Désherbage du maïs: peu de nouveautés malgré des conditions d’application de plus en plus contraignantes

Les conseils délivrés par le Cipf reposent sur une longue expertise de terrain.  De quoi réussir au mieux les opérations !
Les conseils délivrés par le Cipf reposent sur une longue expertise de terrain. De quoi réussir au mieux les opérations ! - J.V.

La saison 2021 se profile à l’horizon pour tous ceux qui cultivent du maïs. Les travaux de désherbage suivront rapidement après les semis. Mais avant de présenter en détail les conseils du Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf) en la matière, jetons un œil sur le déroulement de la saison dernière.

2020 : surtout des traitements en post-émergence

Après un mois de janvier légèrement plus sec que la normale, les précipitations des mois de février et mars ont permis de reconstituer partiellement les réserves d’eaux souterraines après la pénurie de précipitations survenue en 2019. Le réchauffement rapide des sols en avril et les conditions plus sèches ont permis d’accéder assez rapidement aux parcelles. Les premiers semis ont pu débuter vers le 10 avril et se sont poursuivis jusqu’à la fin du mois dans de bonnes conditions.

En raison des conditions sèches d’avril et mai, les possibilités de traitements de pré-émergence étaient souvent limitées. Seules les parcelles semées avant le 20 – 25 avril et préparées de manière optimale avaient encore suffisamment d’humidité dans le sol pour assurer un traitement de pré-émergence efficace.

La majorité des traitements ont été réalisés en post-émergence, souvent à un stade 4 à 5 feuilles visibles du maïs, avec des résultats dans l’ensemble satisfaisants mais parfois contrastés selon la sévérité de la sécheresse au niveau de la parcelle et la taille des adventices.

Sans concurrence des adventices, la culture pourra exprimer son plein potentiel.
Sans concurrence des adventices, la culture pourra exprimer son plein potentiel. - J.V.

Dans les situations de sol trop secs en surface, les produits ayant une action radiculaire n’ont pas pu exprimer leur efficacité. Le manque de systémie lié à la sécheresse a provoqué des insuffisances avec des matières actives telles que la mésotrione pourtant reconnue comme très efficace sur chénopodes.

Des évolutions au niveau des produits disponibles

La liste des produits phytosanitaires disponibles évolue chaque année. Trois points sont à épingler à l’entame de cette saison !

Botiga

Ce produit commercialisé par Belchim Crop Protection contient 300 g de pyridate et 90 g de mésotrione par litre. Il se présente sous forme d’une dispersion huileuse (OD).

Botiga est agréé du stade 2ème jusqu’au stade 8ème  feuille visible du maïs à la dose maximum de 1 l/ha soit en application unique, soit en deux applications de 0,5 l. Le produit s’utilise avec des jets anti-dérive de minimum 90 % avec une zone tampon de 1 m par rapport aux eaux de surface.

Outre les adventices contrôlées par la mésotrione (Callisto, par exemple), le Botiga assure également une efficacité complémentaire sur jeunes matricaires, gaillets, mourons, mercuriales et véroniques. Dans les schémas sans terbuthylazine, le pyridate permet de booster la destruction des adventices sensibles aux tricétones (mesotrione, sulcotrione et tembotrione) et d’apporter un effet de synergie à celles-ci. Ses principales faiblesses se situent contre les graminées et géranium.

Ce produit s’utilise à la dose de 0,8 l à 1 l/ha en association avec un produit radiculaire et, si nécessaire, un antigraminée spécifique.

Spandis

Cette nouvelle association commercialisée par Syngenta combine 10 % de nicosulfuron, 4 % de prosulfuron et 40 % de dicamba. Agréée à la dose de 0,4 kg/ha du stade 2ème jusqu’au stade 6ème  feuille visible, elle se présente sous forme de granulés dispersables dans l’eau (WG). Seule, elle est utilisée avec un adjuvant à base d’huile de colza (1-1,5 l/ha).

