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Choisir le bon moment est primordial pour assurer l’efficacité

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Les substances actives à action foliaires sont principalement appliquées après la levée des adventices. Suivant leur propension à se déplacer ou non dans la plante, elles sont réparties sous deux classes :

– la première classe regroupe les substances actives systémiques qui sont absorbées au niveau des feuilles et qui sont transportées par la sève vers les sites d’action ;

– la seconde classe concerne les matières actives de contact  : elles ne se déplacent que très peu dans la plante puisqu’elles agissent là où elles atteignent la plante.

Pénétration dans la feuille

Dans les deux cas, la première étape est la pénétration dans la feuille. Comment cela se passe-t-il ? Quels sont les facteurs qui influencent cette pénétration ? Pour y répondre, il convient de rappeler quelques notions élémentaires de botanique.

La surface des parties aériennes des plantes est recouverte d’une couche protectrice lipidique (hydrophobe) extracellulaire : la cuticule, à laquelle peuvent s’ajouter des stomates et des poils. D’épaisseur variable selon les végétaux, le développement de la cuticule est favorisé si les plantes croissent sur un sol sec, si l’humidité relative est faible et si la plante est en état de déficit hydrique.

Cette couche est constituée d’un polymère : la cutine et des cires incluses et épicuticulaires sur sa face externe. La production de cire est activée par l’augmentation de flux d’énergie lumineuse, la diminution de l’humidité relative de l’air et de la teneur en eau du sol. Elles permettent de limiter les pertes d’eau par transpiration et sont donc une forme de défense à la dessiccation.

Rétention de la bouillie de pulvérisation

La première étape dans l’action d’un herbicide appliqué sur le feuillage consiste en l’interaction entre la bouillie et la surface des végétaux. Elle dépend de facteurs relatifs à la pulvérisation (diamètre, vitesse et composition des gouttes) et de paramètre liés à la plante (mouillabilité de la surface, morphologie des feuilles, présence de poils).

Le stade de développement ou le stade de l’organe est un paramètre qui affecte également la rétention. Lorsqu’une feuille émerge du bourgeon, sa surface foliaire est pratiquement dépourvue de cires épicuticulaires. La cutine nue d’un organe jeune est très mouillable. Par la suite, la feuille grandit, les cellules épidermiques synthétisent des cires qui contribuent à diminuer la mouillabilité. En conséquence, traiter sur une plante jeune (2-3 feuilles) revient à appliquer la bouille sur des surfaces très mouillables.

Pénétration à travers la cuticule

La seconde étape dans l’action d’un herbicide appliqué sur le feuillage est la pénétration des matières actives à travers la cuticule. Contrairement aux idées reçues, les stomates ne constituent pas la principale voie d’entrée.

La cuticule, même si elle est de nature très lipophile, ne reste pas imperméable et constitue, elle, la principale voie de pénétration foliaire. Selon la littérature, le mécanisme pour le transfert des pesticides et autres solutés à travers la cuticule est la diffusion, phénomène au cours duquel la concentration du soluté dans la paroi interne de la cuticule tend à égaler la concentration à l’extérieur.

La perméabilité de la cuticule, de par sa grande diversité structurale et chimique, est très variable selon les espèces.

Pénétration dans les organes végétaux

La pénétration des herbicides dans les organes végétaux dépend principalement de trois ensembles de facteurs.

– le premier est lié à la plante et plus particulièrement à la barrière cuticulaire. Dans ce cas, outre la perméabilité de la cuticule qui est variable entre les espèces, la présence de cires constitue assez généralement une barrière difficile à franchir. Au cours du développement d’une feuille, la production de cires épicuticulaires s’accompagne généralement d’une diminution de la perméabilité aux herbicides. Ceci permet de comprendre pourquoi les jeunes plantules, avec des feuilles en croissance et revêtues d’une cuticule relativement perméable, sont souvent plus sensibles aux herbicides de postémergence que les plantes âgées dont la plupart des feuilles ont terminé leur développement.

– le second est lié à l’herbicide et fait intervenir les propriétés physicochimiques de la matière active, les additifs et la répartition des dépôts à la surface du végétal.

– le troisième comprend les conditions climatiques au moment du traitement. Elles ont un effet déterminant sur l’absorption foliaire des herbicides. Cette absorption est plus importante lorsque l’air est humide. En permettant le maintien d’une certaine hydratation du dépôt de l’herbicide mais aussi de la cuticule, les fortes humidités relatives assurent les meilleures conditions de pénétration et de diffusion dans la plante. Sous ces conditions, le dessèchement des gouttes pulvérisées est aussi limité.

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