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Un peu d’espace, quelques soins, beaucoup de plaisir (III)

Ce troisième article consacré aux petits fruits ligneux envisagera les myrtilles, les airelles et les canneberges. Ces trois plantes appartiennent au genre Vaccinium, de la famille des Ericacées. Le genre compte, selon les auteurs de 200 à 400 espèces répandues dans l’Hémisphère Nord, du Cercle polaire au Tropique du Cancer. La hauteur des plantes varie de 5 cm à 600 cm !

Temps de lecture: 7 min

Dans la nature, on peut rencontrer en Belgique cinq espèces :

– Vaccinium myrtillus, la myrtille : plante de 15 à 60 cm de haut, à feuillage vert clair caduque, et fruits bleus aromatiques ; elle pousse principalement en sous-bois de forêts claires, sur sol acide ;

– Vaccinium uliginosum, la myrtille de loup : arbrisseau atteignent 1 m de haut, à feuillage vert grisâtre caduque, et fruits bleus à goût fade ; elle pousse en lisière de forêts et dans les landes sur sol tourbeux ;

– Vaccinium vitis-idaea, l’airelle : plante de 10 à 30 cm de haut, à feuillage vert foncé brillant persistant, et fruits rouges aromatiques ; elle se développe dans les landes humides ;

– Vaccinium oxycoccos, la canneberge : petite plante rampante à petites feuilles vert foncé persistantes, et fruits rouges ; on ne la rencontre que dans les tourbières bombées ; elle est protégée ;

– Vaccinium macrocarpon, la canneberge à gros fruits : plante rampante à longues tiges, et gros fruits rouges ; elle est originaire d’Amérique du Nord, mais a été naturalisée en Europe dans des sols tourbeux humides. En Belgique, elle est présente dans la lande de Kalmthout.

Les myrtilles en buisson

Il s’agit d’arbustes de 1 à 2 m de haut, hybrides entre différentes espèces américaines. Le système racinaire est très fin et ramifié. La plante porte des feuilles caduques ovales, qui prennent en automne une très belle teinte rouge. Les fleurs sont groupées en corymbes à l’extrémité des rameaux de l’année précédente ; leur nombre est le plus important sur les rameaux d’un an très vigoureux, et il diminue lorsque le rameau porteur prend de l’âge. La floraison débute vers la mi-avril et elle s’étale sur un mois environ. La pollinisation est assurée par des insectes. Chez la plupart des variétés, elles sont auto-fertiles, mais l’association de variétés différentes semble améliorer la fructification. Les fruits sont de gros calibre, de forme aplatie ou sphérique, à épiderme bleu pruineux ; leur chair est blanche, ce qui les différencie des myrtilles sauvages. Sur une même plante, la maturité des fruits est échelonnée sur plusieurs semaines. Les différents cultivars permettent une production allant de début juillet à septembre.

Exigences, plantation et conduite

La qualité du sol est primordiale pour la réussite de cette culture ; elle demande un sol filtrant, sans eau stagnante, mais ne se desséchant pas en été, à faible salinité, tourbeux, dont le pH ne dépasse pas 5 à 5,5. Comme pour des rhododendrons, on conditionnera le sol en y apportant de la tourbe blonde ou du compost d’aiguilles de conifères, et on n’arrosera qu’avec de l’eau non calcaire. L’emplacement choisi doit être bien éclairé, abrité des vents secs.

On achètera de préférence des plantes de 3 ans, élevées en conteneurs de 2,5 litres ; la plantation se fera en mars, après les grands froids, à 0,8-1,25 m dans le rang, et à interligne de 2 à 2,5 m. Les plantes sont conduites en buisson. On taille en fin d’hiver, en conservant intacts les rameaux d’un et deux ans ; les rameaux plus âgés sont raccourcis ou supprimés, de même que le bois mort.

La fumure doit être à base d’un engrais composé spécialement pour les plantes de terre de bruyère ; le sol sera entretenu par un binage régulier, et épandage d’un mulch de tourbe blonde, de sciure de bois ou de sapinette deux fois par an. Arroser si nécessaire par temps sec, sans noyer le sol.

Comme les rameaux ont souvent tendance à s’affaisser sous le poids des fruits, on les maintiendra en place en entourant la plante par un cercle de fil métallique ou de corde maintenu à bonne hauteur par 4 ou 5 piquets verticaux. Le principal problème sanitaire est un champignon (Godronia) qui provoque le dessèchement des rameaux ; il infecte davantage les variétés américaines que les variétés allemandes. Les oiseaux sont un autre souci : diverses espèces sont très friandes de ces fruits lorsqu’ils mûrissent.

Choix des cultivars

Depuis le début des années 1900, un très grand nombre de cultivars ont été créés aux États-Unis par croisements entre plusieurs espèces ; en Allemagne, à partir de 1950, une sélection a été faite dans une population de semis d’origine américaine ; ces cultivars ont en général des fruits plus petits, mais ils résistent mieux au dépérissement des rameaux. Récemment ont été diffusés des cultivars à maturité précoce venant d’Australie et de Nouvelle-Zélande.

