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Confrontation européenne Holstein: la génétique laitière est toujours à l’heure suisse

Quelle ambiance ! Quel niveau génétique incroyable ! Les 12 et 13 avril, l’histoire de la Confrontation Holstein s’est inscrite à Libramont. Un événement suivi par des milliers d’internationaux que ce soit depuis le chapiteau événementiel ou en livestream, derrière leur écran. Mis à part les basses températures, l’événement ne pouvait mieux se dérouler. Le partenariat entre la Foire de Libramont et l’Association Wallone de l’élevage a permis à la Belgique – et en particulier à la Wallonie – de se placer sur l’échiquier laitier international.

Temps de lecture : 9 min

Si le public s’attendait à grande fête, c’est Philippe Le Jeune Junior, ou Pilou, un animateur professionnel du saut d’obstacles qui était à la baguette. Bien que ce soit sa première fois dans un championnat bovin, il réussit à dynamiser les différentes délégations et à susciter les émotions aux moments opportuns.

Le Showmanship

Dans la matinée du vendredi et du samedi, les jeunes éleveurs de 19 pays ont pu se mesurer tant sur leur capacité à clipper qu’à présenter leurs animaux. Selon leur âge, ils ont été divisés en 2 groupes : junior et senior. Chiel Goesten, des Pays-Bas, s’adjuge la catégorie junior. Maria Sole Opicci, venue d’Italie, se distingue chez les seniors. Notons que chaque pays avait envoyé 2 participants. En tant que pays, les Pays-Bas enlèvent le titre de meilleure nation pour le Showmanship.

En Red Holstein

Chez les rouges, le Suisse Markus Gerber a la lourde tâche d’officier en tant que juge. D’autant plus difficile qu’il ne peut mettre tous ses compatriotes à la première place à chaque fois. Il ne s’est donc pas fait que des amis dans la délégation helvétique. La concurrence n’était pas tant entre pays, mais bien à l’intérieur de la Suisse et ce fut clairement un sujet très sensible.

Dans la première série, cette pression n’est pas encore présente. C’est une laitière luxembourgeoise de taille moyenne bien balancée qui devance tout le monde : Snowred (p. Koe Petisso) d’Antimonium Holsteins. Aiko 1445 de Drouner Holsteins (Pays-Bas) a le meilleur pis.

Dès la deuxième série, la Suisse domine les débats. Avec un type très laitier, Ptit Coeur Barbalala (de Blondin Lotus) de Roger Frossard s’impose grâce à son pis d’une régularité phénoménale. Elle précède Nena, une fille équilibrée d’Armani, d’Erhard et Marc Junker.

Dans chaque championnat, les 2 premières de chaque série reviennent sur le ring. Pour la première catégorie, le titre est immédiatement revendiqué par les Suisses de la deuxième série.

Chez les seniors, 2 séries sont également annoncées. La domination de la Suisse se poursuit.

Dans une première série, pas moins de 3 filles Armani occupent les premières places. Si les 2 premières sont particulièrement proches, c’est Plattery Brook, de Christian Menoud, qui décroche le prix grâce à davantage d’ouverture, un placement parfait des trayons et un meilleur travail des jambes que Mattenhof Sayuri de Gobeli Holstein, 2e.

Dans la série suivante, il était impossible de manquer la blanche et très profonde Pasteque (P. M. Savage), de Roger Frossard. Elle enlève un nouveau premier prix. Dans son sillage, on retrouve la grande Gen-I Beq Inaika (p. Detox) de l’EARL Lepoint (France).

Dans le championnat des seniors, Pasteque survole clairement les débats. Brook est quant à elle élue championne réserve.

S’en est suivi le superchampionnat ou seule la Suisse est représentée. Pasteque y devance de nouveau Brook. Barbalala est quant à elle élue mention honorable. L’éleveur Frossard remporte ainsi le plus grand nombre de prix lors de cette première journée.

De gauche à droite, Pastèque, grande championne Red Holstein à Roger Frossard (Suisse) et Plattery Armani Brook , championne réserve, à Christian Menoud (Suisse).
De gauche à droite, Pastèque, grande championne Red Holstein à Roger Frossard (Suisse) et Plattery Armani Brook , championne réserve, à Christian Menoud (Suisse). - P-Y L.

Et les Belges en cette première journée ?

Les Belges ont délégué 3 juniors. Rosalie RBH d’Emmanuel Boutry termine quatrième de la première série. S.A.S. Ashley de Hautmont Hill, de Nicolas Goffaux et Jean-Louis Neuville, se classe également quatrième place de la seconde série. La grande Annelies 8, de Mieke Vander Schueren et Regina De Smet, termine septième de cette même série.

