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Piloter judicieusement l’irrigation

pour éviter la très nuisible septoriose !

Les fermes maraîchères diversifiées cultivent le céleri branche en plein air. Une production sous abri nécessite en effet un chauffage antigel efficace pour éviter d’approcher 0ºC au sol. Très sensible au gel, ce légume montre en effet de gros dégâts sur feuillage dès 0ºC.

Temps de lecture : 5 min

L’élevage du céleri se fait en mottes pressées de 3,7 ou de 4,2 cm. Nous choisissons les mottes de plus grande dimension pour les cultures hâtives afin de gagner quelques jours d’élevage sous abri. Pour éviter la montée prématurée à graines, nous maintenons une température de 22 ou 23ºC durant la germination et le début de la levée. Ensuite, la température est réglée à 20ºC le jour et 17ºC la nuit.

Les semences sont fines, nous semons directement en mottes les semences enrobées. Nous semons en terrine les graines nues afin de les transplanter en mottes 3 semaines plus tard au stade 2e vraie feuille. Un voile protège les plantules fraîchement transplantées pendant 2 semaines.

L’élevage complet dure 2 mois. Durant cette phase, des températures inférieures à 14ºC favorisent l’induction de la montée à graine qui se manifestera lors du développement au champ.

Le maintien de la température constante est déterminant pour obtenir des lots à planter les plus homogènes possibles. Les différences de stade à la plantation se retrouvent ensuite à la récolte. Nous produisons du plant en semant de mi-février à début juin pour planter de mi-avril à fin juillet et récolter de fin juin à fin octobre. Les élevages spécialisés sèment aussi en mini-mottes qui seront transplantées ensuite en mottes aux dimensions classiques.

Endurcir les plants

Le sol sera décompacté en profondeur, le pH sera corrigé pour approcher 6,3 à 6,8 (pH KCl), et la fertilisation organique ou minérale est apportée avant la plantation. Nous visons une densité de plantation de 8 plantes/m² pour la production de céleris de 1000 à 1200 g et de 14 plantes/m² pour des céleris de 600 ou 700 g. Les céleris de poids moindre se généralisent chez nous.

Les plants doivent être endurcis avant la plantation en les plaçant en plein air dans un endroit abrité du vent durant quelques jours. Nous plantons le soir autant que faire se peut pour permettre ensuite un arrosage nocturne de reprise.

Nous arrosons le sol pour que la terre soit fraîche au moment de la plantation et nous arrosons après la plantation pour favoriser la reprise. La pose de voile pendant 10 jours après la plantation se justifie pleinement lors de périodes sèches.

Irrigation et fertilisation

Ce point est critique en céleri branche. Il faut absolument irriguer alors que le feuillage est déjà mouillé par les précipitations ou les rosées naturellement présentes. L’objectif est de ne jamais allonger les périodes d’humectation du feuillage. Tout allongement des périodes humides favorise le développement de la septoriose et l’explosion des dégâts sur feuillage.

Durant la période de production au champ, nous visons un apport de 20 à 25 mm d’eau (pluies et irrigation) par semaine.

Le dense chevelu racinaire des céleris leur permet de bien valoriser les fumures organiques. Les mobilisations d’éléments sont relativement élevées en céleri branche, de l’ordre de 165 unités d’azote, 60 de P2O5, 240 de K2O et 25 unités de MgO. Environ la moitié de ces éléments sera resituée avec les résidus de culture, l’autre étant exportée avec les 5 tonnes de matière sèche à la récolte.

La culture

Les productions destinées à l’industrie sont récoltées du milieu de l’été au début de l’automne.

Pour disposer de productions au stade idéal de récolte et éviter les attaques tardives de septoriose, nous échelonnons les semis et les autres époques de la culture. Pour limiter les risques de contamination des jeunes plantations par la septoriose venant des plantations antérieures, nous implantons les différentes séries plantées en allant vers les vents dominants.

Nous trouvons des variétés au feuillage vert et d’autres au feuillage doré. Les variétés à feuillage vert sont généralement moins sensibles à la septoriose. Les hybrides complètent le choix variétal traditionnel, pour le marché du frais et pour l’industrie, comme Kelvin F1, Monterey F1 ou Steham F1, et bien d’autres variétés modernes.

Septoriose, mineuses

La septoriose est la maladie la plus fréquente et la plus dommageable chez nous. Le respect d’une rotation d’au moins 5 ans est la première méthode de lutte préventive. Nous la complétons en broyant les résidus de récolte et en les incorporant dès que possible au sol. La maladie s’étend rapidement lors d’été pluvieux. Nous devons piloter les irrigations pour ne pas allonger les périodes d’humidité du feuillage : irriguons alors que le feuillage est déjà naturellement humide (pluie ou rosée) ou après une période de séchage du feuillage d’au moins 4 heures. De même, nous n’arrosons pas le soir si le feuillage risque de ne pas sécher au moins 4 heures avant les rosées vespérales. Plusieurs fongicides sont homologués, voir https://fytoweb.be.

Contre la sclérotiniose, la rotation sera autant que possible légère en cultures sensibles, par exemple au maximum 3 cultures sensibles sur 10 ans. « Contans WG » incorporé au sol préventivement apporte une solution à entretenir au fil de la rotation.

Plusieurs mouches mineuses peuvent creuser des galeries dans le feuillage et les côtes. Philophylla heraclei est la mineuse du céleri. Plusieurs espèces du genre Liriomyza sont polyphages et se retrouvent aussi sur céleri.

Les pucerons ne sont pas un grand problème. Les auxiliaires maîtrisent bien les populations. Parfois des transmissions de viroses altèrent la présentation du feuillage.

La récolte

Le poids demandé est de 600 ou 700 g, avec des tolérances variant dans la saison. Une demande de céleri plus lourd existe plus localement. La densité de plantation permet de limiter l’obtention de plants trop lourds tout en permettant une certaine aération du feuillage.

La hauteur du feuillage est un facteur variétal. La hauteur des côtes intervient dans l’appréciation des céleris, elle n’est pas proportionnelle à la hauteur du feuillage, c’est aussi variétal. Dans les petites fermes maraîchères, la récolte se fait manuellement. Les machines modernes sont développées pour les cultures industrielles pour soulager la pénibilité du travail.

Pour le frais, les pieds sont parés en enlevant les rejets latéraux et les grandes feuilles extérieures. En bio, entre autres, nous pouvons décider de récolter un peu plus tôt pour éviter que les dégâts dus à la septoriose ne s’étendent dans un lot.

Après la récolte, les résidus sont broyés pour favoriser leur décomposition et limiter les risques de transmission de maladies.

F.

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