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Une période de gel tardive aux conséquences désastreuses en fruiticulture (vidéo)

Fin avril, l’ensemble du verger fruitier wallon a été exposé à des températures particulièrement faibles, voire négatives durant plusieurs nuits. Si les dégâts occasionnés ne peuvent encore être quantifiés précisément, ils devraient être considérables. « Dans certaines parcelles, la récolte s’annonce déjà catastrophique, les pertes approchant parfois les 100 % », alertent les fruiticulteurs. Du jamais vu depuis 1991 !

Temps de lecture : 4 min

Ces dernières années, le secteur fruitier wallon est en proie à d’importantes difficultés. L’embargo alimentaire décrété par la Russie en août 2014 et la baisse des prix des pommes et des poires minent le moral des arboriculteurs qui, cette saison, devront surmonter une nouvelle épreuve.

Serge Fallon: «
En une nuit, le travail de toute une saison a été anéanti…
»
Serge Fallon: « En une nuit, le travail de toute une saison a été anéanti… » - J.V.

« Durant la seconde quinzaine d’avril, tous les vergers ont été exposés à des températures négatives. Les dégâts sur les jeunes fruits en poires et les fleurs en pommes et cerises sont particulièrement importants », explique Serge Fallon, président du Gawi (Groupement d’arboriculteurs pratiquant en Wallonie les techniques intégrées). La nuit du 19 au 20 avril a été la plus dommageable. En cause : des températures particulièrement froides atteignant -4 à -6ºC sous abri. Même les mesures de lutte antigel n’ont montré que peu d’efficacité, tant le froid a été long et intense.

De lourdes pertes

Ces gelées nocturnes et très prononcées surviennent au plus mauvais moment pour les fruiticulteurs. En effet, suite aux températures relativement clémentes du mois de mars, les fruitiers avaient atteint des stades de développement avancés mais sensibles au gel. Ainsi, la grande majorité des pommiers étaient en fleur tandis que les poiriers portaient déjà leurs poirettes (jeunes poires).

Dans certaines parcelles, les dégâts paraissent moins importants que dans d’autres. Il est néanmoins essentiel de les faire constater par les Commissions communales.
Dans certaines parcelles, les dégâts paraissent moins importants que dans d’autres. Il est néanmoins essentiel de les faire constater par les Commissions communales. - J.V.

À ces stades, des lésions apparaissent dès -2ºC. À -4ºC, de lourdes pertes sont enregistrées dans les vergers. « Lorsque l’on sait cela, il n’est pas difficile d’imaginer l’étendue des dégâts causés la nuit du 19 au 20 avril », relève Olivier Warnier, directeur du Centre Fruitier Wallon (CEF).

Invisibles à l’extérieur, les dégâts sur les poirettes (ci-dessus) n’en demeurent pas moins importants. Le gel des pépins a entraîné un noircissement du cœur des jeunes fruits (ci-dessous) qui subsistera jusqu’à la récolte.
Invisibles à l’extérieur, les dégâts sur les poirettes (ci-dessus) n’en demeurent pas moins importants. Le gel des pépins a entraîné un noircissement du cœur des jeunes fruits (ci-dessous) qui subsistera jusqu’à la récolte. - J.V.

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J.V.

Et les conséquences sont catastrophiques, tous fruits confondus. En cerises, on estime qu’entre 60 et 80 % des fleurs ont été gelées. Dans les vergers de pommiers Boskoop et Jonagold, les pertes sont estimées entre 75 et 90 %, voire 100 % dans certains cas. Seules les fleurs non ouvertes lors des gelées ou situées à une hauteur supérieure à 2 m donneront éventuellement des pommes. « Pour autant qu’elles soient pollinisées assez rapidement. Or, les températures actuelles ne sont pas favorables à une sortie des pollinisateurs », prévient M Warnier.

Du côté des poires, la situation est sensiblement différente. Entre 90 et 100 % des fruits ont subi les effets du gel mais les pertes ne devraient pas être aussi importantes, surtout en Conférence (90 % des poiriers plantés en Belgique). En effet, cette variété étant parthénocarpique, ses fruits peuvent se développer malgré le gel – et donc la mort – des pépins. Les poirettes devront cependant être bien alimentées durant les trois à quatre semaines à venir, ce qui demandera un ensoleillement régulier et suffisant. Passé ce délai, les fruits encore accrochés à l’arbre devraient finir la saison. « Il est donc impossible de chiffrer maintenant les pertes à la récolte, mais on sait déjà qu’elles seront importantes. » En outre, la qualité des poires sera elle aussi affectée ; leur cœur est et restera noirci suite au gel des pépins.

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Pour les fruiticulteurs, ces gelées nocturnes surviennent au plus mauvais moment
», constate Olivier Warnier.
« Pour les fruiticulteurs, ces gelées nocturnes surviennent au plus mauvais moment », constate Olivier Warnier. - J.V.

Une menace venue de Pologne ?

Pour bien des exploitations, cet accident climatique ne sera pas sans conséquence financière. « Certains arboriculteurs seront en grandes difficultés et risquent de ne pas se relever », craint Serge Fallon.

Les fruiticulteurs appréhendent également que le marché belge soit inondé de pommes polonaises cultivées sous des normes sanitaires inférieures aux nôtres. « Il semblerait que nos collègues polonais aient subi le même type de dégâts. Mais si ce n’est pas le cas et qu’ils exportent massivement leurs fruits dans nos régions, nous devrons agir. »

« Notre chance,ce serait que la Pologne soit aussi touchée ! » estime un arboriculteur.

De son côté, José Renard, chef de cabinet adjoint du ministre wallon de l’Agriculture René Collin, appelle les arboriculteurs à faire constater le plus rapidement possible les dégâts par les Commissions communales. Ainsi, et à condition de faire une deuxième constatation à la récolte, ils seront indemnisés par le fonds des calamités, si celui-ci reconnaît les gelées d’avril.

J.V.

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