Le produit s’utilise avec des jets anti-dérive de minimum 90 % avec une zone tampon de 20 m par rapport aux eaux de surface. Combinant deux inhibiteurs de l’ALS et une hormone, il est efficace contre certaines dicotylées et de nombreuses graminées. Cette association s’utilise principalement en mélange avec une tricétone (mesotrione, sulcotrione et tembotrione) dans les schémas sans terbuthylazine.

Produits à base de bromoxynil à utiliser cette année !

Cette substance active n’a pas été ré-approuvée au niveau européen le 16 juillet 2020. Les produits contenant du bromoxynil perdent donc leur autorisation à partir du 17 septembre 2021. Toutefois, la mise sur le marché et le stockage par des tiers sont encore autorisés jusqu’au 17 juin 2021. Au champ, l’agriculteur pourra l’appliquer jusqu’au 17 septembre 2021.

La saison 2021 sera donc la dernière pour utiliser les stocks restants. Sont concernés par ce retrait : l’Auxo, le Bromotril SC, le Camber, le Nagano et le Xinca. En absence de terbuthylazine, cette substance active pouvait servir de renfort aux tricétones pour compléter les efficacités sur certaines dicotylées telles que la mercuriale annuelle, la renouée liseron, la pensée, le gaillet ou la véronique. Son principal atout se situait au niveau des matricaires repiquées qui, en quelques jours, se voyaient totalement contrôlées après application de mesotrione + bromoxynil.

Réussir le désherbage en préémergence…

Les produits racinaires agissent principalement sur les graines en germination par absorption par le coléoptile (gaine protectrice des cotylédons) ou les racines séminales. Ils doivent être appliqués avant la levée des adventices, bien répartis sur le sol en l’absence de grosses mottes et de semences de maïs en surface. L’efficacité d’un herbicide de préémergence est dépendante de trois paramètres : la présence d’eau dans le sol, la teneur en argile et la teneur en matière organique du sol.

L’humidité du sol est le facteur essentiel. En effet, seule la partie qui est dissoute dans la solution du sol sera efficace vis-à-vis des adventices. On notera toutefois des différences de solubilité dans l’eau entre substances actives. À titre d’exemple, l’efficacité du diméthénamid P (1.499 mg/l à 20ºC) très soluble dans l’eau sera moins affectée en conditions plus sèches que la pendiméthaline qui est nettement moins soluble (0,33 mg/l à 20ºC). Dans les mêmes conditions, le S-metolachlore se situe, quant à lui, à 480 mg/l.

Les teneurs en argile et en matière organique influencent également le contrôle des adventices. Des taux élevés bloquent les substances actives qui ne seront plus disponibles pour assurer la destruction des mauvaises herbes.

La réussite d’un traitement de préémergence est fortement tributaire de la qualité de préparation de sol et des conditions d’humidité au moment de l’application.

… avec quels traitements ?

En présence de terbuthylazine, lorsque ces conditions favorables sont réunies, il est possible de composer des associations permettant d’éliminer l’ensemble des annuelles classiques. Par contre, les vivaces (liserons, rumex, chardons, chiendents…) imposent une intervention en postémergence.

Pour rappel, tout agriculteur qui souhaite appliquer un produit à base de terbuthylazine  sur une parcelle qui longe une eau de surface est contraint d’implanter  une zone tampon végétative de 20 m le long de celle-ci.
Pour rappel, tout agriculteur qui souhaite appliquer un produit à base de terbuthylazine sur une parcelle qui longe une eau de surface est contraint d’implanter une zone tampon végétative de 20 m le long de celle-ci. - J.V.

Certaines substances actives (flufénacet, isoxaflutole, pendiméthaline) utilisées en préémergence ont une sélectivité de position. Elles ne peuvent entrer en contact avec la graine de maïs en germination (profondeur de semis 3 à 5 cm nécessaire). L’application sur un sol sec avant une pluie abondante n’est donc pas sans risque, surtout s’il s’agit d’un sol léger.

Si antérieurement, la préémergence sans terbuthylazine s’avérait difficile à réussir complètement, l’arrivée sur le marché de l’Adengo TCMax l’a fait évoluer positivement.

