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Des avancées sur la stratégie «De la fourche à la fourchette»

Les députés des commissions de l’Environnement et de l’Agriculture du parlement européen ont adopté à une large majorité leur projet de rapport sur la stratégie « De la fourche à la fourchette », validant les 48 amendements de compromis qui avaient été préparés en amont du vote.

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Le texte était porté par deux eurodéputés d’obédiences politiques pourtant très divergentes, le démocrate-chrétien italien Herbert Dorfmann pour la Comagri, et la Néerlandaise Anja Hazekamp issue du groupe confédéral de la gauche unitaire pour la Comenvi.

Dans les amendements de compromis, les parlementaires insistent sur la production agricole à faible densité et ses multiples effets positifs sur l’environnement et la conservation des paysages culturels (protection des zones rurales contre le dépeuplement et l’abandon, atténuation du changement climatique, restauration de la biodiversité).

Pesticides et protection des pollinisateurs

S’ils ont rappelé que l’UE disposait de l’un des systèmes les plus stricts au monde en matière de normes, les eurodéputés réclament néanmoins une amélioration de la procédure d’approbation des pesticides et un meilleur contrôle de leur mise en œuvre.

Ils s’inscrivent en faveur d’objectifs contraignants de réduction de leur utilisation qui devraient être mis en œuvre par les États membres lors de la révision de leurs plans stratégiques de la PAC.

Ils demandent à la commission d’élaborer un plan visant à minimiser les intrants synthétiques dans l’agriculture et aux États membres d’effectuer un suivi systématique de la biodiversité sur les terres agricoles, y compris les pollinisateurs.

Les députés ont également demandé récemment des objectifs contraignants en matière de biodiversité.

Le rapporteur Herbert Dorfmann a souligné l’excellent travail des agriculteurs européens mais « lorsque nous leur demandons, à juste titre, de réduire encore leur utilisation de pesticides, d’engrais et d’antibiotiques, nous devons les aider à assurer leur viabilité économique afin que la production ne soit pas simplement transférée en dehors de l’UE » a-t-il insisté, ajoutant que « garantir la disponibilité des aliments à des prix raisonnables doit rester une priorité ».

Les députés ont réitéré la demande du parlement à la commission de veiller à ce que la révision du guide apicole aboutisse à une protection des abeilles au niveau prévu par le document-guide apicole de l’Efsa de 2013, conformément à son objection du 23 octobre 2019.

Les députés remettent en avant le paquet « Fit-For-55 »

Les députés reconnaissent le rôle important joué par l’agriculture et la sylviculture contre le changement climatique.

Ils rappellent la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre en visant notamment un renforcement des puits de carbone.

Ils estiment que le paquet « Fit-For-55 » présenté en juillet de cette année dans le but de concrétiser le Pacte Vert voté en décembre 2019, doit réglementer et fixer des objectifs ambitieux pour les émissions provenant de l’agriculture et de l’utilisation des terres qui y sont liées.

Harmonisation au niveau du bien-être animal

Selon les députés, il est nécessaire de disposer d’indicateurs communs fondés sur des données scientifiques en matière de bien-être animal afin de garantir une plus grande harmonisation dans l’UE.

Ils conviennent également de la nécessité pour la commission d’évaluer la législation européenne actuelle pour voir si des changements sont nécessaires.

Ils réitèrent leur appel à la commission pour qu’elle présente une proposition visant à supprimer progressivement l’utilisation des cages dans l’élevage européen à l’horizon 2027.

À moins que les normes de production animale des pays tiers ne soient alignées sur celles de l’UE, les eurodéputés ont marqué leur opposition aux importations de produits animaux en provenance des pays qui ne les respecteraient pas.

Sachant que les agriculteurs ont un revenu plus faible que les autres opérateurs de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et que le reste de l’économie, les députés invitent la commission à redoubler d’efforts, y compris par l’adaptation des règles de concurrence, pour renforcer leur position dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire, afin qu’ils puissent obtenir une part équitable du bénéfice des aliments produits de manière durable.

Les députés ont rappelé que l'agriculture biologique sera un élément important de la voie de l'UE vers des systèmes alimentaires plus durables et soutiennent l'ambition d'augmenter la superficie des terres biologiques de l'UE d'ici 2030.

Le développement et la croissance du secteur biologique, ont-il insisté, doivent s'accompagner d'une évolution du marché et de la chaîne d'approvisionnement.

S’éloigner de l’élevage intensif et des monocultures

Enfin, les députés estiment que les règles des marchés publics devraient également être modifiées pour encourager la production alimentaire durable, y compris les aliments traditionnels et typiques avec des indications géographiques.

Pour la rapporteure néerlandaise Anja Hazekamp, le document du parlement propose des mesures concrètes pour « ramener notre système alimentaire dans les limites de la planète, en garantissant le bien-être des personnes, des animaux et de l’environnement ».

Pour ce faire, a-t-elle poursuivi à l’issue du vote, « il convient de stimuler la production alimentaire locale et de s’éloigner des modèles agricoles non durables, tels que l’élevage intensif et les monocultures à forte utilisation de pesticides ».

Enfin, et non sans surprise pour la représentante du groupe de La Gauche, elle a rappelé la nécessité de mettre fin à la ratification de l’accord UE-Mercosur.

Marie-France Vienne

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