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Évaluation des stocks belges de pommes de terre: Fontane domine la production

L’évaluation des stocks en cours de commercialisation reste un élément de première importance pour appréhender l’évolution des marchés. Pour la 25e fois consécutive, une enquête est menée par la Fiwap, le Carah et Inagro/PCA auprès de 207 producteurs belges de pomme de terre. En Wallonie, 79 agriculteurs ont accepté et ont eu la possibilité de répondre à l’enquête. En Flandre l’enquête a permis de contacter 124 producteurs de pomme de terre de consommation.

Temps de lecture : 8 min

Sur base des estimations d’emblavements 2021 en Wallonie (39.723 ha de pommes de terre de consommation – chiffres SPW, déclarations PAC), le taux d’échantillonnage de l’enquête téléphonique est de 16 % de la surface totale cultivée en pomme de terre de consommation en Wallonie.

Podium variétal confirmé

En Wallonie

En variétés industrielles, Fontane poursuit sa progression avec plus de 55 % des surfaces. Elle est produite par deux tiers des producteurs enquêtés. Elle relègue loin derrière Innovator (11 % des surfaces, en recul) et Challenger (11 %, stable). Bintje (7 %) et Markies (6 %) se maintiennent difficilement. Lady Claire est rejointe par Heraclea à +/- 1 %. Toutes les autres variétés occupent moins de 0,6 %, avec une série de nouveautés : Kingsman, SCH1001 (chips), Amani, Edony, Efera, Austin… Par contre, Risoletto, Maverick ont disparu de la production des producteurs enquêtés.

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En variétés du marché du frais : Alegria, Annabelle, Jazzy, Nicola et Charlotte dominent sans surprise, suivies par Jelly et Allians. Plusieurs variétés robustes apparaissent (en bio) : Ecrin, Zen, Muse et Tentation.

Selon l’enquête, moins de 2 % des surfaces en Wallonie restaient à récolter au 15 novembre, soit moins de 800 ha, dont 0,6 % (soit +/- 250 ha) considérés comme perdus.

La production wallonne de pommes de terre de conservation 2021 est sous contrat à hauteur de 76 %. C’était 84 % l’an dernier, et 71 % en 2019. La moyenne des 5 dernières années s’élève à 74 %. Par rapport à l’an dernier, les rendements plus élevés réduisent la part contractée par apport de tonnes libres. Rappelons aussi que la hausse des prix des contrats n’a pas été jugée suffisante par une partie des producteurs, ce qui a contribué à une moindre contractualisation (ainsi qu’au recul conséquent de surface). Cette année, Bintje est contractée à 61 %, Challenger à 71 %, Fontane à 77 % et les autres variétés de conservation à 77 % également.

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En Flandre

Le PCA/Inagro a contacté 124 agriculteurs, pour 4.166 ha, soit 8,4 % de la surface totale des pommes de terre de consommation. Les hâtives montrent à nouveau une baisse des surfaces qui ramène leur superficie à 6.300 ha contre 7.200 ha l’an dernier ; Amora domine le segment, devant Première.

En variétés de conservation, le trio de tête est dominé par Fontane (59 %, comme l’an passé) largement devant un quatuor stable composé de Challenger (7 %), Innovator (6 %), Bintje (6 %), et Markies (6 %). Viennent ensuite Felsina (4 %) et SH 909 (2 %). Les variétés pour le marché du frais restent très marginales.

La production flamande de pommes de terre de conservation est contractée à seulement 62 % (toutes variétés), contre 71 % l’an dernier, 62 % en 2019 et 66 % en moyenne des 5 dernières années. Bintje est contractée à 53 %, Fontane à 60 % et les autres variétés de conservation à 68 %, tous ces pourcentages étant en baisse par rapport à l’an dernier.

Au 15 novembre il restait environ 1,7 % des surfaces à récolter en Flandre, soit +/- 765 ha, dont 0,2 % (moins de 100 ha) considérés comme définitivement perdus.

