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Rapport périodique de benchmarking: comprendre et utiliser au mieux les données afin de réduire au mieux sa consommation d’antibiotiques

Les pouvoirs publics fédéraux et les secteurs concernés se sont engagés à réduire de 50 % la consommation totale d’antibiotiques chez les animaux d’ici 2020. Deux années seulement nous séparent de cette échéance et pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire de fournir des efforts supplémentaires.

Temps de lecture : 7 min

L es éleveurs de porcs, de volaille et de veaux de boucherie ont un atout non négligeable : ils ont déjà reçu un ou plusieurs rapports périodiques de benchmarking de l’utilisation d’antibiotiques dans leur exploitation. Cet outil, qui permet à chaque éleveur de se situer en termes d’usage d’antibiotiques par rapport au reste des autres exploitants, est opportun en vue de réduire ladite consommation de manière ciblée.

Une vue d’ensemble sur 1 an

Un rapport périodique de benchmarking donne une vue d’ensemble de la consommation d’antibiotiques dans un élevage sur une période d’un an.

Le taux d’utilisation d’antibiotiques est exprimé à l’aide de la valeur BD100, c’est-à-dire du nombre de jours sur 100 pendant lesquels un animal dans l’exploitation a été traité avec un antibiotique. Les exploitants qui élèvent différentes espèces animales reçoivent un rapport différencié pour chacune d’entre elles. Il en va de même pour les différentes catégories d’animaux au sein d’une même espèce.

Se comparer aux autres éleveurs

La moyenne des valeurs BD100 mensuelles des 12 mois de la période évaluée situera l’éleveur parmi les faibles utilisateurs, les utilisateurs à surveiller ou les gros utilisateurs. Un graphique indique la position du taux d’utilisation moyen par rapport à deux valeurs limite. Si celui-ci se situe au-dessus de la valeur limite supérieure, soit la zone rouge ou zone d’action, l’éleveur est alors considéré comme gros consommateur pour la catégorie animale concernée. Si sa valeur moyenne se situe sous la valeur limite inférieure, dans la zone verte ou sûre, il est considéré comme utilisateur faible pour la catégorie animale évaluée. Les éleveurs à surveiller ont une valeur BD100 moyenne comprise entre les deux valeurs limite et se situent dans la zone jaune.

Un graphique montrant l’évolution de la consommation au cours de la période évaluée accompagne toujours le rapport ( Cf. Graphique 1 ). Il permet de se rendre compte à quel moment les problèmes ont surgi, et si nécessaire, d’ajuster de manière plus ciblée l’usage desdits médicaments.

Graphique 1. Répartition de l’usage d’antibiotiques au cours des 12 mois de la période de benchmarking. On peut déduire de la consommation exceptionnellement élevée d’antibiotiques au mois d’avril 2018 que l’exploitation a connu vers cette période un problème sanitaire.
Graphique 1. Répartition de l’usage d’antibiotiques au cours des 12 mois de la période de benchmarking. On peut déduire de la consommation exceptionnellement élevée d’antibiotiques au mois d’avril 2018 que l’exploitation a connu vers cette période un problème sanitaire.

Un troisième graphique illustre l’évolution depuis les rapports précédents de la valeur moyenne de BD100 par rapport aux valeurs limite. Celui-ci permet d’estimer la durabilité de la politique d’usage des antibiotiques dans l’exploitation. Se situer de manière durable dans la zone verte est donc l’idéal.

Des valeurs limites dynamiques

Les valeurs limites n’ont pas été choisies par hasard. La collecte et l’analyse des données d’utilisation des antibiotiques propres à chaque exploitation sont une initiative relativement neuve, certainement pour la volaille et les bovins. Dès lors, comment savoir quand l’utilisation d’antibiotiques doit être considérée comme élevée ou non ? Deux étapes sont importantes.

Dans une première phase, on recherche, lors de chaque nouveau rapport, le taux d’utilisation moyen au-dessus duquel se situent 10 % de l’ensemble des exploitations. Cette valeur détermine la valeur limite supérieure. La valeur BD100 moyenne en dessous de laquelle 50 % de toutes les exploitations se situent constitue la valeur limite inférieure. Cette méthode entraîne une modification des valeurs limite lors de chaque nouveau rapport de benchmarking. De telles valeurs « dynamiques » offrent le précieux avantage d’à la fois montrer l’évolution de l’ensemble du secteur et d’identifier de manière réaliste les exploitations faisant le plus grand usage d’antibiotiques.

Par contre, avec cette méthode, les éleveurs ne savent jamais bien où leur consommation les situera dans le prochain rapport. C’est pourquoi, dans un second temps, on passe de « valeurs limite dynamiques » à des « valeurs limite d’intervalle ». Celles-ci sont conservées pendant une plus longue période. La durée de cette période dépend de l’utilisation globale d’antibiotiques dans le secteur pour lequel « l’étude du marché » est effectuée, de l’utilisation d’antibiotiques dans les autres catégories animales et des valeurs limite dynamiques inférieure et supérieure elles-mêmes.

