Accueil Environnement

La prairie naturelle (MB2), cet élément clé du maillage écologique et du paysage

Le programme agroenvironnemental wallon présente un large panel de méthodes. Au fil des semaines, Natagriwal les passe en revue. Après avoir présenté les prairies de haute valeur biologique, l’asbl évoque la première étape qui peut y mener, la prairie naturelle (MB2)…

Temps de lecture : 4 min

La méthode « prairie naturelle » constitue le premier niveau d’exploitation extensive des prairies dans le programme agro-environnemental. Cette gestion extensive consiste principalement à retarder la date d’exploitation au 16 juin. À partir de cette date, la prairie peut être fauchée ou pâturée et ce, jusqu’au 31 octobre. Le pâturage des regains après une fauche est également permis. C’est ce choix au niveau de l’exploitation qui a poussé l’administration à changer le nom de la méthode. Auparavant appelée « fauche tardive », comment deviner à l’époque que la prairie pouvait également être… pâturée !

La méthode rémunère les agriculteurs pour le maintien de prairies peu intensives en tant qu’éléments clés du maillage écologique et du paysage, afin d’en assurer la pérennité et d’en améliorer la qualité. L’exploitation extensive va entraîner une diversification de la flore de la prairie avec, souvent de plus nombreuses plantes à fleurs et une diminution du rendement. Cette conséquence justifie le paiement (de 200 euros par hectare et par an) que touche l’agriculteur qui s’engage. Si la diversification de la flore est suffisante, une transformation d’engagement vers la prairie de haute valeur biologique est même envisageable (sur base de l’expertise d’un conseiller de Natagriwal).

Garder une zone refuge

Pour revenir aux éléments du cahier des charges, en cas de fauche, il est obligatoire de laisser une zone refuge non fauchée de 5 % de la superficie de la prairie.

À quoi sert cette zone refuge ? Son objectif est multiple : permettre aux plantes non fauchées de terminer leur cycle végétatif et produire des graines, permettre aux insectes butineurs de trouver des fleurs après la fauche et enfin, permettre à certains insectes, dont de nombreux papillons, comme le collier de corail, de boucler leur cycle de vie (ponte d’œufs, développement de chenilles). L’idéal est de laisser une zone refuge « en bloc », avec une largeur suffisante. Enfin, d’une année à l’autre, il est conseillé de changer la localisation de cette zone non fauchée, afin de limiter les risques d’embroussaillement.

Les zones refuges doivent notamment permettre à certains insectes, dont de nombreux papillons, comme le collier de corail, de boucler leur cycle de vie (ponte d’œufs,  développement de chenilles).
Les zones refuges doivent notamment permettre à certains insectes, dont de nombreux papillons, comme le collier de corail, de boucler leur cycle de vie (ponte d’œufs, développement de chenilles). - Claude Dopagne

Valorisation en fourrage

Le fourrage issu des prairies naturelles a une valeur alimentaire plus faible. Il est donc à utiliser en mélange dans la ration (de 20 à 40 % du fourrage distribué) et plutôt pour le bétail à besoin plus faible (jeune bétail, vache allaitante sans veau, vache tarie). Pour des informations complémentaires sur la valorisation des fourrages, vous pouvez contacter l’asbl Fourrages Mieux (Arnaud Farinelle : 0496/80.11.61).

En cas de pâturage, le bétail ne peut recevoir ni concentré, ni fourrage. Cette disposition permet d’éviter le surpâturage.

Une fertilisation organique modérée

Le chaulage est autorisé, entre le 16 juin et le 31 octobre. La fertilisation minérale, elle, est interdite. La fertilisation organique est autorisée, mais uniquement entre le 16 juin et le 15 août. L’idée est d’apporter, si l’agriculteur le souhaite, une fertilisation juste après une fauche.

Des engrais organiques en quantité modérée (10 à 15 tonnes de fumier ou de compost, de préférence au lisier) peuvent être intéressants pour conserver une production. Cependant, un excès risque de favoriser les espèces qui poussent vite et tôt et fourniront un fourrage moins bon, vu la date d’exploitation tardive.

Enfin, l’utilisation de produits phytos est interdite, à l’exception des traitements localisés contre les chardons et rumex.

S’agissant d’une méthode de base, il n’est pas utile de faire appel à un conseiller pour vous engager. Pour toute question, ce dernier pourra néanmoins y répondre. Toutes les coordonnées sont sur www.natagriwal.be, en tapant le nom de votre commune, ou tout simplement en appelant notre secrétariat au 010/47.37.71.

Pour conclure, cette méthode est particulièrement adaptée pour faire ses premiers pas dans l’agroenvironnement. Les traditionnelles prairies à foin, ou encore les prairies un peu moins productives de l’exploitation représentent des candidates idéales.

En 2019, 11.000 ha étaient engagés, soit un peu plus d’un agriculteur sur dix en Wallonie.

Ensemble avec les prairies de haute valeur biologique, les prairies extensives représentent 7 % des prairies permanentes. C’est une belle contribution des agriculteurs à la biodiversité en Wallonie, à la moitié du chemin de l’objectif pour assurer le maintien de la faune et de la flore spécifique des prés.

A lire aussi en Environnement

Le secteur agricole se mobilise contre un projet d’agrivoltaïsme à Aiseau-Presles

Cultures Le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (Résap) et la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (Fugea) ont manifesté jeudi matin devant les cabinets des ministres de l’Agriculture, Willy Borsus, et de l’Environnement, de la Nature et de la Ruralité, Céline Tellier, à Namur. La délégation s’est mobilisée pour obtenir le refus d’un projet d’agrivoltaïsme, une technique qui associe l’exploitation agricole et la production d’électricité photovoltaïque, à Aiseau-Presles, dans la province de Hainaut.
Voir plus d'articles