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La sécheresse printanière donne le ton pour les grandes cultures à l’entrée de l’été!

Dans sa dernière édition, le bulletin agrométéorologique du pays observe qu’au 20 juin la situation restait extrêmement sèche dans l’ensemble des régions. Il est vrai que le mois de mai dernier a été le plus sec observé depuis 1833. Des conditions qui influencent la situation aux champs.

Temps de lecture : 7 min

Nous extrayons de ce bulletin qui analyse les conditions météorologiques et culturales au cours de la saison agricole, la situation des grandes cultures à la fin de la deuxième décade de juin.

Début de moisson des escourgeons

Le Centre pilote pour les céréales et le Centre wallon de recherches agronomiques notent que la limitation de la densité de talles liée aux défauts de structure du sol a dans l’ensemble été compensée par un bon remplissage des grains (PMG) lié à l’ensoleillement généreux observé au cours du printemps. Dans les bonnes terres (notamment en Hesbaye), le rendement attendu est jugé comme bon. Dans les terres présentant un problème de structure, celui-ci devrait être logiquement moins bon mais globalement, cette année n’est pas considérée comme problématique.

Froment : le grain se remplit

À la fin de la deuxième décade de juin, le froment était déjà dans sa phase de remplissage du grain. Comme pour l’escourgeon, on a observé un plus petit nombre de talles, mais cette composante de rendement est compensée par un nombre élevé de grains par épi. Comme pour l’escourgeon, on ne s’attend pas à un mauvais rendement. Seule des températures très élevées pourraient venir noircir le tableau au travers de problèmes d’échaudage. Le Cra-w et le Cepicop indiquent qu’il faudra prendre en considération les températures élevées survenues lors de la dernière décade du mois de juin. Le risque d’échaudage apparaît cependant comme faible.

Les experts épinglent encore en froment mais aussi en épeautre, un fait un peu plus exceptionnel, à savoir l’observation localement de la jaunisse nanisante à suite de la présence de pucerons.

Pommes de terre : premiers stress hydriques très précoces

Le temps exceptionnellement sec après la plantation a empêché l’émergence dans certaines parcelles, notamment sur sols lourds (comme dans les polders). Pour faire face à ce problème, les producteurs ont dû irriguer, constatent la Fiwap, le Pca et Inagro.

Les premiers signes de stress lié au déficit hydrique ont commencé à être observés, début juin, notamment dans les zones les plus sèches (par exemple en Hesbaye sèche). Constater de tels symptômes si tôt dans la saison est relativement inédit. La pomme de terre, surtout à ce stade de développement, résiste fort heureusement relativement mieux à la sécheresse que la plupart des cultures de printemps. Dans les sols bien pourvus en matières organiques et à bonne structure, la culture avait encore des capacités de résilience.

En raison de la sécheresse précoce, la plante a dû rechercher l’eau plus profondément, de sorte que les racines se sont développées de façon plus importante rendant la culture plus résistante. On notera également que la sécheresse a compliqué la gestion des adventices. Des corrections post-émergence ont été menées. Celles-ci n’ont pas toujours été couronnées de succès.

Les producteurs pouvant irriguer ont rapidement été confrontés en Flandre à des interdictions de pompage. Les précipitations observées lors des deux premières décades de juin, notamment celles observées après la mi-juin, ont fort heureusement permis de normaliser quelque peu (et au moins) temporairement la situation.

Les premières parcelles ont commencé à fleurir au début juin. À ce moment, les rangs n’étaient souvent pas encore fermés. Les plantes étaient plus trapues et montraient une masse foliaire plus réduite. Une surface foliaire plus réduite permet à la culture de limiter l’évaporation mais signifie également une capacité de photosynthèse réduite. Il n’est pas certain que le taux de couverture du sol augmentera beaucoup.

Les tubérisations observées sont généralement un peu supérieures aux moyennes. Le risque qu’une partie de ces tubercules ne se développe finalement pas est cependant toujours bien présent. Tout va dépendre des conditions météorologiques à venir (sécheresse, chaleur).

Concernant les ravageurs, les pucerons sont bien présents dans les parcelles mais fort heureusement également les insectes parasitoïdes et prédateurs utiles à leur contrôle (principalement des syrphes et des coccinelles). Dès le début juin, les premiers doryphores adultes, puis des pontes et larves, ont été observés dans certains champs. Dans certains cas, cela a nécessité et/ ou nécessitera une application d’insecticides afin de tenter de limiter une nouvelle génération en ce mois juillet.

