Accueil Bovins

L’Eye Breed pour apporter de l’efficacitééconomique dans l’acte de reproduction

L’Eye Breed, une innovation développée par Elexinn et commercialisée par Axce, a reçu une troisième étoile, synonyme de coup de cœur de jury, lors de la cérémonie des Innov’Space à Rennes. Le dispositif permet à l’éleveur de maîtriser le geste d’insémination en quelques heures, sans fouille rectale, dans le respect le plus strict des animaux.

Temps de lecture : 5 min

« Conçu par des coopératives d’éleveurs, pour les éleveurs, l’Eye Breed repose sur trois constats : le besoin d’indépendance des éleveurs, l’émergence du monitoring et le bien-être animal », explique Olivier Darasse, directeur d’Elexinn, une start-up française œuvrant dans la biotechnologie et la reproduction animale mise en place par deux coopératives d’éleveurs (Cecna et XR Repro) et avec qui l’awé groupe est devenu actionnaire.

Indépendance, monitoring et bien-être animal

Pour la firme, l’éleveur souhaite retrouver de l’autonomie dans son métier, dans ses actes au quotidien dont notamment lors de l’insémination, tant au niveau du timing de l’insémination que des choix génétiques.

Au-delà d’une certaine taille de structure, des économies d’échelle peuvent également être réalisées par les éleveurs qui choisissent d’inséminer eux-mêmes. Cette évolution engendre nécessairement une adaptation de leur environnement au travers de nouveaux services de formation à l’insémination, ou d’innovations technologiques leur permettant d’accéder plus facilement à ce geste technique.

Le passage à la maîtrise de l’insémination s’inscrit également dans un contexte de montée en puissance des outils de monitoring qui leur permettent en parallèle de se dégager d’un travail d’observation des animaux lors de phases telles que la détection des chaleurs ou des vêlages.

Autant de temps libéré et de données accumulées qui leur permet d’être plus disponibles pour maîtriser davantage la reproduction de leurs troupeaux dans le respect de leurs animaux.

La volonté d’intervenir eux-mêmes est également motivée par l’importance grandissante de la notion de bien-être des animaux. La demande de transparence du consommateur final les pousse aujourd’hui à vouloir inséminer l’animal au moment le plus adéquat pour lui et le plus rapidement possible, sans avoir à le bloquer longtemps.

Deux verrous techniques à lever

Agathe Decherf, ingénieure responsable du développement du projet chez Elexinn : « C’est le premier dispositif qui permet de s’affranchir de la fouille rectale, et qui permet de rebattre la vision qu’on a de l’insémination. »

Et pour s’en affranchir, des moyens techniques étaient nécessaires afin d’effectuer les mêmes mouvements au col de l’utérus que ce qui était fait précédemment. Ces difficultés ont été levées grâce à une caméra et une pompe à vide intégrées au pistolet. Les images sont retransmises en direct sur le smartphone de l’éleveur.

La caméra permet de localiser l’entrée du col et de cibler l’entrée de la flore épanouie. Une fois en place, la création d’un vide en continu va permettre de s’agripper au col pour déplacer le 1er anneau et ainsi pouvoir faire passer la dose. C’est une pompe, portée au niveau de la ceinture de l’opérateur, qui permet d’activer l’aspiration au niveau de l’appareil.

Le kit comporte une série d’accessoires qui permet de faciliter les gestes d’insémination par le biais de ce nouveau dispositif. tant au niveau du porte smartphone qui va permettre à l’opérateur d’avoir une image en direct pour savoir où il évolue que du système de consommable présent dans la box pour avoir un niveau sanitaire optimal au cours de l’opération.

7 années de recherches

La technologie est le fruit de 7 années de travail durant lesquels la firme a dû valider différentes étapes. Des tests comparatifs ont été réalisés en élevage entre 2016 et 2017 afin de comparer des résultats de gestation en insémination classique avec ceux liés à l’utilisation du dispositif. Les performances observées : le taux de franchissement du col et la réussite de gestation. « Au cours de ces essais, les chercheurs ont travaillé sur une centaine d’animaux. Le niveau de performance atteint est de 90 % de col franchi aujourd’hui. Et c’est encore en train de s’améliorer au travers de l’expertise que l’on acquiert », explique la responsable du projet.

Quant au taux de gestation, il est actuellement étudié dans une quinzaine d’élevages pour près de 1.000 animaux de races différentes : 320 en holstein, 140 en blonde d’Aquitaine, 290 en montbéliardes, 90 en Blanc-bleu belge et 260 en charolaises. « Le taux de gestation est similaire à celui que l’on observe dans les différentes races en insémination classique. Il n’est pas supérieur car la semence est déposée au même endroit qu’en classique ».

Pour l’utiliser, une formation de 4h est suffisante pour rendre l’insémination accessible a des personnes qui n’ont pas toutes les connaissances liées à l’insémination.

Autre avantage du dispositif qui ouvre une perspective et une diversification énorme pour son utilisation future : l’insémination connectée ! En recevant les images de l’utérus en temps réel sur son smartphone, la technologie collecte un certain nombre de données qui pourront être demain corrélées à d’autres indicateurs liés à la reproduction animale.

Rendre l’insémination intelligente

Olivier Darasse : « Demain, les données accumulées par cette technologie vont rendre l’insémination intelligente. Nous allons pouvoir décongeler la dose avec une plus grande certitude de réussite. De nouveaux services pourront être associés à ce dispositif pour assurer de meilleurs suivis de reproduction. »

A lire aussi en Bovins

Colruyt paiera encore plus cher sa viande de bœuf

Bovins Colruyt augmente à nouveau le prix d’achat des carcasses de bœuf, après avoir déjà fait un geste à la mi-février. «Il est clair que le secteur de la viande bovine est durement touché aujourd’hui», a déclaré Gunter Uyttenhove, directeur de Fine Food chez Colruyt Group.
Voir plus d'articles