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Fertilisation de l’escourgeon: les recommandations pratiques du Livre Blanc pour la campagne 2022

Dans un contexte de flambée des prix des engrais, une fumure raisonnée prend tout son sens et permet d’éviter les surcoûts de fertilisation et d’obtenir un bon rendement économique. Voici les conseils du Livre Blanc 2021 pour les apports en saison.

Temps de lecture : 5 min

Vingt-neuf parcelles d’escourgeon ont été échantillonnées en ce début d’année 2022. L’état des profils azotés a ainsi pu être estimé (Tableau 1). Les quantités d’azote disponibles dans les 90 premiers centimètres du profil sont similaires à l’année 2020 et proche de la moyenne de ces 12 dernières années (31 kgN/ha sur 0-90). L’azote est réparti uniformément dans les trois couches du sol. Les semaines qui ont suivi les échantillonnages ont été marquées par des pluies moyennes.

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Le conseil de fertilisation

La fumure de référence conseillée pour 2022 est basée sur les résultats de l’analyse pluriannuelle (2018 à 2021), sur une analyse des résultats des essais « fumures » de 2021 ainsi que sur base des observations de ce début de saison et sur le prix des engrais particulièrement élevés en ce moment.

Étant donné que les réponses à l’azote diffèrent entre les variétés lignées et hybrides, les schémas de fumure seront traités séparément pour ces deux types de variétés.

La fumure de référence proposée pour l’escourgeon ligné est de :

– 55 N à la fraction du tallage (1ière fraction) ;

– 55 N à la fraction du redressement (2e fraction) ;

– 50 N à la fraction de la dernière feuille (3e fraction).

La fumure de référence proposée pour l’escourgeon hybride est de :

– 25 N à la fraction du tallage (1ière fraction) ;

– 75 N à la fraction du redressement (2e fraction) ;

– 75 N à la fraction de la dernière feuille (3e fraction).

La fumure proposée est identique à l’année dernière car les résultats des essais montrent encore une fois que ces programmes donnent de bons résultats même en tenant compte de la flambée des prix de l’azote. Il est toutefois bon de le rappeler et de garder en tête, particulièrement en 2022 avec un prix de l’engrais aussi élevé, qu’il est n’est pas judicieux d’augmenter sa dose totale au risque de voir son rendement économique chuter. Les essais montrent qu’une dose de fumure raisonnée permet d’éviter les surcoûts de fertilisation et d’obtenir un bon rendement économique.

À adapter selon la situation

Ces conseils de fumures doivent être ajustés à chaque parcelle (région, état du sol, précédent, apport de fumure organique… Des facteurs de corrections sont indispensables pour arriver au programme de fumure qui correspond à votre parcelle.

La fumure de référence est valable dans la majorité des situations culturales. Le meilleur moment pour effectuer l’apport post-hivernal de tallage doit coïncider avec la reprise de la végétation. Intervenir plus tôt ne s’est jamais concrétisé par un bénéfice à la culture, au contraire une telle pratique présente des risques pour l’environnement et pour la culture.

D’une manière générale, le conseil est de ne pas renforcer la fraction de tallage de la fumure azotée, qui reste de 25 kgN/ha pour les variétés hybrides et de 55 kgN/ha pour les variétés lignées. Dans une situation normale, augmenter de manière trop importante ces fumures risquerait de provoquer un développement de talles surnuméraires, non productives et génératrices de difficultés de conduite de la culture (densité de végétation trop forte, verse, maladies…).

Toutefois, comme expliqué précédemment, il est important de tenir compte de facteurs correctifs pour sa parcelle et une majoration de la dose préconisée au tallage doit se concevoir dans certaines situations particulières, lorsque l’emblavure apparaît claire ou peu développée à la sortie de l’hiver, comme dans les exemples suivants :

– cas de certains semis tardifs ;

– suite à l’arrêt précoce de la végétation à l’arrière-saison ;

– suite à un déchaussement de plante.

Faire l’impasse sur la fraction de tallage

Dans certaines situations, une impasse de la fraction de tallage est possible :

– dans les parcelles à bonne minéralisation (en région limoneuse et sablo-limoneuse) ;

– dans des cultures très denses en sortie d’hiver ;

– dans les parcelles ou la culture est plus précoce et proche du redressement à la sortie de l’hiver ;

– lorsque les conditions climatiques sont particulièrement favorables.

Si l’impasse de la fraction de tallage est nécessaire ou justifiée, il reste important de respecter certaines consignes quant au moment de l’application. Faire l’impasse de toute fumure avant le stade 1er nœud est souvent pénalisant. De ce fait, il conviendra donc d’anticiper et d’appliquer la fraction unique « tallage + redressement » quelques jours avant le stade « épis à 1 cm », en veillant à ne pas dépasser un total de 115 kgN/ha. Toutefois, notre conseil est de se limiter à 100 kgN/ha.

l’opposé, il convient de ne pas faire l’impasse sur la fumure de tallage dans les situations suivantes :

–  Parcelles peu fertiles ou trop froides, même en Hesbaye ;

Les deux dernières fractions

À partir du stade redressement, les besoins de l’escourgeon deviennent importants. Les disponibilités à ce stade doivent être suffisantes pour couvrir les besoins afin d’éviter toute faim azotée mais, comme pour le tallage, il est inutile, quelles que soient les situations, d’appliquer des fumures excessives au risque d’entraîner ultérieurement des problèmes de verse, maladies…

La fraction de dernière feuille est destinée à assurer le remplissage maximum des grains en maintenant une activité photosynthétique la plus longue possible pour permettre un transfert parfait des matières de réserve vers le grain.

D’après le Livre Blanc céréales

, février 2022

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