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Croissance laitière ralentie dans les grands bassins exportateurs

La croissance de la production laitière s’est effondrée dans l’ensemble des grands bassins laitiers au troisième trimestre. Malgré un prix du lait bien orienté, les éleveurs sont dans l’ensemble confrontés à la hausse des aliments achetés et dans certains pays à des conditions climatiques moins favorables.

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Aux États-Unis, la croissance de la production laitière a nettement ralenti : de +5 % en mai à +1 % en août. Les élevages laitiers ont subi une forte dégradation de la marge alimentaire qui a été divisée par deux en l’espace d’un an, pour tomber à 116 $/t en août 2021, si bien qu’elle se rapproche du seuil de déclenchement de l’assurance marge alimentaire (88 $/t).

Cette dégradation tient essentiellement à la flambée des coûts alimentaires qui ont bondi de +56 % en un an. Dans le même temps, le prix du lait à la production a moins varié. Il a surtout baissé depuis mai 2021, de -36 $/t en 3 mois, à 390 $/t en août 2021 en lien avec le tassement des cours mondiaux. Dans les prochains mois, il pourrait en revanche de nouveau s’apprécier au regard de la forte remontée des cours des ingrédients laitiers.

La production laitière supplémentaire est surtout transformée en produits frais et en fromages (+3,4 % par rapport à 2020 sur 8 mois) principalement destinés au marché intérieur où la forte reprise économique et la réouverture du Food service ont stimulé la demande en produits finis. Dans le même temps, les fabrications de poudre maigre sont stationnaires sur les huit premiers mois de 2021, tandis que celles de beurre ont légèrement reculé de -2 % /2020.

Malgré cela, la filière étatsunienne a renforcé ses positions sur le marché mondial des ingrédients laitiers, grâce à de stocks très conséquents fin 2020.

Reprise stoppée en Nouvelle-Zélande

En Nouvelle-Zélande, la fin de campagne 2020/2021 avait été très dynamique grâce à des conditions climatiques très favorables à la pousse de l’herbe et à un prix du lait stimulant qui a incité les éleveurs à distribuer davantage de concentrés.

La nouvelle campagne 2021/2022 connaît un début chaotique. Elle avait débuté en fanfare, en juin et juillet, grâce à un hiver exceptionnellement doux (températures supérieures de +1 à +2 % à la moyenne) et plutôt humide (avec des précipitations exceptionnellement abondantes).

Puis en août, elle a été stoppée net dans son élan avec une évolution négative (-5 % par rapport à 2020), malgré un prix du lait payé stimulant. Les éleveurs ont perçu 608 NZ$/t de juin à août soit 25 % de plus qu’au début de la précédente campagne, soit 360 €/t de lait (+33 % par rapport à 2020 en raison de la légère appréciation de la monnaie néozélandaise sur l’euro).

Peu avant le début de la nouvelle campagne 2021/22, Fonterra a annoncé sa fourchette de prévision de prix du lait à la production s’étalant de 7,25 à 8,75 NZ$ par kg MS, avec un point médian record de 8,0 NZ$ par kg MS. La large fourchette de prix peut s’expliquer par les incertitudes sur l’évolution de la conjoncture laitière sur la scène internationale dans les mois à venir. Sur la campagne écoulée, les livreurs adhérents à Fonterra ont finalement reçu 7,74 NZ$/kg de MS, dont 0,20 NZ$/kg de dividende, soit 380 €/t de lait avec 90 g de matière utile.

L’évolution de la production laitière s’annonce incertaine, malgré le très bon prix du lait. D’une part, le prix des intrants, notamment des aliments concentrés, s’est fortement renchéri. Ensuite, les élevages manqueraient de main-d’œuvre suite aux mesures sanitaires très restrictives qui ont stoppé l’afflux de main-d’œuvre étrangère, essentielle au fonctionnement de nombreux élevages. Enfin et surtout, les conditions climatiques demeurent un facteur déterminant sur la production laitière. Les météorologistes néozélandais prévoient des conditions climatiques modérément favorables à la pousse de l’herbe : des températures au moins égales à la normale, mais des précipitations probablement moins abondantes. Auquel cas la production printanière (4e trimestre 2021) pourrait au plus égaler le niveau de 2020 à pareille époque.

Nouveau trou d’air en Australie

En Australie, la production laitière connaît aussi un début de campagne difficile. Elle a reculé en juillet et août de -3,5 % /2020, après avoir retrouvé le chemin de la croissance à l’issue de la campagne précédente (+1 % /2019-2020). L’hiver austral particulièrement humide aurait pénalisé la production. Des perspectives climatiques plus favorables sont attendues pour le printemps austral : de bonnes précipitations, une pousse de l’herbe plutôt favorable qui peuvent permettre aux éleveurs de limiter les achats de concentrés devenus très chers. Toutefois l’éventuelle reprise de croissance s’annonce modeste et les disponibilités supplémentaires pèseront peu sur l’équilibre des marchés mondiaux.

Production dynamique en Argentine et Uruguay

En Argentine, La production laitière demeure vigoureuse (+3,5 % par rapport à 2020 depuis avril), mais à un rythme ralenti comparé au 1er trimestre (+6 % par rapport au 1er trimestre 2020). La hausse des coûts alimentaires, plus rapide que celle du prix du lait, freine la croissance de la production qui bénéfice de bonnes conditions climatiques. Les exportations sont bien globalement bien orientées. Celles de poudres grasses se maintiennent à un haut niveau, tandis que celles de formages ont progressé de +25 % à 41.000 t sur 7 mois. La fermeté de la demande extérieure soutient le prix du lait, malgré la demande intérieure toujours atone. Le rythme de la production se maintiendra si les conditions climatiques demeurent correctes durant le printemps et l’été austral.

En Uruguay, la production laitière est encore plus dynamique qu’en Argentine, en hausse de +6 % par rapport à 2020 sur les huit premiers, grâce à un prix du lait stimulant et une très bonne année fourragère. Avec des systèmes basés sur le pâturage, les éleveurs sont peu touchés par la flambée des cours des grains.

Une progression de la production agrégée modeste

En somme la production agrégée des principaux bassins laitiers excédentaires a modestement progressé en juillet et août (+0,4 %), comparée au rythme élevé au 1er semestre de +2 % par rapport à 2020. Cette croissance ralentie pourrait se prolonger dans les prochains mois, avec des aliments qui demeureront chers. Les disponibilités en ingrédients laitiers seront limitées dans les prochains mois et insuffisants pour satisfaire la demande mondiale plutôt ferme. Auquel cas, Dans ce cas on peut s’attendre à de substantielles remontées des cours des ingrédients laitiers et en second lieu du prix du lait à la production.

D’après Tendances Lait et Viande (Idele)

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