Découverte du métier de tisanière: «Simple et Sauvage»,les tisanes artisanales gaumaises
« Léger comme une plume », « Lendemain de veille » ou encore « La boisson du centenaire », voici quelques-unes des tisanes créées par Marie-Hélène Zinque dans le joli village de Torgny aussi appelé « la petite Provence ». Composées de plantes cultivées et sauvages, les tisanes sont faites artisanalement à partir de ressources 100 % locales. Tout le travail est réalisé à la main, depuis la graine jusqu’à la mise en sachet, en passant par la récolte et le séchage des plantes.
Bio-ingénieur passionnée par la nature, c’est à la suite d’une formation d’herboristerie à Arlon que Marie-Hélène Zinque franchit le pas d’acheter un terrain de 45 ares à Torgny pour lancer son activité de tisanière au printemps 2017. L’idée est de permettre aux consommateurs de se soigner de façon naturelle en utilisant des ressources locales. Sa gamme de 6 tisanes actuellement commercialisée est composée d’une dizaine de plantes sauvages (aubépine, sureau, ortie, feuilles de bouleau, etc.) et d’une vingtaine de plantes cultivées (mauve, mélisse, bleuet, sarriette, menthe, thym, etc.).
Travailler en harmonie avec la nature
Allier productivité et respect de la faune et de la flore sauvage fait partie des ambitions que Marie-Hélène essaye de réaliser sur son terrain. Ainsi une mare, des zones de fauches tardives et des tas de bois sont aménagés sur le lieu pour permettre l’épanouissement de la vie sauvage. Une dizaine d’ares sont actuellement consacrés à la culture de plantes médicinales et aromatiques et ce en partie sur buttes de culture. Marie-Hélène réalise elle-même tous ses semis via des graines des entreprises Semailles et Cycle-En-Terre ou via des graines récoltées directement sur des plantes sauvages. Plusieurs vivaces (fenouil, agastache, origan, etc.) commencent à s’implanter durablement sur le terrain, ce qui allège petit à petit ce travail de pépinière.
Un travail artisanal de longue haleine
De mai à juillet, deux à trois jours de travail par semaine sont consacrés à la cueillette des plantes sauvages. La connaissance des « bons coins » de la région est un atout de poids pour faciliter ce travail très chronophage. Les feuilles et les fleurs cueillies sont ensuite placées chaque matin par Marie-Hélène dans un séchoir et doivent y rester quelques jours dans une atmosphère bien ventilée où la température tourne autour des 25 degrés.
En 2018 c’est environ 100 kg de matière sèche qui ont été récoltées par Marie-Hélène sur son terrain et dans la nature. Vient ensuite le temps de l’assemblage qui demande à Marie-Hélène de peser les différents composants de ses 6 tisanes avant de les mélanger, de les ensacher et de les étiqueter, le tout à la main. Les sachets de 20 g de tisane sont actuellement vendus 6,5 euros et sont écoulés via des marchés, des épiceries de produits locaux, des restaurants et lors de marchés de noël un peu partout en Wallonie et à Bruxelles.
L’art de l’assemblage
Des projets pour pérenniser l’activité
Actuellement accompagnée par une couveuse d’entreprise, Marie-Hélène pense aux différentes options pour pérenniser son activité. Tout d’abord en diversifiant sa production via la transformation de plantes aromatiques en vinaigres et sels aromatisés. Ensuite en rendant son travail le plus efficient possible en construisant un atelier directement sur son terrain pour le séchage et la transformation des plantes médicinales. Des petits fruits sont également implantés sur l’exploitation et seront incorporés séchés aux tisanes pour les rendre encore plus attrayantes pour les clients. Pourquoi ne pas vendre également des fleurs comestibles aux restaurateurs de la région ? Des idées plein la tête donc, mais toujours dans un souci de respect de la faune et de la flore pour cette amoureuse de la nature.
La tisane, simple boisson désaltérante?
Aux yeux de la loi, le seul intérêt reconnu des tisanes est leur goût. Il existe dès lors une liste des allégations que les tisaniers peuvent employer pour décrire leurs produits, par exemple « tisane apaisante ». Pas question de parler d’un usage médical sur l’étiquette ou encore de prodiguer des conseils médicaux aux clients.
Pour le reste, Marie-Hélène respecte les espèces protégées (comme le bleuet sauvage qu’on retrouve de plus en plus rarement dans les champs) et les zones où la cueillette est interdite ou réglementée.
Les tisaniers souhaitant être certifiés bio doivent également notifier leurs zones de cueillette.