Selon l’enquête, 69 % du volume produit en Belgique en variétés de conservation est contracté. C’est moins que l’an dernier (77 %) et plus qu’en 2019 (66 %). Fontane est contractée à 68 %, Innovator à 75 %, Challenger à 66 %, Bintje à 57 % et les autres variétés en moyenne à 75 %. Tous ces pourcentages sont en baisse (de 5 à 10 %) par rapport à 2020.

Production belge 2021 brute : 4,24 millions de t

Compte tenu des proportions de surfaces et des rendements par variétés principales, la production brute totale 2021 de pomme de terre de consommation belge (hâtives comprises) est estimée à 4,24 Mt (voir tableau 3), en baisse de 90.000 tonnes (soit -2,1 %) par rapport à l’an dernier. Elle est supérieure à la moyenne des 3 dernières années (4,07 Mt), et similaire à la moyenne des 5 dernières années (4,26 Mt).

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Le rendement moyen brut 2021 sortie champ (hâtives comprises) est évalué à 47,3 t/ha, plus élevé que les 3 dernières années (moyenne de 42,2 t/ha) et que la moyenne des 5 dernières saisons (44,8 t/ha). Notons aussi que l’enquête confirme des rendements moyens meilleurs en Flandre qu’en Wallonie, en particulier en Bintje (5 t/ha). Toutes variétés de conservation confondues le rendement moyen en Flandre (48,7 t/ha) est supérieur de 2 t/ha à celui en Wallonie (46,7 t/ha). Les parcelles de référence suivies en culture avaient mis en évidence une différence plus importante.

La production 2021 de hâtives est évaluée à 270.000 tonnes, et celle de Bintje à seulement 230.000 tonnes (voir tableau 4). Fontane fournit près de 55 % de la production belge.

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Rendements bruts sortie champ

Attention que le rendement indiqué correspond au rendement brut sortie champ. Le suivi des parcelles de référence a montré la présence régulière de défauts tels que cœurs creux, crevasses de croissance et pourritures humides ou sèches (mildiou). Les pertes en stockage dues à la présence régulière de tubercules humides (signalés en Fontane notamment) pourraient être plus élevées que la normale. À suivre dans les prochains mois…

Estimation des stocks au 15 novembre

Toutes variétés confondues, les stocks belges au 15 novembre sont estimés à 3,26 Mt, très semblable aux 2 dernières années. La moyenne des 3 dernières saisons est de 3,02 Mt (dû à la faible production 2018), et celle des 5 dernières années à 3,15 Mt. Le stock actuel représente 80 % de la production brute initiale, très similaire aux moyennes pluriannuelles. La part contractée étant plus faible, le stock libre s’élève à 990.000 tonnes contre 760.000 t l’an dernier et 1,11 Mt en novembre 2019. Les marchés ont dégagé depuis le début de saison environ 710.000 tonnes, dont 250.000 tonnes achetées en libre (chiffre identique à 2019 mais supérieur à l’an dernier (170.000 t). Les prix corrects sur le libre en sortie champ ont donc suscité des ventes conséquentes.

Fontane : Avec plus de 2,0 Mt, le stock actuel de Fontane est comparable à l’an dernier. La moyenne pluriannuelle de 3 ans est de 1,59 Mt. Comme les 2 dernières années, environ 240.000 tonnes de Fontane ont été dégagées depuis le début de la récolte (dont 100.000 en libre). Les stocks actuels représentent 90 % de la production initiale (très comparable aux 3 dernières saisons) et sont essentiellement contractés (62 % contrats, 28 % libre).

Innovator : Selon l’enquête, il y avait 260.000 t d’Innovator dans les hangars belges au 15 novembre, dont seulement 180.000 t sous contrat, et 80.000 t libres. Les faibles rendements ces dernières années ont fait baisser les surfaces 2021 (-26 % !). La contractualisation a été moindre, et le rendement meilleur cette année (+ 9 % par rapport à 2020) apporte plus de tonnes libres. Le stock actuel représente 80 % de la production initiale (contre 60 % l’an dernier), en ligne avec les années 2017 à 2019.