Lots par pays

Vu la domination des Suisses dans les séries individuelles, il n’est pas surprenant de voir le pays remporter la Coupe des Nations. Ce qui l’était par contre : l’Allemagne s’est tiré une balle dans le pied en disqualifiant l’une de ses meilleures vaches. Le pays ayant la deuxième plus grande population de Red Holstein n’a pu participer à cette coupe pour la première fois de son histoire. La Belgique n’a malheureusement pas été en mesure de former un groupe. La Suisse (3 points) devance donc la France (5 points), les Pays Bas (7 points) et l’Italie (9 points).

En Pie Noir

Précis et concis, le Britannique Mark Nutsford a bien tenu son rôle de juge pour le concours des noires. Une journée pleine qui reste le plus beau jour de sa carrière de juge.

Parmi les 3 séries de génisses vêlées (catégorie junior), le poids de la Suisse se fait encore sentir.

Dans la première série, c’est Ptit Coeur Maniola (p. Unix), de Roger Frossard, qui devance, grâce à un peu plus de fondeur, la championne nationale suisse des génisses C P P Tchoupette (p. High Octane), de Curaat, Papaux et E&O Duspasquier.

Dans la deuxième série, une Suisse est de nouveau en avant-plan : l’impitoyable Comestar O’Katrysha (p. Doorman) de Kurt Willman, disposant d’un pis solide incroyable.

La troisième série a été remportée de façon quelque peu surprenante par la Néerlandaise Bolleholster Adèle, la lourde fille de Pitbull, de Van der Eijk Holsteins. Son entrejambe et son long pis sont tout simplement phénoménaux. Dans le championnat de cette catégorie d’âge, le titre a été remporté par O’Katrysha qui précède Maniola.

Chez les jeunes vaches (catégorie intermédiaire), 3 séries sont en lices. Et, pour une fois, pas de trace de la Suisse.

Dans la première série, l’animal ayant le meilleur pis qu’il nous ait été possible de voir à Libramont est apparu : Dotti 1st Magie Noir, d’Errara Holstein (Italie).

Dans la série suivante, c’est Talentueuse de Grandcourt (p. Goldday), de Guy et Florence Jonette et Claire Bouvy, qui enlève l’or. Une surprise aussi belle qu’inespérée suivie d’une célébration intense pour les Belges, tant les supporters savent qu’il est peu probable qu’il y en ait d’autres. L’animateur a pour l’occasion pu sortir de sa réserve et faire preuve d’un chauvinisme bienvenu. Quand on laisse derrière soi Loh Alessia (v. Armani), la championne du Schau der Besten, cela montre le talent dont on dispose chez nous. Sa symétrie, sa ligne arrière, sa longueur et sa belle mamelle… elle est d’un niveau exceptionnel. Cerise sur le gâteau, la grande Maximisée de Bois Seigneur (p. Maximus), d’Eddy et Jonas Pussemier, arrive à la 3e place… Un moment important pour la Belgique dans cette confrontation.

La troisième série est facilement remportée par M.E. Dandy (p. Long-P) d’Errara Holsteins (Italie). Quel pis ! La veille au soir, elle a été vendue 19.000 € au Luxembourgeois Joe Schweigen. Errara Holstein a également eu le deuxième prix avec le Dolly acheté en Autriche (p. Ladd-P).

Au championnat, c’est Dandy qui s’adjuge le titre devant Talentueuse. La performance Belge est tout simplement inattendue ! Le commentateur se laissant aller dans un « Waar is da feestje ? Hier is da feestje ! », dans une ambiance très « Diables Rouges ».

Un niveau mondial

En passant dans la catégorie senior qui reprend 4 séries de vaches adultes brillantes, on franchit clairement un nouveau cap en termes de qualité !

Dans la première série, la longue et ouverte Riverdane Ashlyns Ashlyns Gold (p. Gold Chip) de J&L Wilson et Evening Hill Farm s’impose. Le jury a bien hésité un moment parce qu’il l’a lui-même élevé et qu’il est donc difficile de ne pas se voir critiqué.

La seconde série est la plus compliquée. Constituée de nombreuses championnes, elle est agréable à suivre du début à la fin. La grande gagnante de la Swiss Expo, Sunibelle Esprit (p ; Dempsey) du syndicat Von Kanel, Soudan, Jones (Irl), Conroy (VS), Agriber (It) et Serrabassa (Esp) est arrivée première. La suit de près : HHH Bons-Holsteins Koba 219 (p. Lautority) de Nico Bons (NL).