En effet, les associations Adengo 0,25 l + Camix 1,25 l ou Adengo 0,25 l + Stomp Aqua (ou Most Micro) 1,5 l présentent toutes deux un spectre quasi complet, la renouée liseron étant la seule faiblesse de ces combinaisons. Attention toutefois à bien nettoyer le pulvérisateur si ces traitements maïs s’intercalent entre des interventions de parcelles de betteraves !

La réussite est toutefois liée à une bonne préparation du sol (terre suffisamment émiettée) et à une humidité suffisante au moment du traitement. Les traitements conseillés sont décrits dans le tableau 1. En fonction de la combinaison choisie, différentes adventices peuvent échapper à ces traitements.

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La « post » en présence de dicotylées annuelles (sans panics, sétaires ni digitaires)

En présence de dicotylées annuelles, le schéma de base sera constitué d’une association d’une tricétones combinée ou non à la terbuthylazine et d’un radiculaire.

Avec terbuthylazine

Le tableau 2 reprend l’ensemble des traitements possibles en postémergence précoce (maïs 4è à 5è  feuille visible) en présence de dicotylées uniquement et avec recours à la terbuthylazine.

Si des graminées annuelles sont présentes, l’ajout de 0,4 à 0,5 l de Samson extra 60 OD ou Monsoon Active 0,75 l permet de les détruire. Ces antigraminées apportent un complément d’efficacité nécessaire si on se trouve en présence de mercuriales de 4 feuilles et plus et que l’on utilise la mésotrione ou la sulcotrione.

En présence d’amarantes, le Callisto ou le Laudis ont une efficacité nettement supérieure à celle du Zeus (ou Sulcogan). La sulcotrione et la tembotrione sont un peu plus « douces » lorsque les plantes ont une croissance ralentie par un temps frais.

Sans terbuthylazine

Pour les agriculteurs qui souhaitent (ou doivent) traiter sans terbuthylazine, il faudra traiter plus tôt, de préférence au stade 3-4è  feuille visible du maïs et être attentif à la flore observée sur la parcelle. La présence de vulpin, pâturin, jouet du vent, mercuriale, renouée des oiseaux, renouée liseron et matricaire repiquée imposera bien souvent l’ajout d’un produit complémentaire (tableau 4) au schéma de base (tableau 3). Le pyridate renforce l’action de la mésotrione et de la sulcotrione (vitesse d’action et meilleure efficacité sur adventices moyennement sensibles).

Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon Active 0,75 l, le Maïster Power 0,75 l et le Xinca 0,25 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD (risque de phytotoxicité).

Éviter la présence de matricaire repiquée

La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (cas de non-labour ou de labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Calaris 1,25 l + Dual Gold 0,6 l ; Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les contrôlent parfaitement.

Il convient d’être vigilant avec certains mélanges, afin d’éviter d’éventuels impacts  du désherbage sur  les plantules.
Il convient d’être vigilant avec certains mélanges, afin d’éviter d’éventuels impacts du désherbage sur les plantules. - J.V.

En présence des matricaires repiquées (tableau 5), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 0,25 l de Xinca ou 20 g de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto ou de Calaris. Le Xinca est toutefois à éviter dans le cadre d’associations avec Laudis OD (risques de brûlures en conditions défavorables). Le Peak (75 % de prosulfuron) est également très efficace à la dose de 20 g par ha. Il peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs. Son action est toutefois beaucoup plus lente que celle des deux précédents. Le Nagano 1 l/ha ou l’Auxo 1,25 l/ha, grâce à la présence de bromoxynil, peuvent s’avérer également très utiles dans ce contexte.

En présence de dicotylées et panics, sétaires (hors digitaires)

Dans les situations où l’on rencontre une flore de dicotylées annuelles ainsi que des panics et/ou sétaires, diverses associations sont possibles (tableau 6). Elles font intervenir, pour combattre ces graminées estivales, des matières actives telles que le nicosulfuron (Samson extra 60 OD), le thiencarbazone + foramsulfuron (Monsoon Active), la tembotrione (Laudis). La mésotrione ou la sulcotrione constituent par leur spectre d’efficacité et leur rémanence la base du désherbage contre les dicotylées en postémergence. Le Laudis peut également jouer le même rôle en agissant à la fois sur les dicotylées annuelles et les graminées estivales.

