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Contre le mildiou : on renforce

et puis on traite « naturellement »

Lutter contre le mildiou de la pomme de terre sans avoir recours aux pesticides et avec des rendements équivalents, c’est possible selon Medinbio. Pour ce faire, la PME propose une approche système basée sur le renforcement des plantes et un traitement à base d’extraits végétaux riches en huiles essentielles et composants naturels.

Temps de lecture : 4 min

Au terme de trois années de recherche et après validation sur le terrain, cette PME gembloutoise vient de déposer une demande de brevet pour une solution naturelle nommée Euclean permettant de gérer le mildiou sans avoir recours aux fongicides.

« Grâce à cette composition, on peut arrêter d’opposer l’agriculture biologique et conventionnelle. On peut prétendre à une agriculture bio intensive avec les rendements du conventionnel mais sans recours aux pesticides », explique Thierry Picaud, bioingénieur et fondateur de Medinbio.

Le principe

Medinbio considère que « c’est par une nouvelle approche de l’agriculture que l’on pourra se passer des pesticides chimiques ». Elle met en avant l’intérêt d’une approche système, c’est-à-dire d’un renforcement de la plante au niveau racinaire et foliaire avant l’application d’un traitement.

« On peut renforcer la plante par le sol, de la même manière qu’on renforce nos intestins par des probiotiques. On assimile mieux et renforce nos défenses immunitaires face à des micro-organismes utiles de la flore intestinale, c’est presque pareil pour les plantes. Il est aussi possible de pulvériser des produits naturels sur les feuilles pour stimuler le système immunitaire de la plante. L’ortie, la prèle ou l’écorce de saule produisent par exemple ces effets », explique Thierry Picaud.

« Il est illusoire d’avoir des rendements similaires à l’agriculture conventionnelle en bio tout simplement parce que les produits naturels utilisés agissent en surface et protègent moins profondément la plante. Pour contourner cet obstacle, on se sert son système immunitaire et on le renforce », continue-t-il.

En pratique, il s’agit tout d’abord d’implanter des micro-organismes dans la ligne lors de la plantation des pommes de terre. Ensuite, lorsque le feuillage est visible, on y applique des éliciteurs. Ces substances naturelles sont identifiées par la plante comme une agression et elle déclenche des mécanismes de défense. Enfin, les plantes sont traitées à l’aide d’une solution naturelle adaptée. Pour une protection optimale, l’application foliaire de biostimulants et le traitement sont réalisés plusieurs fois en alternance.

Dans son laboratoire, Medinbio recherchent les actifs naturels les plus pertinents pour aider la plante à passer les caps difficiles et détermine les combinaisons, les dosages et les stades d’application optimums.

Sur le terrain

Grâce à cette approche globale, Midinbio prétend assurer des résultats reproductibles et puissants : « Nous préférons nous adresser aux agriculteurs conventionnels en leur promettant des rendements proches de ce qu’ils font avec des fongicides classiques car cela suppose que notre méthode est suffisamment puissante pour résister à la pression des maladies plus élevée qu’en agriculture bio qui travaille plus souvent avec des variétés résistantes », explique le CEO.

En France, la société travaille déjà avec plusieurs producteurs de pommes de terre et de fraises. Leurs cultures ont obtenu des rendements similaires à celles traitées chimiquement et les produits sont écoulés via une filière de qualité leur offrant un supplément de prix.

En France mais pas en Belgique

Le traitement peut être appliqué en France mais pas encore (ou seulement en partie) en Belgique. En cause, la législation : « La France a voté une loi permettant d’utiliser près de 200 plantes de la phytothérapie humaines et de laisser en vente libre les plantes riches en huiles essentielles. Ces produits sont des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), c’est-à-dire reconnues comme non toxiques. c’est le cas de l’ail ou de l’ortie. En Belgique, il n’existe malheureusement pas encore de catégorie réglementaire de ce type ».

Pour pouvoir avancer, la société a besoin de cette reconnaissance, c’est pourquoi elle va demander l’application en Belgique de la loi dite de reconnaissance mutuelle qui prévoit qu’un produit autorisé par un état membre puisse également être utilisé dans les autres états européens. Le CEO poursuit, « Nous ne demandons qu’une chose, qu’il soit possible d’utiliser plus facilement les extraits naturels pour soigner les plantes. Mais nous ne dénigrons pas pour autant les autorités. L’Europe a depuis quelques années ouvert la voie à des actifs naturels qu’il est possible d’utiliser dans toute l’Europe. Ce sont les 18 premières substances de base. C’est un début, mais il reste beaucoup à faire ».

Et le prix ?

Thierry Piccaud l’assure : « Les programmes sont très abordables. Ils sont légèrement plus chers que les pesticides mais ils permettent de sortir des fruits et des légumes à un coût très proches du conventionnel et bien important que le bio ».

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