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Pour une production abondante, taillez aussi vos petits fruitiers

Précédemment (lire notre édition du 9 janvier), nous avons abordé quelques données générales et la taille des pommiers et poiriers. Cette semaine, c’est au tour des espèces à noyau et des petits fruits ligneux, dont les opérations de taille sont tout aussi importantes.

Temps de lecture : 7 min

Souvent, les petits fruits sont les « mal-aimés » du jardin : par exemple plantés dans un espace mal éclairé, sous la frondaison de grands arbres ou au Nord d’une construction. Et avec un enherbement qui concurrence leurs racines. Pourtant, la qualité des fruits à noyau et des petits fruits venant du jardin est meilleure que celle des fruits du commerce, cueillis trop tôt en raison de leur fragilité.

La taille des cerisiers, pruniers et pêchers

Il existe une différence fondamentale dans la structure des boutons entre les fruits à pépins et les fruits à noyau. Chez les premiers, les boutons contiennent une série de feuilles formant une rosette qui entoure l’inflorescence ; par la suite, les yeux situés à l’aisselle de ces feuilles peuvent donner naissance à des pousses. Par contre, chez les fruits à noyau, les boutons ne contiennent que des ébauches de fleurs. Après floraison et fructification, aucune végétation ne se forme à cet endroit. Ceci explique le dégarnissement des rameaux, typique chez les griottiers.

Le mode de conduite le mieux adapté aux espèces à noyau est incontestablement la forme en buisson avec un axe central, dont la ramure a une forme ovoïde. On débute la taille en enlevant le bois d’un an vertical, puis on s’intéresse aux rameaux fructifères. Alors que chez les fruits à pépins, il est facile de distinguer les yeux (globuleux) des boutons (effilés), ce n’est pas le cas chez les cerisiers et les pruniers, sauf en toute fin d’hiver. Cela est plus facile chez les pêchers et les abricotiers.

Chez les cerisiers à fruits doux, les rameaux de bonne vigueur ne comportent que quelques rares boutons. Sur ces rameaux laissés intacts, les yeux forment chacun une rosette de feuilles qui se termine par un œil, et à l’aisselle de chaque feuille se forme un bouton : ce sont les « bouquets de mai », organes fructifères typiques de cette espèce (voir figure 1 ). Ils peuvent rester vivants plusieurs années, en s’allongeant chaque année d’un centimètre. Après quelques années on pourra enlever quelques bouquets de mai parmi les plus âgés, mais toujours avec modération.

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Les griottiers ont une ramure buissonnante dense caractérisée par la présence de nombreuses brindilles fines dont seule l’extrémité comporte quelques boutons et un œil terminal, avec parfois un œil juste en dessous des boutons. L’année suivante, l’œil terminal donne une pousse de 10-15 cm garnie de boutons et ainsi de suite tant que l’œil reste vivant. Occasionnellement, l’œil basal évoluera en une ramification.

La taille hivernale des griottiers consiste à enlever chaque année une partie de ces longs rameaux afin d’amener de la lumière dans la ramure et stimuler ainsi le développement de nouvelles pousses.

Les pêchers ont une ramure buissonnante vigoureuse, bien ramifiée. Souvent, sur les rameaux d’un an vigoureux, on observe la présence de rameaux anticipés porteurs de boutons ; ils seront conservés si leur implantation est latérale. Une autre particularité des pêchers est la transformation en boutons des yeux stipulaires présents de part et d’autre d’un œil.

Les pêchers n’apprécient pas notre climat froid et humide, qui se traduit par des mortalités de nombreuses branches. Certains ouvrages conseillent de pratiquer sur les pêchers la « taille en crochet » (voir figure 2), une technique que l’on peut avantageusement remplacer par la « taille longue » (voir figure 3) qui est beaucoup plus simple.

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La taille des groseilliers à grappes

Les groseilliers à grappes fructifient comme les pruniers et les cerisiers : le bois d’un vigoureux ne comporte que quelques boutons ; ce sont les courtes ramifications semblables à des bouquets de mai qui donnent les récoltes les plus abondantes. Elles sont nombreuses si on effectue une taille d’été dans le bois de l’année (voir figure 4 ). Il n’y a pas de risque de dégarnissement comme chez les fruits à noyau. Pendant l’hiver, la distinction entre yeux et boutons est difficile ; elle est plus facile lors du débourrement.

