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IBR, la Fédération Nationale du Commerce de Bétail et Viande plaide pour la vaccination

La filière bovine est en pleine mutation. Malgré des prix à la hausse, les effectifs bovins s’érodent de manière continue depuis de nombreuses années et les vocations de jeunes éleveurs, jeunes vétérinaires ou de jeunes marchands se font plus que rares.

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Cette évolution semble irréversible tant le niveau de contraintes devient disproportionné eu égard à une rentabilité au ras des pâquerettes, voire négative. Il est temps que l’ensemble des intervenants du secteur prenne conscience de la gravité de la situation. Beaucoup scient la branche sur laquelle ils sont assis sans s’en rendre compte !

La saga IBR qui a alimenté les conversations et la presse agricole ces derniers jours en est encore un bel exemple. Le commerce de bétail a été stigmatisé suite à une contamination aussi regrettable qu’accidentelle qui sert aujourd’hui d’argument pour de nouveau augmenter les coûts et les contraintes pour le commerce.

Ne se trompe-t-on pas de cible et de solutions ? Est-il vraiment nécessaire de sacrifier ce qui reste du commerce d’animaux vivants pour obtenir un statut indemne européen sans vaccination ? La FNCB pense que la précipitation est mauvaise conseillère.

Revenons sur les faits. Un animal I3 s’avère positif lors de son arrivée dans un troupeau de commerçant. Tout portait à croire qu’il s’agissait d’un faux positif puisque l’animal provenait d’un cheptel indemne et, alors que l’animal était isolé, une contre-analyse est lancée. Avant la confirmation de ce résultat positif, d’autres animaux ont quitté l’exploitation. Ils se sont avérés négatifs dans un premier temps mais plusieurs sont devenus positifs par la suite. Ceci est certes regrettable et le commerçant concerné en est littéralement malade.

Les leçons de cette mésaventure sont évidentes :

1. La transmission de l’IBR dans un troupeau naïf non vacciné est comparable à l’allumage d’un feu de paille ou d’une traînée de poudre.

2. Malgré l’existence de statuts, des recontaminations non expliquées ont cours actuellement et des animaux positifs non connus circulent encore alors que, sur base de leur statut, ils sont théoriquement indemnes.

Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Détruire le commerce d’animaux vivants est-il vraiment une solution ? C’est pourtant à cette mise à mort que nous allons arriver très rapidement si cela continue. Tout va dans le même sens : les ONG du bien-être animal qui veulent interdire les transports de plus de 8 heures sans le moindre argument scientifique, les Hollandais qui veulent taxer les bovins pour diminuer les émissions de CO2, le marché de Ciney harcelé par l’Afsca qui voit ses effectifs fondre comme neige au soleil, l’Arsia qui veut imposer la dématérialisation des passeports par tous les moyens, la prochaine réglementation IBR et l’encouragement par nos politiques de l’engraissement dans les fermes de naissance sont autant d’éléments qui ont la même conséquence. Bonne ou mauvaise, une chose est sûre : la direction est clairement choisie.

Dans ce contexte, la FNCB veut rappeler :

1. C’est la diminution du nombre de bovins mais aussi la concurrence entre acheteurs qui fait actuellement remonter les cours des animaux. Cette hausse est visible et quantifiable en premier lieu sur les marchés.

2. Dans un pays exportateur comme la Belgique, la demande des exportateurs est un élément fondamental pour la formation des prix. Pour cela, les marchés sont des outils essentiels.

3. Croire que nous pourrions remplacer nos exportations d’animaux vivants par l’exportation de viande est une grande illusion. Le client est roi et ce qu’il ne trouvera pas chez nous, il le trouvera ailleurs.

4. Si des bovins positifs à l’IBR existent encore chez nous, ce n’est pas uniquement parce qu’ils ont été transportés, c’est d’abord parce que dans certaines exploitations (certes très minoritaires) les mesures adéquates n’ont pas été prises après plus de 10 ans de lutte. On ne vise évidemment pas les malheureuses victimes de recontaminations accidentelles.

5. Si une ferme est recontaminée par l’IBR, c’est peut-être parce qu’elle a acheté un animal positif mais certainement aussi parce qu’elle n’a pas respecté la règle de la quarantaine.

6. Grâce à la vaccination obligatoire, la Belgique a avancé très vite et très loin vers une éradication de l’IBR. Vouloir interdire la vaccination des troupeaux indemnes à un moment où des foyers réapparaissent, c’est probablement la garantie d’un retour en arrière très coûteux. Cet avis est partagé par un grand nombre de vétérinaires de terrain.

7. Certaines exploitations, certains éleveurs et certains terroirs sont plus propices à l’élevage ou à l’engraissement. Le transfert d’animaux vivants maigres des zones herbagères vers les zones de grande culture mis au point par nos grands-parents répond à une logique économique et écologique. Chaque exploitation est différente et l’engraissement sur le lieu d’élevage n’est pas toujours la solution optimale. Pour éviter de transporter un kg de bovin vif, il faut transporter 5 kg d’aliments, ne l’oublions pas.

En conclusion, la FNCB veut rappeler que la lutte contre l’IBR est un défi de filière. Les marchands sont d’accord de prendre leurs responsabilités et d’améliorer ce qui peut l’être. De nombreux progrès ont déjà été faits quant à la traçabilité sur les marchés et les étables de négociants.

Par contre, ils refusent d’être stigmatisés comme seuls responsables des recontaminations actuelles et rappellent que contre la propagation du virus de l’IBR la vaccination est une arme efficace qui a fait ses preuves. Elle devrait pouvoir être maintenue dès que l’exploitant ou son vétérinaire estime qu’il y a un risque.

Pour la FNCB, B. Cassart

, Secrétaire

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