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Nombre de froments sont au 2e nœud, sans gros stress parasitaire jusqu’ici

Dans les parcelles d’observation du Cadco, comme dans les champs, la croissance du froment se poursuit et le stade 32 (2e  nœud) a été atteint. Quant aux maladies, si celles-ci sont essentiellement présentes dans le bas des plantes, il est nécessaire de rester attentif au développement de la rouille jaune. Dans certains cas, un premier traitement peut d’ailleurs être envisagé.

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Les observations réalisées le 8 mai sur les variétés Albert, Anapolis, Avatar, Edgar, Henrik, Lyrik, Matrix, Mentor, Reflection, RGT Reform, Sacramento, Tobak et Triomph cultivées au sein d’un réseau d’une quarantaine de parcelles réparties à travers le Hainaut (Ath, Ellignies-Saintes-Anne), le Brabant wallon (Glimes, Thorembais-Saint-Trond), la province de Liège (Eben Emael, Ligney, Mortroux, Pailhe) et la province de Namur (Assesse, Lonzée, Marchovelette, Thy-le-Château) montrent que la grande majorité des froments a atteint le stade 32, soit le 2e  noeud. Localement, le stade 37 (dernière feuille visible) peut déjà être rencontré.

Maladies : peu d’inquiétudes !

La septoriose est signalée dans la quasi-totalité des parcelles, principalement dans le fond de végétation où elle touche 10 à 100 % des plantes. Les F-2 (F4 définitives) sont infectées dans 27 des 41 parcelles du réseau à des fréquences variant entre 3 et 35 %. Dans tous les cas, la gravité des symptômes est très faible (moins de 4 % de la surface foliaire est infectée). La pression de cette maladie reste donc actuellement faible.

D’après le modèle de prévision épidémiologique Proculture, il est peu probable que la septoriose infecte les étages foliaires supérieurs (futures F2 et F3 définitives) des plantes. En effet, les pluies enregistrées cette semaine n’étaient pas suffisamment intenses que pour permettre la dispersion de la maladie vers le haut des plantes.

Toutefois, le modèle recommande d’être attentif aux périodes infectieuses dans les prochains jours et de vérifier les parcelles emblavées avec les variétés les plus sensibles (Avatar, Henrik, Sacramento, Triomph…). Sur ces variétés, si une fréquence importante des F-2 (F4 définitives) est touchée (>20 %), un traitement au stade 32 pourrait être envisagé. Dans les autres situations, le traitement peut être repoussé. En effet, le temps sec annoncé cette semaine ne devrait pas permettre à la maladie de gagner les étages foliaires supérieurs.

L’oïdium est observé dans toutes les parcelles du réseau en Hainaut mais la maladie n’atteint pas les F-1 du moment (futures F3 définitive). Cette maladie touche entre 3 et 10 % des F-2 dans 7 parcelles hennuyères sur 8. Dans les parcelles situées en province de Liège, l’oïdium n’est présent que sur les F-2 de la variété Réflection. Pour les autres variétés, la maladie n’est présente que dans le bas des plants. Dans le Brabant wallon, 15 % des F-2 de la variété Avatar (stade 32, à Glimes) et 30 % des F-2 de Réflection (stade 30, à Thorembais) sont touchées. L’oïdium atteint les F-1 des plants des variétés Lyrik et Reflection à Marchovelette et Assesse en province de Namur. À Thy-le-Château, cette maladie n’est observée que dans le bas des plantes.

De la rouille jaune est observée sur 5 à 30 % des plantes des variétés très sensibles (Réflection, Matrix) dans 9 parcelles du réseau. La maladie est souvent présente dans le bas des plantes ou sur les F-2 mais est également observée sur les F-1 dans 2 essais, à Glimes et à Lonzée, sur la variété Réflection.

Quelques pustules de rouille brune sont observées dans le bas des plants de la variété sensible Tobak à Ath. À part cela, rien à signaler dans les autres parcelles du réseau.

Le Cadco a également observé du piétin verse sur 30 % des pieds de la variété Lyrik à Assesse et sur 15 % des plants de RGT Reform à Thy-le-Château. Un traitement contre cette maladie peut être recommandé au stade 32 dans le cas où 25 % (variété sensible) à 35 % (variété résistante) des talles présentent un ocelle. L’efficacité du traitement diminue rapidement après le stade 32. Pour évaluer la fréquence de cette maladie, il convient d’observer 40 (idéalement 100) tiges principales prélevées de façon dispersée à travers la parcelle et de déterminer le nombre de talles présentant un ocelle après le retrait de la gaine extérieure.

En Belgique, les traitements spécifiques contre le piétin-verse ne sont pas recommandés. Sauf cas extrêmes, la lutte contre cette maladie ne doit être envisagée que comme un effet additionnel d’éventuels traitements visant principalement les maladies foliaires.

Rouille jaune : réfléchir au 1er  traitement

D’après le Cadco, les parcelles au stade 32 ou 37 présentant des foyers actifs de rouille jaune peuvent faire l’objet d’un premier traitement.

La pression en septoriose reste assez faible et le temps annoncé ne devrait pas permettre un développement rapide de la maladie. Dans ces conditions, il est recommandé de retarder le traitement afin de toucher la dernière feuille. Seules les parcelles emblavées avec une variété très sensible et présentant des symptômes significatifs sur F-2 (>20 % des feuilles touchées) pourraient déjà faire l’objet d’un traitement anti-septoriose au stade 32.

Si un traitement est appliqué, il convient de déterminer précisément la pression des autres maladies (principalement le piétin et l’oïdium) afin d’adapter le traitement à la situation de la parcelle. Dans ces situations, un traitement relais doit être envisagé 3 à maximum 4 semaines après le premier traitement.

Quelles matières actives ?

La plupart des triazoles (époxiconazole, tébuconazole, prothioconazole, cyproconazole) utilisées au moins à demi-dose sont efficaces contre la rouille jaune. L’association d’une strobilurine à une triazole permet d’obtenir une efficacité supplémentaire et d’augmenter la rémanence du traitement. La gestion de la septoriose repose principalement sur les triazoles et les SDHI. Lors d’un traitement au stade 32, l’ajout de chlorothalonil aux triazoles représente une solution techniquement et économiquement intéressante. Les strobilurines ne sont pas conseillées en premier traitement (T1 au stade 32) sauf en cas de rouille jaune.

Nous conseillons de réserver les SDHI pour les traitements de dernière feuille (stade 39) ou d’épiaison (stade 55) afin de tirer parti de leur efficacité et de leur longue rémanence. Pour rappel, seule une SDHI peut être appliquée parcelle par saison.

A. Legrève, M. Delitte, O. De Vuyst,

coordination scientifique « maladies »

X. Bertel,

coordinateur du Cadco

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