La sulcotrione et la mésotrione sont notamment utiles contre les chénopodes et arroches moins bien contrôlés par tous les produits radiculaires (excepté la pendiméthaline).

En cas d’utilisation de la sulcotrione ou de la mésotrione, les panics pied-de-coq et sétaires doivent être détruits par l’action de contact d’un nicosulfuron ou du Monsoon Active ou du Maïster Power TC Max. Leur action est assez lente mais généralement très efficace contre ces deux graminées. Vu leur faible rémanence, il faudra ajouter au traitement 2 l de Gardo Gold ou Aspect T 1,6 l ou Akris 2 l. Ceux-ci renforceront l’action par contact par leur apport en terbuthylazine tout en apportant une rémanence efficace contre les graminées annuelles.

Le stade optimum de traitement pour une bonne efficacité (destruction des adventices présentes et rémanence suffisante) se situe entre le stade 4è et 5è  feuille visible du maïs (post précoce) lorsque le traitement inclut de la terbuthylazine. Les panics et sétaires les plus développés ont alors généralement atteint le stade 3 feuilles à début tallage. Sans terbuthylazine, il convient de traiter un peu plus tôt sur des adventices moins développées et augmenter la dose du produit racinaire.

La flore adventice rencontrée au printemps est très diversifiée, tandis que  les « solutions phytosanitaires » disponibles sur le marché sont de moins  en moins nombreuses. Cela ne simplifie par le travail des maïsiculteurs !
La flore adventice rencontrée au printemps est très diversifiée, tandis que les « solutions phytosanitaires » disponibles sur le marché sont de moins en moins nombreuses. Cela ne simplifie par le travail des maïsiculteurs ! - J.V.

Le Capreno TC Max est composé de tembotrione et renforcé par la thiencarbazone méthyl apportant un complément d’efficacité sur renouées des oiseaux et matricaires.

Les traitements conseillés sans terbuthylazine ( tableau 7) peuvent être également complétés par les produits du tableau 4 en fonction des adventices difficiles présentes.

En présence de renouées des oiseaux, le Monsoon Active sera préféré au nicosulfuron.

Sur digitaires : Laudis reste la seule solution !

Si les parcelles où l’on retrouve des digitaires restent nettement moins fréquentes que les parcelles avec sétaires et panics, les cas rencontrés sont de plus en plus courants et les régions concernées plus nombreuses d’année en année. Si le Nord du pays est le plus concerné, on rencontre aussi la digitaire filiforme et, occasionnellement, la digitaire sanguine dans certaines parcelles dans l’ouest du Hainaut, au nord-est de Liège, en Brabant surtout en sols légers et sols sablonneux de la région jurassique. Leur levée est plus tardive que celles des autres graminées.

Le Laudis (tembotrione + isoxadifen éthyl) + un antigraminée rémanent (Aspect T, Akris ou Gardo Gold) reste la seule solution de référence contre les flores complexes de graminées estivales avec digitaires filiformes, digitaires sanguines, sétaires verticillées, sétaires vertes et panics pied-de-coq du stade 1 feuille à début tallage par contact. La garantie d’un contrôle satisfaisant des digitaires filiformes est un traitement très précoce, pas plus tard qu’au stade tout début tallage des digitaires (tableau 8).

Quel traitement face aux panics dichotomes et panic schinzii ?

Ces graminées essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine, se retrouvent depuis quelques années dans quelques régions de Wallonie (Pays de Herve, Brabant wallon).

Le traitement Laudis 2 l à 2,25 l + Aspect T 2 l ou Akris 2 l a confirmé son excellente efficacité contre ces graminées. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l. L’Adengo 0,33 l en préémergence et le Laudis 2 l + Frontier Elite 1 l (+ Samson extra 60 OD 0,5 l) au stade « 1 à 3 feuilles des graminées » assurent également un contrôle total des panics schinzii.