Dans la troisième série, c’est Du Rahon Heline, (p. Chelios), de Junker Staub et Al.Be.Ro (Italie), élevée en France et venant de Suisse qui se distingue. Quelle peau soyeuse, l’arrière pis est incroyablement large et haut, avec un grand ligament suspenseur du piset un placement des trayons parfaits.

Dans la 4e série, la française Gourmande (p. Jayz), du Gaec du Tombuy, de taille moyenne mais irréprochable devance tout le monde. Quand on sait qu’elle n’a jamais rien gagné auparavant et que l’année dernière, elle n’a terminé que dixième de sa classe au SIA de Paris, on peut parler de belle surprise et de maturité tardive. Sa seconde n’est autre que la plus célèbre d’Allemagne, une vache de treize ans et de loin la plus âgée de l’événement : Lady Gaga, de Henrik Wille et Friedrich Köster. Avant son arrivée, les organisateurs lui ont réservé un véritable hommage, un moment émouvant qui a laissé son propriétaire, toujours très éloquent, sans voix. Elle a été honorée pour ses réalisations exceptionnelles.

Le championnat des seniors fut à la hauteur des espérances. C’est finalement Heline, qui grâce à son pis et à son style est jugée plus séduisante qu’Esprit.

Place ensuite à l’apothéose de la journée : l’élection de la grande championne. Le suspense est de courte durée tant il semble évident qu’Héline est intouchable. Esprit est désignée sa réserve et O’Katrysha mention honorable.

De droite à gauche, Du Rahon Heline, (p. Chelios), grande championne (Suisse)  et sa réserve Sunibelle Dempsey Esprit (Suisse).
De droite à gauche, Du Rahon Heline, (p. Chelios), grande championne (Suisse) et sa réserve Sunibelle Dempsey Esprit (Suisse). - P-Y L.

Quid des autres belges ?

Dans la deuxième série des génisses, pas moins de 4 animaux issus d’élevage belges sont en lice. Chiquitta des Grands Sart, à Guy Dumez, termine sixième, Liann Ten Ruysschaert, à Geert Mazereel, septième, Dorline de la Garde-Dieu, à Luc Piron, huitième et Delicieuse des Grands Trix, à l’Herbagère, neuvième.

Parmi les jeunes vaches, la championne et la réserve d’Agriflanders sont entrées en action dans la même série. Elles ont simplement échangé leur place puisque cette fois-ci Octane Alana, à Van Hoof-Boonen Holsteins LV précède Lilac Hilltop Holsteins, à Filip Maelfait. Elles sont respectivement neuvième et dixième de leur groupe.

Chez les seniors, Jeanette de L’Herbagère, à la famille Moureaux, s’empare de la neuvième place. Dans une autre série, nous avons vu Hay River de l’Espérance, à Ludovic Feys et Rémy Colpaert terminer en sixième position avec dans son sillage Romana de la Garde-Dieu, à Luc Piron.

Le lot Suisse encore devant

Lors de la coupe des nations, on retrouve les 4 mêmes participants qu’en Red Holstein aux mêmes positions. La Suisse est donc devant, l’Allemagne fait quant à elle toujours figure de grand absent. Elle a estimé qu’elle ne pouvait pas former de groupe valable. Les Pays-Bas, quant à eux, se sont surpassés et vivent dans l’euphorie. La Belgique a fait ce qu’elle a pu et a fait une prestation honorable.

La Suisse devance la France (13 points), les Pays-Bas (22 points), l’Italie (24 points), l’Espagne (26 points). La Belgique termine 6e avec 39 points. Le Luxembourg et la République Tchèque ferment la marche avec respectivement 41 et 49 points.

Le lot Suisse s’impose sans surprise dans la coupe des nations.
Le lot Suisse s’impose sans surprise dans la coupe des nations. - P-Y L.

À dans 3 ans en… ?

L’organisation mérite toutes les éloges. L’ambiance était excellente et les Canadiens présents ne pouvaient rêver meilleur show.

On ne sait pas encore où se tiendra la prochaine édition. L’Italie envisage de poser sa candidature, mais le président du stud-book wallon, Eddy Pussemier, rêve de faire de Libramont la Madison de Toronto – lisez le World Dairy Show – en Europe. Ce qui pour nous, Belges, nous convient totalement.

D’après un commentaire

d’Eric Lievens

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