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La conduite des groseilliers à grappes peut se faire en buisson ou en haie verticale palissée. Un buisson doit comporter au maximum une dizaine de branches principales sut lesquelles on conserve les ramifications courtes, et on raccourcit celles qui sont trop longues. Le centre doit être dégagé, afin de permettre la production de nouvelles branches qui assureront un renouvellement des branches principales après quelques années. Dans la conduite en haie verticale, on maintient une, deux ou maximum trois branches, qui sont traitées comme il a été dit pour les buissons.

La taille des cassissiers

Les cassissiers donnent les plus belles récoltes (grappes plus longues et baies plus grosses) sur les rameaux d’un an de vigueur moyenne (environ 30-40 cm de long). Ils peuvent être conduits en buisson, ou en une haie qui sera plus épaisse que pour les groseilliers à grappes. Chaque plante comportera cinq ou six charpentières principales sur lesquelles on conserve le bois d’un an et on élimine le bois plus âgé qui aura porté des fruits.

Les Casseilles (croisements entre cassissiers et d’autres groseilliers) ont une très grande vigueur. Ils fructifient de la même manière que les cassissiers, mais ils demandent davantage d’espace.

La taille des groseilliers à maquereaux

La présence de nombreuses épines sur les branches complique la récolte sur des plantes conduites en buisson. Par contre, la conduite en haie verticale où chaque plante comporte une, deux ou trois branches principales facilite grandement la récolte. Comme chez les cassissiers, les plus beaux fruits se récoltent sur des rameaux de l’année précédente. Par conséquent, la taille hivernale consiste à conserver ceux-ci intacts, sauf s’ils font double emploi, et à enlever tout le bois plus âgé.

De plus, chez les variétés qui ne sont pas résistantes à l’oïdium, il faut enlever et brûler les rameaux infectés qui se reconnaissent à leur écorce blanchâtre, spécialement l’extrémité des rameaux d’un an.

La taille des framboisiers

Il existe deux groupes de framboisiers qui diffèrent par leur époque et leur mode de fructification. Pour les deux groupes, la partie vivace se situe dans le sol : ce sont des rhizomes qui émettent des pousses feuillées et fructifères verticales non ramifiées, sauf accident, appelées « cannes » qui ne vivent que deux ans.

Les framboisiers non remontants (= framboisiers de juin) fructifient sur les cannes de l’année précédente. Au printemps, les bourgeons axillaires émettent de courtes pousses feuillées qui se terminent par une inflorescence. À l’arrière-saison, les cannes se dessèchent, et entre-temps d’autres cannes sont apparues, qui assureront la fructification de l’année suivante (voir figure 5).

La taille des framboisiers non remontants consiste à éliminer toutes les cannes ramifiées, en voie de dessèchement, qui ont fructifié, et à conserver intactes un nombre suffisant de nouvelles cannes : 7 à 8 par mètre de haie. Il n’est pas nécessaire d’attendre la chute des feuilles pour effectuer cette taille : elle peut être pratiquée dès que la récolte est terminée, avec comme conséquence une meilleure croissance des nouvelles cannes conservées.

Les framboisiers remontants (= bifères ou d’automne) fructifient dès la fin de l’été sur l’extrémité des nouvelles cannes (voir figure 5). À l’arrière-saison, cette partie des cannes se dessèche et, au printemps suivant, la partie sous-jacente porte des fruits tout comme les framboisiers non remontants. Pour obtenir une abondante production d’arrière-saison, sur des cannes vigoureuses, il faut en fin d’hiver tailler toutes les cannes au ras du sol. Ce système de taille pour le moins brutal ne convient que si les caractéristiques du sol sont très favorables : idéalement un sol limoneux bien drainé. Dans un sol très humide, la longévité des plantes soumises à cette taille est courte.

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La taille des ronces et des muroises

Ces plantes sarmenteuses fleurissent et fructifient comme les framboisiers non remontants, c’est-à-dire sur les longues tiges développées l’année précédente à partir de la souche. La taille hivernale consiste donc à enlever les tiges qui viennent de fructifier et à palisser au même endroit les tiges qui vont fructifier. Les variétés non épineuses sont de loin préférables lors de la taille, et surtout de la récolte des fruits. Sur les tiges, la présence de longues taches gris clair nécrosées est la conséquence d’un gel hivernal très sévère et non d’une maladie comme on pourrait le croire.

Ir André Sansdrap

Wépion

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