Pour assurer une production de longue durée, il conviendra d’associer plusieurs cultivars dont les maturités se succèdent.

Par exemple :

– hâtives : américaines = Bluetta, Coville, Collins, Early Blue, Emblue, Estive, Spartan ;

allemande = Heerma ;

– moyenne saison : américaines = Bluecrop, Darrow, Ivanhoe, Northland, Sunshine Blue ;

allemande : Goldtraube 71 ;

– tardive : américaines = Berkeley, Brigitta blue, Caroline blue Denise blue, Elisabeth, Elliot, Hardy blue.

Les airelles rouges

La plante est très ramifiée et drageonnante, ne dépassant pas 30 cm de haut ; son feuillage persistant brillant rappelle celui du buis. Elle peut être un très bon couvre sol dans des massifs d’arbustes à feuillage caduque. Les fleurs blanc-rose apparaissent en mai-juin à l’extrémité des pousses de l’année précédente. Les fruits sont des baies sphériques rouge vif de 5-6 mm mûrissant en août. La chair est blanche, acidulée et délicatement parfumée. Parfois, une seconde floraison en juillet procure des fruits en octobre. Comme la fécondation des fleurs est croisée, l’association de deux ou plusieurs cultivars est souhaitable pour obtenir une bonne fructification.

Exigences et plantation

Comme pour les autres Vaccinium, il faut un sol acide, bien drainé et frais, peu salin. On l’améliorera par de la tourbe blonde, ou du terreau d’aiguilles de conifères ; un apport d’engrais est superflu, voire même nocif ! On choisira un emplacement mi-ombragé, c’est-à-dire protégé du soleil entre 13 et 15 heures.

Il faut prévoir 4 à 5 plantes par mètre carré, disposées en quinconce ou en lignes simples ou doubles.

Outre des désherbages manuels, l’entretien du sol consistera à épandre chaque année un mulch de tourbe, de sciure de bois ou d’écorces broyées. En période de sécheresse prolongée, un arrosage à l’eau non calcaire est utile. Les seuls ennemis peuvent être des chenilles défoliatrices, ou des rongeurs friands des fruits.

Matériel végétal

Les plants issus de semis drageonnent abondamment ; on les choisira donc si on souhaite principalement un effet couvre sol. Les plantes issues de bouturage, élevées en conteneurs pendant au moins deux ans sont préférables si on escompte une belle production de fruits. Parmi les cultivars recommandés :

Chloe : vigueur forte, production groupée, gros fruits ;

Diana : vigueur moyenne, production groupée, très abondante ;

Erntedank : vigueur faible, fruits petits, deux récoltes par an ;

Erntekrone : vigueur forte, très forte récolte, fruits rouge foncé ;

Erntesegen : vigueur très forte, très gros fruits rouge clair ;

Koralle : vigueur forte, gros fruits décoratifs très acides ;

Ded Pearl : vigueur forte, très gros fruits acides ;

Saint-Hubert : vigueur forte, production échelonnée.

En raison de leur acidité, les airelles ne sont pas consommées crues mais bien en confiture, ou en compote accompagnant du gibier, ou encore dans des marmelades mélangeant d’autres fruits des bois.

Les canneberges américaines

Ces plantes rampantes présentent des rameaux de 0,5 à 1 m de long, émettant des pousses verticales de 5 à 10 cm. Le feuillage persistant prend une teinte brune en hiver. La floraison de teinte rose, se produit en juin, à l’extrémité des pousses ; il y a autofécondation par les insectes. Les fruits sont de grosses baies sphériques ou allongées, de 1 à 2 cm, de teinte rouge foncé, de goût acidulé.

Exigences et plantation

Comme pour les espèces précédentes, il faut un sol acide, qui doit être très frais, et ne peut jamais se dessécher, en raison de l’enracinement très superficiel. Ne pas prévoir de fumure, mais un apport de tourbe et de sable. Choisir un emplacement bien éclairé, mais protégé du soleil de 13 à 16 heures.

Plantation en tapis à 25-40 cm de distance.

Pour favoriser l’enracinement des tiges, épandre avant l’hiver 1 cm de mélange sable+tourbe.

Les fruits se récoltent au peigne à myrtilles ; ils peuvent se conserver 2 à 3 mois en frigo. On les consomme cuits, en compote. Le jus de canneberge, de teinte rouge vif, est très apprécié pour ses propriétés diététiques.

Matériel végétal

Les variétés proviennent soit de sélection massale parmi des populations de plantes sauvages américaines, soit de croisements contrôlés. Parmi elles :

– Early Black : hâtive, fruits allongés rouge foncé de calibre moyen, très productive ;

– Crowley : hâtive, fruits colorés de gros calibre, peu astringents, très productive ;

– Howes : récolte en octobre, fruits rouge très foncé, très fertile ;

– Stevens : mi-tardive, très vigoureuse et très fertile, gros fruits rouge foncé ;

– Pilgrim : tardive, très vigoureuse, gros fruits rouge pourpre sur fond jaune.

André Sansdrap

,

ingénieur agronome horticole, Wépion

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