«J’ai toujours voulu être agriculteur», déclare d’amblée François Lallemant, rencontré lors de la journée portes ouvertes de son élevage mi-septembre. «Mes grands-parents étaient agriculteurs et j’ai reçu ma première chèvre à 12 ans. J’en détenais 23 lorsque j’étais adolescent». Après ses techniques de qualification agricole à La Reid, il travaille durant 6 ans dans une usine de bois tout en s’occupant de son petit élevage après journée. Durant ses études, il a effectué un mois de stage dans 2 élevages caprins, l’un assez petit en France et l’autre, dans un grand élevage au Grand-Duché de Luxembourg. Ces stages le confortent dans son choix de créer un élevage caprin. «J’appréciais aussi beaucoup l’élevage laitier», explique-t-il, «mais en lait, l’investissement est très conséquent et les revenus incertains. En chèvres par contre, les investissements sont moins élevés et la demande de lait de chèvre est importante». Le choix entre les 2 spéculations a donc été aisé.
Le choix de l’élevage classique plutôt que le bio
Construction de la chèvrerie et démarrage de l’élevage
Reproduction et sélection du troupeau
L’IA en pratique
Gestation et mise-bas
Les soins aux chevreaux
Dès leur naissance, les jeunes sont essuyés et le nombril est désinfecté. Après leur identification par des minis boucles, ils sont pesés et enregistrés dans l’inventaire. Pour éviter les coups de froids lors du transfert vers la nurserie, les petits sont protégés dans une remorque fermée. Dans la nurserie, chaque jeune est déposé dans un box individuel paillé et chauffé grâce à une lampe chauffante (18 à 20°), où il reste un jour. Tous les jeunes reçoivent deux biberons de colostrum en poudre dans les 4 premières heures de vie, le premier étant distribué dans l’heure qui suit la naissance. L’éleveur a opté pour du colostrum en poudre pour se faciliter le travail et gagner du temps, le colostrum étant toujours prêt. Après avoir reçu ces 2 biberons de colostrum, le jeune passe en cage collective de 20 chevreaux, chauffée par des chauffe terrasse. Il reçoit encore un biberon de lait en poudre de 300 gr. La prochaine «têtée» se fait ensuite à la louve, sauf s’il a des difficultés pour boire. La louve fournit du lait à volonté, toujours à bonne température. Il suffit que le jeune tête pour être nourri jour et nuit. Un petit apprentissage est cependant nécessaire. En général, un jour de surveillance est suffisant pour vérifier que chacun reçoit sa ration. A une semaine, les jeunes boivent environ un litre de lait par jour. Des travaux de désinfection des box individuels et collectifs sont aussi effectués après chaque passage des chevreaux. A 5 jours, l’éleveur pratique l’écornage des chevrettes en cautérisant le cornillon. Tous les vaisseaux sanguins autour de la corne sont ainsi brûlés avant qu’elle ne pousse.
La nurserie peut accueillir 150 jeunes. Après 2 semaines, les sujets les plus lourds sont transférés dans une autre étable pour laisser la place aux suivants. Les moins lourds sont rassemblés dans un lot et sont déplacés plus tard. A partir de 3 semaines, les jeunes reçoivent du foin et de l’eau fraiche en plus du lait. Le sevrage est réalisé vers 2 mois lorsque les jeunes atteignent 15 kg. Si ce poids n’est pas atteint, le sevrage est retardé d’une ou deux semaines. Pour sevrer les jeunes, le lait est distribué par la louve de manière dégressive, en retirant une des 3 tétines disponible dans chaque box. Les jeunes sont vaccinés à partir de 2-3 semaines contre le clostridium et la pasteurellose et à 3 mois contre la fièvre Q.
Une chèvre malade est souvent une chèvre morte déclare François Lallemant. Et comme il est difficile de traiter les chèvres malades, la prévention s’impose. Chez les jeunes qui boivent beaucoup de lait, la litière peut rapidement s’humidifier. Pour l’éviter François Lallemant a remplacé les copeaux utilisés à ses débuts en dessous de la paille par 10 à 15 cm de pellets. Il ne faut pas en mettre plus car ça gonfle précise-t-il. Un désinfectant est aussi utilisé dans la litière. La paille est renouvelée tous les 2 jours tant chez les jeunes que chez les chèvres (en alternance, 1 jour chez les jeunes, le lendemain chez les mères). Les litières des jeunes sont complètement nettoyées toutes les 3 semaines.
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Bonnes performances laitières
Après la mise-bas, le colostrum des mères est donné aux boucs. Elles rejoignent ensuite le troupeau des chèvres en lactation longue. La production laitière des chèvres est élevée: 3,5 l en moyenne par jour à 4,2% MG et 3,65% de protéine. Tout le lait est livré chez Chèvres Ardennes, 2 fois par semaine. La traite est effectuée deux fois par jour dans un carrousel de traite de 48 places, avec décrochage automatique. Il faut 1h30 à l’éleveur pour traire toutes ses chèvres. Des caméras de surveillance sont installées sur le parcours à suivre et les images vidéo sont projetées sur un écran près du poste de traite. Les chèvres sont conduites dans la salle d’attente à l’entrée du carrousel. Un «chien électrique» permet de regrouper les animaux. Il s’agit d’une barrière électrifiée qui avance au fur et à mesure de l’avancement de la traite. Les chèvres entrent une à une dans le carrousel et après un tour, quand la traite est finie, elles regagnent leur loge.
Côté alimentation, les chèvres reçoivent matin et soir de l’ensilage d’herbe et 2 fois 800 gr de concentré (18 de protéine) par jour. Le concentré est distribué avec un bac distributeur et le fourrage à l’aide d’une dérouleuse. Des minéraux sont aussi distribués à la main.
Comme la traite a démarré il y a un an et demi à peine, l’éleveur ne dispose encore que des chiffres d’une année de production. Mais ces premiers résultats semblent très encourageants et de bonne augure pour la poursuite de ses activités.