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Le «Belgian Pietrain», pour réaffirmer son origine!

Si le porc piétrain jouit d’une énorme réputation à l’international, chez nous, ce patrimoine immatériel agricole risque de disparaître. Seuls 10 éleveurs perpétuent l’élevage de ce fleuron wallon, dont l’effectif ne cesse de régresser année après année ! Les collèges provinciaux du Brabant wallon et de Liège en collaboration avec l’Association wallonne de l’élevage, ont lancé, le 2 juin, le programme Belgian Pietrain qui vise la préservation de ce patrimoine.

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C’est à l’occasion de la sortie officielle de onze verrats de quarantaine en vue de leur acheminement vers le Centre d’insémination d’Argenteau (CPLPA), en province de Liège, que s’est tenu le lancement du programme « Belgian Pietrain ».

Ladite race est d’origine brabançonne. Ses qualités viandeuses ont fait sa renommée de par le monde où se produit de la génétique Piétrain. Cette dernière est issue des meilleures lignées travaillées par les quelques éleveurs wallons. « Les pouvoirs publics se doivent donc de les soutenir », estime la députée provinciale Isabelle Kibassa-Maliba. « Nous devons avant tout sauvegarder le Piétrain, promouvoir sa valeur ajoutée en matière d’exportation, valoriser le travail des éleveurs et surtout leur donner un cadre », a poursuivi la députée.

Rendre au porc wallon sa crédibilité

Pour Jean Lempereur, éleveur et président du Belgian Pietrain, si nombre de pays disposent de populations de Piétrain, ils les ont façonnés à leur manière, délaissant le nôtre, pourtant le bien-né, l’originale et l’authentique ! L’avenir des lignées wallonnes semble donc menacé, d’où la décision de préserver ce patrimoine génétique. « Mais, on ne peut sauver une race sans sauver les éleveurs ou initier de nouvelles vocations », estime-t-il !

Pour lui, il est clair que les races pures présentent un handicap économique par rapport aux races les plus répandues. Un frein qui doit donc être compensé par des aides aux producteurs. Mais jusqu’à présent, au vu du peu d’initiatives destinées à stimuler leur élevage, les pouvoirs publics ne se sont guère intéressés à la pérennité des races indigènes. Il voit donc dans l’initiative présentée, un début encourageant, même s’il faudra aller beaucoup plus loin pour rendre porc wallon sa crédibilité !

Un schéma

de sélection cohérent...

Et le programme est sur de bons rails puisqu’il s’appuie sur le savoir-faire et les outils des trois partenaires compétents.

Dans un premier temps, le projet vise la constitution d’un schéma de sélection cohérent et à la préservation à long terme du patrimoine génétique. Pour ce faire une sélection des meilleurs verrats se fait dans les exploitations wallonnes, par les éleveurs eux-mêmes réunis au sein de la commission Piétrain. Ils sont ensuite acheminés vers la Station de quarantaine porcine, située à Wavre. Au cours de leur séjour, les verrats sont contrôlés pour garantir un statut sanitaire élevé nécessaire pour leur passage à l’étape suivante.

Quelques semaines plus tard, les verrats sont transférés au CPLPA. Au cours de cette phase, de la semence des verrats va être collectée chaque semaine. Une partie de celle-ci sera conservée sous forme congelée dans l’azote liquide, pour constituer une cryobanque, soit un « coffre-fort » renfermant pour les générations à venir le patrimoine génétique du porc Piétrain wallon.

… et évolutif

Mais le projet ne s’arrête pas à une sauvegarde statique du patrimoine ! Les points forts et faibles de tous les verrats seront analysés au travers du programme de testage. Chaque verrat obtient ainsi sa carte d’identité génétique, permettant de l’utiliser pour faire évoluer le schéma de sélection, et améliorer sa compétitivité face à la concurrence internationale.

Au terme de la collecte et de congélation de la semence, les animaux seront commercialisés, que ce soit sur notre marché ou à l’étranger. Un site internet spécifique a vu le jour www.belgianpietrain.bepour assurer la promotion du projet, des éleveurs et des verrats. En outre, des présentations des verrats seront organisées régulièrement au centre d’Argenteau.

Un programme certes complet qui vise à inverser la tendance et relancer la dynamique pour le Piétrain chez nous. Le soutien au développement des filières de produits de bouche spécifiques à ce fleuron de l’agriculture wallonne devrait également être étudié.

P-Y L.

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