Certaines parcelles de maïs étaient bien développées, à la fin de la deuxième décade de juin! Une situation loin d’être représentative de toutes les cultures.
Certaines parcelles de maïs étaient bien développées, à la fin de la deuxième décade de juin! Une situation loin d’être représentative de toutes les cultures. - M. de N.

Fort contraste aussi en maïs

Les situations sont contrastées également pour le maïs. Là où les semis ont été effectués en temps opportun, la croissance s’est bien déroulée. Le sol était en effet encore assez humide et les jeunes plantes ont pu encore bénéficier d’une humidité suffisante. Cette situation, combinée avec un temps chaud, a permis aux plantes de continuer de croître.

Le scénario est un peu différent pour le maïs semé après ray-grass, expliquent le Cipf, le Centre pilote maïs et la Hooibeekhoeve. En fonction de l’importance de la coupe, du travail du sol, de la rapidité avec laquelle le semis a été effectué après la coupe et de la technique de semis, la levée a pu être très bonne comme très mauvaise. Dans les champs semés peu de temps après le travail du sol et où la semence a trouvé suffisamment d’humidité, la levée a été rapide et satisfaisante. Par contre, là où le semis a eu lieu dans un sol sec et meuble, les graines n’ont pas germé ou de façon très irrégulière. Bien souvent, la germination n’est intervenue qu’après les pluies observées début/mi-juin. On observe donc dans ces parcelles une très grande hétérogénéité.

Ses arrosages ont déjà été réalisés ponctuellement dans le nord du pays.

À la mi-juin, les plantules de maïs se situaient entre la 9e et la 10e feuille visible, voire 12e feuille pour les premiers semis. Les températures relativement douces du début de saison, accompagnées de nombreuses périodes de pluies orageuses observées au début juin, ont permis depuis lors d’accélérer le développement de la culture, constate le Cipf.

Sur l’ensemble des sites d’observations, les populations de pucerons sont restées très discrètes, ce printemps, notamment grâce à la présence en nombre d’insectes auxiliaires (notamment des coccinelles).

Betteraves sucrières : des levées difficiles et des pucerons très présents

Le manque d’eau est à l’origine d’une variabilité assez importante de la levée entre parcelles mais également au sein de celles-ci. Certaines parties de champs ont ainsi levé directement alors que d’autres l’ont fait un mois plus tard après les pluies (parfois trop maigres) de fin avril, constate l’Irbab. On observe donc dans une même parcelle des stades très différents.

La sécheresse n’a pas épargné la culture betteravière, avec un impact aussi sur le désherbage des parcelles. D’où la recommandation par l’Irbab de compléter l’élimination des adventices avec des méthodes mécaniques.
La sécheresse n’a pas épargné la culture betteravière, avec un impact aussi sur le désherbage des parcelles. D’où la recommandation par l’Irbab de compléter l’élimination des adventices avec des méthodes mécaniques. - M. de N.

La situation fut telle que certains champs, principalement en Flandre en sols sableux (filtrants), ont dû être retravaillés et ressemés… en maïs à la mi-mai suite au dessèchement des germes.

Le manque de pluviométrie, surtout en Hesbaye (Liégeoise en particulier) a entraîné un retard de végétation à partir de la fin du mois de mai. La sécheresse également été préjudiciable au désherbage des parcelles et un recours aux méthodes mécaniques a été recommandé.

Les vols incessants de pucerons verts (Myzus sp.), vecteurs de la jaunisse virale, ont été préoccupants dans tout le pays pendant tout le mois de mai et la première semaine de juin, avec une intensité jamais rencontrée précédemment. Dans la majorité des parcelles, 3 voire même 4 traitements foliaires ont dû être appliqués pour protéger les cultures.

Une activité accrue des auxiliaires (larves de syrphe, coccinelles, cantharides, etc.) a été observée dès la moitié du mois de mai, entraînant une diminution des populations de pucerons. Malgré la protection réalisée, les premiers foyers de jaunisse virale sont apparus au cours de la deuxième décade du mois de juin et sont en extension.

À la fin de la deuxième décade de juin, la plupart des parcelles de betteraves recouvraient l’interrang, marquant ainsi la fin de la période durant laquelle les pucerons sont dommageables. La vigilance vis-à-vis des pucerons verts aptères restait cependant encore de mise dans les parcelles présentant une levée tardive et au stade 8-10 feuilles.

M. de N.

, d’après le Bulletin agrométéorologique national, Cra-w, Irm et Vito

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