussi (-1,4 %), toujours en raison d’une perte de compétitivité du beurre par rapport à d’autres matières grasses.
Pour 2025, un reflux de la production (-0,3 %) et de l’exportation (-2 %) est attendu, tandis que la consommation devrait se maintenir.