Température et humidité
Certains facteurs climatiques influencent plus particulièrement la première apparition et la vitesse de développement de la cercosporiose : une température de 25-30ºC, une humidité relative de la culture supérieure à 90 % pendant certaines heures de la journée, et la présence de spores contaminant les feuilles de betteraves. Si ces exigences sont remplies, la maladie se développe assez facilement.
Son développement se déroule en plusieurs phases. Après dépôt des spores sur les feuilles de betteraves au temps 0, les symptômes n’apparaissent pas immédiatement. La phase d’installation peut être plus ou moins longue en fonction des facteurs climatiques, mais aussi de la situation de la parcelle ou encore de la variété. Les lésions peuvent donc se manifester 5 jours comme 4 semaines après le dépôt des spores.
Dès que les symptômes sont visibles, on entre dans une phase de multiplication et c’est là que la maladie explose véritablement.
Influence des facteurs agronomiques
Outre les facteurs climatiques, le choix variétal, l’emplacement du champ, la rotation ou encore le travail du sol vont également influencer le développement de la cercosporiose.
En présence d’une variété moins sensible, la phase d’installation peut être plus longue mais c’est surtout la phase exponentielle qui va être ralentie. « Si on compare deux variétés à potentiel financier identique mais sensible et moins sensible, en forte pression de cercosporiose, on remarque qu’un traitement suffit pour maintenir le potentiel de la variété moins sensible alors que deux traitements n’y parviennent pas en variétés sensibles », expliquait le représentant de l’Irbab.
Selon que la parcelle se trouve dans une vallée, près d’une rivière ou en hauteur et exposée au vent, la pression maladie sera également différente. De plus, l’historique de la parcelle joue aussi un rôle important. La majorité du temps, les spores de cercosporiose proviennent de la parcelle elle-même ou de la parcelle voisine. La rotation est donc un élément clé dans la gestion de la maladie. Les spores pouvant survivre 22 mois, une rotation triennale est un minimum pour limiter les risques de cercosporiose. On remarque également un développement moindre de la maladie dans les sols travaillés.
Fongicides : ni trop tôt, ni trop tard
Les traitements phytopharmaceutiques contre les maladies foliaires ne sont pas curatifs et doivent donc être appliqués au moment adéquat sous peine d’être inefficace. On interviendra juste avant que la cercosporiose n’entre dans sa phase exponentielle, c’est-à-dire dès l’apparition des premières lésions. « Le seuil recommandé est de 5 % de feuilles atteintes, ce qui signifie que l’on doit vraiment chercher pour trouver des betteraves présentant des lésions », dit André Wauters. Si l’intervention à lieu au bon moment, on parvient alors à réduire le développement de la maladie mais, les fongicides n’étant pas curatifs, dès que leur efficacité s’amenuise, la maladie peut reprendre le dessus. « Le produit sera appliqué à pleine dose car on constate une dilution rapide dans les feuilles », précise encore le chef de projet.
L’efficacité des fongicides dépendra aussi des résistances possibles au strobilurines et triazoles. Dans les 30 champs prélevés par l’Irbab l’année passée et ayant subi 2 à 3 traitements, 28 présentaient un niveau de résistance élevé aux strobilurines. Les résultats concernant les triazoles étaient plus flous mais des cas de réduction d’efficacité des triazoles sont clairement identifiés en Allemagne. « La différence étant que, contrairement aux strobilurines auxquelles la maladie est totalement résistante ou non, pour les triazoles, on note plutôt une dégradation progressive de la sensibilité des spores et il semble qu’on arrive encore à maîtriser la maladie », dit-il. Il est néanmoins recommandé de varier le type de produit utilisé.
En bref, l’Irbab recommande donc d’appliquer un premier traitement agrée pour les 4 maladies foliaires de la betterave (rouille, oïdium, cercosporiose, ramulariose), à dose pleine, dès 5 % de feuilles atteintes. Une seconde intervention, avec un produit différent (maximum une application en strobilurines), peut être envisagé 3 à 4 semaines après le premier si un développement des maladies est encore observé.