Enfin, il ressort que le succès d’un traitement postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par une pulvérisation en conditions d’humidité satisfaisante et à des stades très précoces des adventices (maximum au stade deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm). Passé ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.

Le vulpin et le ray-grass résistants aux sulfonylurées, une nouvelle difficulté !

Dans quelques parcelles, le ray-grass et les vulpins résistants aux sulfonylurées ont fait son apparition. L’importation de paille provenant du bassin parisien est à l’origine, dans certaines situations, de l’extension du ray-grass. Cette résistance est une capacité naturelle et héritable qu’ont certains individus issus d’une population déterminée de survivre à un traitement herbicide létal pour les autres individus de la population.

Il existe deux formes de résistance, celle par mutation de cible qui empêche l’herbicide de se fixer sur celle-ci (mutation au niveau d’un acide aminé) et une autre par laquelle la plante développe des enzymes qui dégradent les molécules d’herbicides (détoxification).

Les premiers essais réalisés en 2019 et 2020 ont montré les limites des herbicides actuellement disponibles en maïs. La rotation est certainement la meilleure voie dans ces situations. Des essais seront mis en place par le Cipf cette année.

D’après G. Foucart, F. Renard,

J-P. Mazy et M. Mary,

Centre pilote maïs, Cipf,

UCL-Louvain-la-Neuve

Cibler la fenêtre météo idéale

Quand faut-il traiter pour optimiser l’efficacité d’un produit phytosanitaires ?

Généralement, les conditions climatiques favorables aux traitements herbicides se rencontrent plutôt le matin. L’hygrométrie dépasse les 60 % depuis plusieurs heures et la cuticule des plantes est perméable pour absorber les matières actives. Si l’humidité remonte rapidement le soir, il est possible de traiter dès qu’elle aura atteint les 60 %. Si les températures ont été élevées la journée, la cuticule risque de ne pas être assez hydratée et l’absorption risque d’être réduite.

De toute manière, il convient d’éviter de traiter pendant les heures chaudes ; l’hygrométrie est trop basse et la cuticule peu réceptive. Dans ces conditions, la vitesse de dessiccation des gouttes de pulvérisation est trop importante et moins de produit atteindra la cible.

Il est préférable de traiter sur des adventices jeunes car celles-ci présentent peu ou pas de cires épicuticulaires peu perméables aux herbicides.

D’après l’arrêté du gouvernement wallon du 14 juin 2018, l’application des produits phyto ne peut débuter si le vent a une vitesse supérieure ou égale à 20 km/h. Un vent soutenu provoque une dérive et un assèchement des gouttelettes de pulvérisation et peut également dessécher le feuillage. Selon Arvalis, à 7 km/h, les gouttes de taille inférieure à 130 µ n’arriveront pas sur la cible et 17 km/h, celles de moins de 200 µ n’arriveront pas sur la cible.

S-metolachlore et eaux souterraines

Faisant suite à la problématique de la présence du métabolite du « S-metolachlore » dans les eaux souterraines, la firme Syngenta a pris l’initiative de déconseiller l’utilisation des Codal, Dual Gold, Efica 960EC, Lecar, Camix, Gardo Gold et Primagram Gold sur des parcelles avec plus de 80 % de sable et sur celles situées en zone de captage.

Choisir le bon moment est primordial pour assurer l’efficacité

Les substances actives à action foliaires sont principalement appliquées après la levée des adventices. Suivant leur propension à se déplacer ou non dans la plante, elles sont réparties sous deux classes :

– la première classe regroupe les substances actives systémiques qui sont absorbées au niveau des feuilles et qui sont transportées par la sève vers les sites d’action ;

– la seconde classe concerne les matières actives de contact  : elles ne se déplacent que très peu dans la plante puisqu’elles agissent là où elles atteignent la plante.

