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Silly, le cœur escargot

On dirait le sud, le temps dure sûrement plus longtemps, et presque toujours en été. Silly, Nino l’aurait peut-être chantée, on pourrait y vivre plus d’un million d’années. Tout au long de la semaine, cette discrète cité rurale fera rayonner de tous ses feux le « Slow Food ». Une attitude, une philosophie, un art de vivre…

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Silly son calme, son charme et sa lenteur, dont la réputation du « bien vivre » a depuis de nombreuses années franchi les frontières de la Wallonie. C’est que cette petite bourgade hennuyère qui s’étend sur 6.788 ha dont 80 % d’agriculture et 8 ha de forêts, est estampillée « Slow Food », ce mouvement international lancé en 1986 par le chroniqueur gastronomique italien Carlo Petrini.

Elle est aussi la première commune belge à avoir adhéré à la philosophie internationale « Cittaslow », le « Réseau des Villes lentes ».

Du « fast » au « slow-food »

Cette année-là, la chaîne de restauration rapide McDonald’s s’apprête à installer un « fast-food » sur l’emblématique Place d’Espagne de Rome.

Une hérésie pour le sociologue piémontais et ses collègues de la société gastronomique italienne « Arcigola » qui jettent, en réaction, les bases du mouvement « Slow Food » et décident de son emblème. Ce sera un escargot. « Parce qu’il est lent et délicieux » argument-ils à l’époque.

Un petit air de Toscane

C’est en se rapprochant puis en se liant par un accord de jumelage avec la petite commune « slow food » toscane de San Miniato, que la ville du Hainaut fonde, en 2005, son propre « convivium », soit une communauté de citoyens, de consommateurs, de bénévoles qui s’inscrivent dans des activités et projets visant à développer une alimentation saine et équilibrée. Il prendra la forme d’une Asbl et se dénommera ainsi « Les Saveurs de Silly », explique Sabine Storme, présidente passionnée du « convivium ».

L’étape suivante sera l’adhésion à la philosophie « Cittaslow » ou « commune du bien-vivre » en 2008, un label international des communes qui s’efforcent d’améliorer la qualité de vie de ses concitoyens.

Éloge de la lenteur

Le concept de « Cittaslow », né en 1999 à l’initiative de plusieurs maires italiens, met en lumière une notion du temps trop souvent oubliée dans l’analyse des politiques urbaines.

La charte « Cittaslow » s’articule autour de 70 recommandations et obligations, réparties dans sept domaines. Les communes qui y adhèrent doivent mettre en valeur leur patrimoine urbain historique en évitant la construction de nouveaux bâtiments.

Elles doivent également s’engager à réduire leur consommation énergétique et à faire la promotion des technologies écologiques. Aussi, le label leur impose de multiplier les espaces verts et les transports en commun ou non polluants.

Les « villes lentes » doivent exclure au maximum les OGM dans l’agriculture et multiplier les zones piétonnes. Autant d’actions qui s’inscrivent dans une politique de résilience urbaine, où bien-être et conscience environnementale sont les maîtres mots. Cette philosophie développe en outre la mixité de compétences au sein d’une même population.

Pionnière en la matière, Silly peut se targuer de son titre de capitale « Cittaslow belge » qui compte également dans son giron les communes d’Enghien, Chaudfontaine, Lens, Estinnes, Maaseik et Jurbise. Bauvechain et Herve, précise Sabine Storme, finalisent leur dossier pour rejoindre le réseau.

Comme toutes les villes qui s’inscrivent dans cette dynamique, elle s’est engagée à promouvoir un rythme de vie plus lent pour permettre à ses concitoyens de profiter de façon simple et agréable de leur environnement.

L’escargot,  l’emblème du  «Slow Food» : «parce qu’il est lent et délicieux » ont justifié les initiateurs de cette philosophie du bien-vivre.
L’escargot, l’emblème du «Slow Food» : «parce qu’il est lent et délicieux » ont justifié les initiateurs de cette philosophie du bien-vivre. - M-F V.

Cheville ouvrière du « convivium », un terme signifiant « vivre ensemble », et qui est à la source du mot français « convivialité », Sabine Storme travaille au développement et à la stimulation de l’économie locale ainsi qu’à la mise en valeur des producteurs de la commune. Les grandes missions du « Slow Food International » unissent le plaisir et la responsabilité.

Le « Slow Food » développe une approche de l’agriculture, de la production alimentaire et de la gastronomie qui s’appuie sur un concept de qualité défini par trois principes : bon (au niveau du goût, de la fraîcheur et de la stimulation des sens), propre (une production respectueuse de l’environnement et qui ne porte pas atteinte aux ressources de la terre) et juste (qui promeut une nourriture respectueuse de la justice sociale, offrant une rémunération correcte des producteurs).

Sensibilisation des agriculteurs

La commune a commencé par rassembler les producteurs et à sensibiliser à la diversification les agriculteurs installés sur son territoire et à sa lisière.

« Une démarche payante puisque le « convivium » compte aujourd’hui non moins de 35 producteurs », développe Sabine Storme en indiquant qu’il « rassemble des personnes d’horizons divers puisqu’on y retrouve aussi bien des enseignants, des retraités, des juristes, que des acteurs issus du monde public et privé ».

Le « convivium » vise à favoriser les échanges et les partages d’expériences entre les producteurs locaux. « Le but est que chacun d’eux puisse évoluer positivement dans sa production, l’améliorer et l’intégrer au niveau de la collectivité scolaire et communale » développe sa présidente.

Une synergie avec l’ensemble des services de la commune

Le « convivium » a initié et organise chaque année, en collaboration avec le syndicat d’initiatives et le service culturel de la commune une « Balade des saveurs » qui se déroule traditionnellement le 1er mai.

Il participe encore, à la fin du mois d’août, au « Trail des 3S » (pour sport, saveurs, Silly) de 7 km, 14 km ou 21 km, organisé par le service des sports et de la jeunesse, à l’issue duquel il organise un petit marché « Slow Food » mettant en valeur les productions locales.

Silly, la ville qui «se mange» : on y retrouve un peu partout  des bacs de plantes aromatiques en libre accès.
Silly, la ville qui «se mange» : on y retrouve un peu partout des bacs de plantes aromatiques en libre accès. - M-F V.

Le « convivium » est également associé au festival « Théâtre au Vert » pour lequel il fournit les repas sous forme de produits locaux.

Durant la « Semaine Slow Food », il distribue des collations aux élèves et sollicite les enseignants pour la réalisation de projets dédiés à l’alimentation. « Les écoles de la commune sont d’ailleurs très engagées, elles ont développé des potagers intergénérationnels, certaines ont même un poulailler », déroule Sabine Storme.

Enfin, il est présent sur les foires locales, provinciales et régionales.

Silly est en quelques sortes une « ville qui se mange » puisqu’elle est parsemée de petits et grands bacs de plantes aromatiques mis à disposition des habitants.

Marie-France Vienne

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