Accueil Voix de la terre

La présence des perturbateurs endocriniens dans notre quotidien et leur influence sur la santé

Dans le cadre d’une récente journée d’étude, la section provinciale liégeoise de l’Union des agricultrices wallonnes avait invité Anne-Simone Parent, pédiatre-endocrinologue à l’ULiège, en vue d’aborder la délicate question des perturbateurs endocriniens et de leur influence sur notre santé.

Temps de lecture : 3 min

Une hormone est une substance chimique biologiquement active, synthétisée par une cellule glandulaire et secrétée dans le milieu intérieur où elle circule… Elles ont des durées de vie courtes ou plus longues. Et, les perturbateurs endocriniens agissent sur les hormones !

Comment s’expose-t-on aux perturbateurs endocriniens et où se trouvent-ils ?

Il existe des perturbateurs endocriniens « non persistants », qui ne restent pas malgré que l’on y soit exposé quotidiennement, et d’autres qui sont « persistants », comme les PCB. On les inhale, on les ingère, ou ils entrent en contact avec notre peau.

Respiration de fumées d’incinération, d’isolation, émis par des surfaçants, des agents nettoyants, des pesticides, des insecticides, des herbicides, des fongicides, par le truchement de phyto-œstrogène, provenant des phtalates du plastique… Il existe 10.000 sources possibles d’exposition aux perturbateurs endocriniens.

Ajoutons encore les bougies parfumées, le Dafalgan, les cannettes (en raison de leur revêtement intérieur), les crèmes de soin, les dentifrices… Réchauffer ses aliments au micro-ondes, dans un récipient en plastique, accroît également notre exposition aux perturbateurs endocriniens.

Qui sont les sujets les plus à risque ?

Ce sont les enfants les plus fragilisés car que leur cerveau est en plein développement. Les perturbateurs endocriniens se fixent plus particulièrement sur les tissus graisseux comme l’hypothalamus, ce chef d’orchestre qui assure un rôle de contrôle de certaines sécrétions hormonales. Ils influencent également le développement de l’hippocampe, fortement dépendant des hormones.

Les premières années de la vie sont donc cruciales pour un enfant, en matière d’exposition aux perturbateurs endocriniens, tout comme la fin de la grossesse. Ce à quoi l’enfant est exposé conditionnera sa santé. Or, chaque enfant a déjà été exposé à plus de cent perturbateurs endocriniens.

Certaines études ont constaté qu’un enfant ayant été exposé pendant neuf années aux perturbateurs endocriniens a perdu dix points de Q.I. Et, en la matière, ce n’est pas la dose qui fait le poison car il n’y a pas de corrélation entre la dose et la contamination. Cela n’a pas de sens de dire qu’une dose infime ne serait pas dangereuse, selon ce que voudraient nous faire croire certains dont les lobbyistes. Ce qui fait le poison, c’est le moment, le mélange, et la précarité, soutient la professeure Parent.

On remarque que les effets des perturbateurs endocriniens sont encore détectés chez les individus pendant les trois générations suivantes ! Des problèmes de reproduction sont surtout mis en exergue mais la fonction thyroïdienne peut être atteinte également. Aussi, on a constaté que les jeunes hommes finlandais qui migrent en Suède conservent la prévalence du cancer testiculaire de leur pays d’origine, en raison de leur exposition aux phtalates.

De même, des fillettes dont la puberté est précoce présenteraient un risque plus élevé de développer un cancer du sein à l’âge adulte. Et dire que ces caractéristiques sont transmissibles aux générations suivantes !

Ce qui pourrait nous sauver

Le salut viendrait des produits sans parabène, des produits bios à privilégier, de la prédiction informatique, de développement de la chimie verte ou de l’établissement d’un testing efficace. Et, le sport ! Car on a remarqué que les souris de labo soumises aux perturbateurs endocriniens mais ayant une activité physique redéveloppent des neurones. Mais, d’accord, nous ne sommes pas des souris !

Maîtriser ce sujet complexe est pratiquement impossible mais rester vigilant et surtout prudent peut aider à tenir le cap.

Marlène André

A lire aussi en Voix de la terre

Noël au balcon, PAC au tison

Voix de la terre Les syndicats agricoles wallons ont passé les semaines qui ont suivi Noël au balcon, confortablement installés et curieux d’observer les agriculteurs européens se placer en ordre de marche pour crier au monde les graves difficultés qui les accablent. Polonais, Roumains, Allemands, Français… : chaque nation y allait de ses revendications personnelles. Fin janvier, nos confrères d’Outre-Quiévrain ont multiplié les appels du pied aux « Bèljeus » , pour qu’ils rejoignent le vaste mouvement de révolte paysanne. Les jeunes de la FJA, titillés dans leur amour-propre, ont répondu tout d’abord timidement, puis se sont piqués au jeu, retournant à la française les plaques des agglomérations, puis sortant enfin les tracteurs pour descendre dans les rues et monter sur les autoroutes.
Voir plus d'articles