Pénétration dans la feuille

Dans les deux cas, la première étape est la pénétration dans la feuille. Comment cela se passe-t-il ? Quels sont les facteurs qui influencent cette pénétration ? Pour y répondre, il convient de rappeler quelques notions élémentaires de botanique.

La surface des parties aériennes des plantes est recouverte d’une couche protectrice lipidique (hydrophobe) extracellulaire : la cuticule, à laquelle peuvent s’ajouter des stomates et des poils. D’épaisseur variable selon les végétaux, le développement de la cuticule est favorisé si les plantes croissent sur un sol sec, si l’humidité relative est faible et si la plante est en état de déficit hydrique.

Cette couche est constituée d’un polymère : la cutine et des cires incluses et épicuticulaires sur sa face externe. La production de cire est activée par l’augmentation de flux d’énergie lumineuse, la diminution de l’humidité relative de l’air et de la teneur en eau du sol. Elles permettent de limiter les pertes d’eau par transpiration et sont donc une forme de défense à la dessiccation.

Rétention de la bouillie de pulvérisation

La première étape dans l’action d’un herbicide appliqué sur le feuillage consiste en l’interaction entre la bouillie et la surface des végétaux. Elle dépend de facteurs relatifs à la pulvérisation (diamètre, vitesse et composition des gouttes) et de paramètre liés à la plante (mouillabilité de la surface, morphologie des feuilles, présence de poils).

Le stade de développement ou le stade de l’organe est un paramètre qui affecte également la rétention. Lorsqu’une feuille émerge du bourgeon, sa surface foliaire est pratiquement dépourvue de cires épicuticulaires. La cutine nue d’un organe jeune est très mouillable. Par la suite, la feuille grandit, les cellules épidermiques synthétisent des cires qui contribuent à diminuer la mouillabilité. En conséquence, traiter sur une plante jeune (2-3 feuilles) revient à appliquer la bouille sur des surfaces très mouillables.

Pénétration à travers la cuticule

La seconde étape dans l’action d’un herbicide appliqué sur le feuillage est la pénétration des matières actives à travers la cuticule. Contrairement aux idées reçues, les stomates ne constituent pas la principale voie d’entrée.

La cuticule, même si elle est de nature très lipophile, ne reste pas imperméable et constitue, elle, la principale voie de pénétration foliaire. Selon la littérature, le mécanisme pour le transfert des pesticides et autres solutés à travers la cuticule est la diffusion, phénomène au cours duquel la concentration du soluté dans la paroi interne de la cuticule tend à égaler la concentration à l’extérieur.

La perméabilité de la cuticule, de par sa grande diversité structurale et chimique, est très variable selon les espèces.

Pénétration dans les organes végétaux

La pénétration des herbicides dans les organes végétaux dépend principalement de trois ensembles de facteurs.

– le premier est lié à la plante et plus particulièrement à la barrière cuticulaire. Dans ce cas, outre la perméabilité de la cuticule qui est variable entre les espèces, la présence de cires constitue assez généralement une barrière difficile à franchir. Au cours du développement d’une feuille, la production de cires épicuticulaires s’accompagne généralement d’une diminution de la perméabilité aux herbicides. Ceci permet de comprendre pourquoi les jeunes plantules, avec des feuilles en croissance et revêtues d’une cuticule relativement perméable, sont souvent plus sensibles aux herbicides de postémergence que les plantes âgées dont la plupart des feuilles ont terminé leur développement.

– le second est lié à l’herbicide et fait intervenir les propriétés physicochimiques de la matière active, les additifs et la répartition des dépôts à la surface du végétal.

– le troisième comprend les conditions climatiques au moment du traitement. Elles ont un effet déterminant sur l’absorption foliaire des herbicides. Cette absorption est plus importante lorsque l’air est humide. En permettant le maintien d’une certaine hydratation du dépôt de l’herbicide mais aussi de la cuticule, les fortes humidités relatives assurent les meilleures conditions de pénétration et de diffusion dans la plante. Sous ces conditions, le dessèchement des gouttes pulvérisées est aussi limité.

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