Accueil Cultures

Nature et Progrès souhaite un débat citoyen sur les «nouveaux OGM»

Vingt ans après l’avènement d’OGM de première génération, des « nouveaux OGM » pointent le bout de leur nez, avec des effets potentiellement irréversibles sur la biodiversité. En publiant une brochure sur le sujet, l’association de sensibilisation aux problématiques environnementales Nature et Progrès veut alerter le citoyen et lui permettre de se forger un avis.

Temps de lecture : 3 min

Ces nouveaux organismes génétiquement modifiés sont obtenus par l’introduction d’une mutation dans un génome (matériel génétique d’une espèce, NDLR), de façon précise et volontaire, a expliqué mercredi Catherine Wattiez, chargée de projet OGM-pesticides chez Nature et Progrès Belgique. « On utilise des ciseaux génétiques faits de protéines, qui coupent l’ADN de l’hôte en des endroits précis. L’hôte est ensuite réparé par des mécanismes propres à la cellule. Cette réparation change le génome. »

Le problème, pour Nature et Progrès, est que ces techniques contournent la régulation des gènes ainsi que les règles de l’évolution biologique et de l’hérédité. D’autre part, des erreurs génétiques peuvent être occasionnées, avec « des effets sanitaires et environnementaux délétères inattendus ». « Ceux-ci risquent également de participer de façon non négligeable à la destruction des écosystèmes en partie responsable de l’émergence de zoonoses pandémiques, telle que celle que nous vivons actuellement », indique l’organisation, qui s’oppose à une diffusion de ces nouveaux OGM dans l’environnement.

Le cas de la caméline est notamment donné en exemple, une plante qui intéresse pour la production de biocarburants. Ces plantes dont le génome a été modifié selon la technique des ciseaux génétiques ont le potentiel de se propager aux cultures non-OGM et de se croiser avec des populations naturelles. Or ces plantes altérées génétiquement peuvent être dangereuses pour les animaux sauvages qui s’en nourrissent.

Les nouveaux OGM sont considérés comme des OGM à part entière, selon un arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne du 25 juillet 2018. Ils doivent donc être traçables, étiquetés et faire l’objet d’une analyse de risques pour la santé et l’environnement. Mais Nature et Progrès s’inquiète d’un lobbying intense des firmes phytosanitaires pour déréglementer leurs produits.

Nature et Progrès souhaite que le sujet soit mis au-devant de la scène en Belgique et en Europe, alors que la Commission européenne doit finaliser en avril 2021 une étude sur les techniques de transformation du vivant. Les organisations de défense de l’environnement espèrent par ailleurs qu’un moratoire sur le forçage génétique sera voté lors de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), reportée en raison de la pandémie de coronavirus.

En Europe, seuls l’Espagne et le Portugal comptent des surfaces cultivant du maïs OGM. « Après 20 ans d’utilisation, les OGM n’ont rien apporté à l’agriculture, si ce n’est une dépendance accrue aux pesticides », dit Nature et Progrès, qui espère voir les Européens dire « non » aussi aux nouveaux OGM.

Belga

A lire aussi en Cultures

797 millions de tonnes de blé en 2024, selon la Fao

Végétaux L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) a mis à jour ses chiffres sur l’offre et la demande en céréales. Il en résulte une légère révision à la hausse de ses prévisions concernant la production céréalière mondiale totale en 2023, qui devrait s’élever à 2.840 millions de tonnes (mt).
Voir plus d'articles