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La Wallonie se dote de «plans filières» en vue d’atteindre ses objectifs bio

La Wallonie s’est fixé des objectifs de développement des filières bio plus ambitieux que ce que prévoit l’Europe à travers le Green Deal. Pour y parvenir, il convient de booster la commercialisation et la consommation de produits bio. Pour chaque filière, un plan permettra de définir les actions à mettre en œuvre pour y parvenir.

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En Wallonie, le Collège des producteurs a été mandaté par l’administration régionale en vue d’assurer le développement des filières bio. L’objectif ? Atteindre 30 % de la surface agricole utile (sau) sous contrôle bio d’ici 2030, tel que défini par le Plan bio adopté en 2021.

« Actuellement, 12,5 % de la sau wallonne sont cultivés en bio », éclaire Vincent Pautré, chargé de mission au Collège des producteurs. « Il reste donc des efforts à faire… D’autant que ce développement doit se faire en gardant à l’esprit que chaque secteur (aviculture, élevage, maraîchage…) souhaite que ses produits soient écoulés dans la filière bio et non réorientés vers le conventionnel, faute de demande. Ce qui constitue une requête à la fois normale et logique. »

Mobiliser les acteurs de la distribution

Pour parvenir à écouler les produits bio supplémentaires mis sur le marché suite à la hausse de la surface dédiée à ce mode de production, des efforts sont attendus au niveau de la distribution et de la commercialisation. En parallèle, la Wallonie devrait compter 4.720 producteurs bio, contre 1.970 actuellement.

Cela n’est pas sans conséquence sur le plan économique. « Une telle présence du bio sur le marché wallon représenterait un chiffre d’affaires de 1,65 milliard d’euros. Plus pragmatiquement, cela signifie une dépense de 460 €/an en produits bio pour chaque wallon, ou encore 38 €/mois, contre 10 €/mois actuellement. À l’échelle d’un ménage moyen, cela représente une dépense de 20 €/semaine. Ces chiffres amènent davantage de réalisme et nous laissent penser que l’effort à fournir n’est pas aussi lourd qu’il n’y paraît. »

Sur base de cette valeur moyenne de 38 €/mois, il convient d’analyser comment composer le panier de consommation de produits bio. « La composition dudit panier permet, d’une part, de voir si les consommateurs sont en mesure de franchir le pas et, d’autre part, de discuter avec les acteurs de la grande distribution. En effet, il convient de déterminer quels sont les produits bio wallons qui ne font actuellement pas partie de leur assortiment, alors qu’ils figurent dans le panier, en vue de booster leur présence dans les rayons et/ou d’inciter les agriculteurs à les produire », détaille M. Pautré.

Chaque wallon devrait dépenser 38 €/mois pour atteindre les objectifs fixés par le Plan bio, contre 10 €/mois actuellement. « Ces chiffres nous laissent penser que l’effort  à fournir n’est pas aussi lourd qu’il n’y paraît », estime Vincent Pautré.
Chaque wallon devrait dépenser 38 €/mois pour atteindre les objectifs fixés par le Plan bio, contre 10 €/mois actuellement. « Ces chiffres nous laissent penser que l’effort à fournir n’est pas aussi lourd qu’il n’y paraît », estime Vincent Pautré. - J.V.

Ce dernier se veut d’ailleurs optimiste, constatant qu’un nombre croissant d’acteurs étoffe l’offre en produits bio. Il voit également apparaître de plus en plus de « box repas » bio, de kit pour soupe… et de promotions. Preuve que les tendances retrouvées habituellement dans la grande distribution touchent désormais les produits bio.

Validation et suivi

De son côté, le Collège des producteurs s’attelle à coordonner l’élaboration et l’avancement des plans de développement des filières, une par une et au fur et à mesure des besoins. Dans un premier temps, sont concernées : les filières œufs, viande bovine, productions végétales (alimentation animale), céréales (alimentation humaine) et lait de vache.

Vincent Pautré : « Pour chaque filière, le Collège va dresser un état des lieux de la situation, en tenant compte de la production, de la distribution et de la commercialisation. Ensuite, un plan d’actions sera élaboré en vue d’atteindre les objectifs fixés par le Plan bio wallon et ce, en concertation avec tous les acteurs de la filière ».

Ce travail a débuté en avril et les premiers plans devraient être validés très prochainement. « Une fois qu’un plan sera appliqué sur le terrain, nous en organiserons le suivi régulier. Nous pourrons ainsi nous assurer que les actions mises en œuvre sont les bonnes et permettent d’atteindre les objectifs fixés, en toute cohérence avec les attentes des filières. »

J. Vandegoor

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