La décompaction du sol est un thème sur lequel nous revenons fréquemment. Elle permet une pénétration rapide et profonde des racines des plantes maraîchères aussi bien après un semis qu’après une plantation. Mais, le travail du sol est aussi une source de dessèchement de surface. Décompacter, donc, sans foisonner : décompacter et rassoir la surface.
Dans notre maîtrise de l’enherbement, nous sommes souvent amenés à faire des faux-semis. En soi, la technique permet de réduire l’emploi d’herbicides. Mais un faux-semis entraîne aussi une perte d’eau. Entre deux maux, il faut choisir le moindre: un envahissement d’adventices s’accompagne aussi de consommation hydrique, le faux-semis reste une technique intéressante.
Pailler le sol
Le paillage du sol permet une très grande économie d’eau. La combinaison avec l’effet désherbant permet aussi une réduction significative des besoins de main-d’œuvre pour le désherbage.
Le paillage de la culture avec un voile non thermique est une technique employée couramment à quelques centaines de km plus au sud de chez nous. L’avantage est de limiter l’évaporation d’eau du sol et l’évapotranspiration des plantes pour limitation de l’effet du vent. Mais il n’y a que peu d’élévation de la température, ce qui est intéressant dès le milieu du printemps.
Le binage
Cette ancienne technique reste bien utile dans la gestion de l’eau. En rompant la capillarité, en aérant le sol et en éliminant des adventices, elle est utilisée chaque fois que possible. Les nouveautés technologiques ouvrent des espoirs grâce au pilotage automatisé, en grandes comme en petites surfaces maraîchères. L’intérêt est surtout marqué après une battance en surface, comme après un orage ou une aspersion trop violente.

Les stades clés
Dans nos conditions habituelles, la période entre le semis et la levée ou entre la plantation et la reprise a besoin d’irrigation. Les apports sont peu importants et fréquents tant que la culture n’est pas installée et en reprise.
Lorsque le déficit hydrique est marqué comme c’est le cas sur de longues périodes (comme lors des trois années antérieures), nous prévoyons aussi des arrosages durant la croissance de la culture. Les apports tiennent compte de la nature du sol et des besoins de la culture. En première approche, nous retenons des apports de 1 mm (soit 1 litre par m²) par cm de sol à irriguer pour l’aspersion. Pour l’irrigation en goutte-à-goutte, nous multiplions ce chiffre par 0,5 à 0,9 selon que les rangs sont écartés les uns des autres ou pas.
Le moment de la journée
Pour l’aspersion, nous attendons que la rosée soit bien séchée avant de commencer à irriguer le matin. Le but est de ne pas poursuivre la période d’humectation du feuillage due à la rosée par une seconde période due à l’irrigation. C’est une mesure préventive contre les maladies cryptogamiques du feuillage. Pour le goutte-à-goutte, cela a moins d’importance.
Nous pouvons aussi irriguer durant la nuit quand le système est automatique. Dans ce cas, la période d’humectation n’est pas allongée non plus puisque l’irrigation se superpose à la rosée naturelle.
Aspersion ou goutte-à-goutte ?

Mesurer les apports
Seule une longue expérience permet de se passer de mesures précises pour piloter l’irrigation. Deux types d’instruments viennent en aide :
– les tensiomètres : idéalement, nous mesurons la progression de l’humidité dans le sol grâce à deux tensiomètres positionnés à des profondeurs différentes. Le plus haut est placé pour que la cartouche sensible soit à 8 à 10 cm de profondeur lors de l’installation de la culture. Il sera ensuite descendu 15 ou 20 cm de profondeur en régime de croissance. Le second est positionné 15 à 20 cm plus bas :
– les pluviomètres : il faut au moins un appareil sur la parcelle pour estimer les apports par précipitations à tout moment. Avec l’irrigation par aspersion, la répartition des apports peut être hétérogène, il en faut donc en ajouter plusieurs pour tenir compte des recouvrements de rayons d’action des appareils, du vent, de la pression disponible, etc.
En goutte-à-goutte, un contrôle des apports par examen du profil du sol est nécessaire après creusement d’une cavité ou d’un trou de tarière.
L’irrigation et le goût des légumes
L’eau est nécessaire à la croissance, à la photosynthèse et donc à l’obtention d’une saveur et d’un parfum typique du légume.
Pour les laitues et pour les chicorées, les besoins sont de 100 % par rapport à la norme telle que nous l’envisageons dans ces colonnes lorsque nous abordons ces cultures.
Pour les choux, nous essayons d’être à 80 % des besoins théoriques pendant les 2 ou les 3 premiers mois de culture, puis nous passons à 100 % des besoins lorsque la pomme ou la fleur se forme.
Pour les tomates, les poivrons, les concombres et autres cucurbitacées, nous essayons de ne satisfaire que 80 % des besoins théoriques afin d’obtenir des légumes ayant une teneur en matière sèche un peu supérieure à la norme habituelle. Le rendement en kg sera peut-être un peu diminué, mais la saveur et le parfum y gagneront largement.