Challenger : Comparé à l’an dernier, la baisse de surface est compensée par le meilleur rendement (+7,8 t/ha !). Les stocks actuels sont estimés à 290.000 tonnes contre 250.000 t en novembre 2020. Ils représentent 72 % de la production initiale (c’est plus que l’an dernier (64 %) et comparable aux 3 années précédentes) mais sont moins contractés (23 % libre, 49 % sous contrat). Les volumes libres sont évalués à 90.000 tonnes. Les marchés ont dégagé jusqu’ici 110.000 t, dont 40.000 t en libre et 70.000 t sous contrat.

Bintje : le stock de Bintje au 15 novembre est estimé à seulement 210.000 t, dont 120.000 t sous contrat, et 90.000 tonnes libres. C’est à nouveau un peu moins que l’an dernier (stocks de l’ordre de 230.000 tonnes). Ils représentent 90 % de la production initiale. Il y aurait eu très peu de dégagement depuis le début de la saison.

Autres variétés (à frites, à chips et variétés du marché du frais) : au 15 novembre, on estimait leur stock à 410.000 tonnes (soit 60 % de la récolte initiale) contre 430.000 t l’an dernier et 500.000t de moyenne sur les 3 dernières saisons. Les volumes dégagés depuis le début des arrachages sont estimés à 280.000 tonnes (320.000 t l’an dernier). Les stocks actuels sont à 80 % contractés, c’est moins que l’an dernier (86 %), ce qui ne laisse que 90.000 tonnes de libre.

En bref

Au moment de l’enquête, de l’ordre de 1.500 ha à récolter (soit +/- 1,5 % des surfaces) restaient à récolter (soit entre 1.000 et 1.500 ha), dont environ 350 ha sont considérés par les producteurs comme définitivement perdus. Au rendement moyen des variétés de conservation (47,4 t/ha), cela représente une perte de production de l’ordre de 15.000 tonnes. La récolte belge 2021 peut donc être estimée à 4,24 Mt, en baisse de 1,9 % (soit 80.000 t) par rapport à la récolte 2020. Le meilleur rendement moyen (+2,5 t/ha) a quasi compensé la baisse de surface (-7.000 ha).

Dans la production belge, Fontane domine largement avec 2,31 Mt à elle seule (soit 55 %), suivie par Challenger (10 %), Innovator (8 %) et Bintje (5 %).

Le rendement moyen (hâtives comprises) atteint 47,3 t/ha, avec un rendement plus élevé en Challenger (54,2 t/ha) par rapport aux autres variétés (44 à 48 t/ha). Tout comme en 2019 et 2020, l’enquête a aussi confirmé les rendements meilleurs en Flandre qu’en Wallonie (précipitations mieux réparties et moins intenses / destructives en Flandre).

Les stocks au 15 novembre étaient évalués à environ 3,26 Mt, en ligne avec les années récentes. Depuis le début des arrachages, les marchés ont dégagé 980.000 t (hâtives comprises), soit 100.000 t de moins que l’an dernier et que la moyenne des 3 dernières années. Les stocks actuels restent majoritairement sous contrat, mais pour toutes les variétés et par rapport aux 3 dernières saisons, on identifie une proportion plus élevée de volumes libres. Cela résulte du meilleur rendement, et d’une moindre contractualisation initiale par les producteurs. La hausse des coûts de production, les difficultés techniques et/ou financières en matière de conservation suite au retrait du CIPC, et les risques climatiques croissants ont découragé certains producteurs à produire (d’où les surfaces en baisse) et/ou à signer des contrats dont les hausses de prix n’ont pas toujours été jugées suffisantes. Un signal fort vers l’industrie dont les besoins (hors crise sanitaire) restent en augmentation.

Globalement, et au vu de l’activité industrielle soutenue, et sous réserve de perturbations sanitaires majeures, les stocks belges semblent au minimum équilibrés avec les besoins des marchés.

D’après le Centre Pilote Pomme de terre

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