On ne passe à des valeurs limite d’intervalle que lorsqu’on a une vision suffisamment claire de l’évolution de l’usage desdits médicaments dans un secteur. On peut alors choisir des valeurs limites ambitieuses mais réalistes. L’année dernière, des valeurs d’intervalle pour le secteur porcin ont pu être fixées, en concertation avec celui-ci, l’Amcra (Centre de connaissances concernant l’utilisation des antibiotiques et l’antibiorésistance chez les animaux) et les pouvoirs publics. Pour la volaille et les veaux de boucherie, il est encore trop tôt.

Passer dans la zone verte et s’y maintenir

Les gros utilisateurs et ceux à surveiller doivent fournir les efforts nécessaires pour parvenir à une consommation faible et s’y maintenir. Calculer la valeur BD100 moyenne d’une période s’étalant sur 12 mois, c’est favoriser la durabilité. Sans prendre de mesures fondamentales, il n’est donc pas suffisant d’essayer d’utiliser très peu d’antibiotiques pendant quelques mois après une grosse consommation d’antibiotiques. Si les problèmes à l’origine de cet usage intensif ne sont pas résolus de manière durable, l’éleveur risque de rapidement retomber dans ses travers, et le bénéfice des quelques « bons mois » sera gommé. L’inverse est également vrai : l’impact d’une utilisation accrue d’antibiotiques due à l’apparition accidentelle de problèmes sera atténué.

Les gros consommateurs se caractérisent en effet par une utilisation mensuelle (très) élevée ou bien par une utilisation d’antibiotiques extrêmement importante pendant un ou plusieurs mois.

Pour réduire de manière durable la consommation d’antibiotiques, il est donc essentiel de chercher les raisons sous-jacentes à cette consommation. Le mieux ? Examiner cette question avec son vétérinaire. En outre, il n’est pas nécessaire de s’attaquer à tous les problèmes en même temps. On peut se concentrer sur les plus urgents ou sur ceux qui peuvent être le plus rapidement résolus.

Zone verte, zone sûre ?

Les faibles utilisateurs se situent dans la zone verte et en principe ils ne doivent entreprendre aucune action particulière pour réduire leur consommation d’antibiotiques. Cela ne signifie pas pour autant que celle-ci ne puisse pas être optimisée.

La récurrence de taux similaires d’utilisation d’antibiotiques pourrait par exemple indiquer qu’ils sont administrés à titre préventif ( Cf Graphique 2 ).

Graphique 2. Exemple d‘un schéma d’utilisation où l’on retrouve presque chaque mois le même BD
100
. Un tel schéma peut indiquer une utilisation préventive des antibiotiques.
Graphique 2. Exemple d‘un schéma d’utilisation où l’on retrouve presque chaque mois le même BD 100 . Un tel schéma peut indiquer une utilisation préventive des antibiotiques.

La prévention des maladies doit s’effectuer par d’autres mesures de gestion sanitaire que l’administration d’antibiotiques, comme la vaccination, l’amélioration de la biosécurité, la diminution du stress, etc. Cette approche vaut pour tous les utilisateurs, faibles, à surveiller et gros !

Évaluer qualitativement sa consommation

L’exemple ci-dessus montre qu’un rapport périodique procure également des informations sur la « qualité » de l’utilisation d’antibiotiques. Il contient également une rubrique spécifique consacrée à « l’analyse qualitative ». L’éleveur y trouvera comment se répartissent les antibiotiques qu’il utilise en fonction de leur code couleur d’AMCRA (jaune, orange, rouge).L’objectif est d’utiliser un minimum de produits rouges, et de préférer des produits jaunes au groupe orange.

Le rapport informe également sur les modes d’administration des antibiotiques utilisés dans l’exploitation. La voie orale chez les porcs et les veaux de boucherie (de même que les prémélanges médicamenteux pour les porcs ) est en effet souvent signe de traitements de groupe, et souvent de grands groupes. Or, le traitement curatif ou métaphylactique des maladies doit autant que possible s’effectuer au niveau d’un animal individuel, ou du plus petit groupe possible, et le traitement préventif doit être par principe évité.

Enfin, chaque rapport présente un tableau reprenant toutes les notifications d’utilisation d’antibiotiques dans une exploitation, avec le nombre d’emballages, le nombre de kilos de prémélange et le BD100 de chaque notification. Cela permet une vision très précise des produits utilisés, du moment de leur utilisation et de relier éventuellement l’administration d’antibiotiques à un problème particulier.

D’après l’Amcra

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