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L’entreprise Cosucra prend du poids

sur la vague de l’alimentation végétale

Finalisant un projet d’investissement d’un montant total de 35 millions d’euros et doublant ainsi la capacité de production de son outil de production industrielle de protéines végétales, l’entreprise familiale basée à Warcoing, le long de l’Escaut, part à la conquête du marché américain.

Temps de lecture : 6 min

Active depuis plus de vingt-cinq ans dans la recherche et le développement d’ingrédients alimentaires naturels, Cosucra, entreprise familiale 100 % belge, s’impose comme le leader industriel et commercial dans la production de protéines végétales issues du pois. La société dégage un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros généré majoritairement encore au sein de l’UE (60 %), mais aussi sur le continent américain (20 %), en Asie pacifique (13 %) et dans les pays de la zone Europe hors UE (7 %). Elle transforme quelque 220.000 tonnes de chicorées et pois protéagineux et emploie 250 équivalents temps plein, dont 10 % exercent des activités dans la recherche et développement. Un domaine clé dans lequel l’entreprise investit chaque année 3 millions d’euros.

Afin de faire face à la demande croissante sur le marché international de la protéine de pois, et particulièrement sur le marché alimentaire nord-américain, Cosucra boucle aujourd’hui un vaste projet de développement industriel.

L’usine double sa capacité !

Le coût total de cet investissement, financé à moitié sur fonds propres et à moitié sur emprunts, s’élève à 35 millions d’euros, « qui ont permis de remettre complètement à neuf l’usine, tout en dopant sa capacité effective et en la dotant d’une réserve de bâtiments prêts à accueillir des équipements supplémentaires si le besoin s’en faisait sentir à moyen terme», précise Jacques Crahay, CEO de la sa Cosucra.

Concrètement, initiée en 2013, la 1ère phase a permis la construction et la mise en service en 2015 d’une seconde ligne de raffinage de protéines de pois jaune, d’une 3e ligne de conditionnement et d’une extension des halls de stockage des matières premières et produits finis, doublant ainsi la capacité de production du site. La 2e phase qui se termine actuellement a consisté à remplacer complètement le traitement final de la protéine et son séchage – par atomisation : pulvérisation de gouttelettes dans un courant d’air très chaud – avec la construction d’une deuxième tour de très grande capacité. S’inspire fortement du procédé utilisé pour la production de poudre de lait « instant », le séchage par atomisation assure une longue et parfaite conservation de la protéine de pois ; celle-ci préserve ainsi toutes ses propriétés après redilution dans ses différentes applications notamment sous la forme de boissons.

Les protéines de pois, une tendance lourde…

« La première production mondiale de protéines de pois a démarré sur notre site industriel à Warcoing en 1990, anticipant une tendance, qui depuis n’a cessé de s’affirmer, à savoir : une demande de la part des consommateurs de denrées les plus proches de ce qu’ils pensent être naturels, sans procédés chimiques, sans addition de conservateurs et autres substances additionnelles », poursuit Jacques Crahay.

L’alimentation humaine à base de protéines végétales est une vague de fond. Ce marché est aujourd’hui dominé par le soja, devant le blé, ne laissant que quelques miettes à une large variété d’espèces végétales, dont la plus représentative est le pois (75.000 tonnes produites à l’échelle mondiale). Pour l’avenir, Cosucra anticipe une progression des protéines de soja, un ralentissement des protéines de blé, et surtout de belles perspectives de croissance pour les protéines de pois dont la demande pourrait plus que doubler d’ici 2022.

… qui rythme la cadence de l’usine

Le processus industriel mis en œuvre à Warcoing est très complexe. La graine de pois est fractionnée en ses 3 principaux composants : la protéine, qui guide le marché et le rythme de l’usine, l’amidon, qui est un coproduit fatal tant il y a d’autres sources hyper productives (blé, maïs, manioc), et les fibres. Ces différents composants sont produits et traités simultanément sur trois lignes de production et élaborés sous la forme produits commerciaux pour l’alimentation humaine.

La commercialisation est tout aussi complexe car protéines, amidon et fibres doivent trouver preneurs au même moment !

Analogues de viande, boissons, nutrition allégée

L’entreprise répond par exemple au marché spécifique des « meat analogs », soit les analogues de viande. Le soja a pris une grande part, ces 30 dernières années, dans les mélanges associant protéines animales et végétales. « Nous innovons dans ce domaine. À partir de protéines de pois jaune, nous développons des textures, des saveurs et des couleurs proches de celles de la viande, en concertation avec nos clients de la Côte Ouest des Etats-Unis, pour obtenir des hamburgers végétaux purs. Sur le plan industriel, Cosucra est prêt à fournir les produits pour accompagner ce type d’initiatives », commente le CEO.

La protéine de pois est un ingrédient qui peut également être incorporé dans des boissons végétales. À noter également des applications sous la forme de sachets de poudre dispersible, soit comme « en-cas », comme alimentation pour la récupération musculaire des sportifs ou encore en nutrition paramédicale, après une opération. Quant à l’amidon de pois, il trouve des applications comme épaississant ou texturant.

Le champ des utilisations est très vaste pour ces ingrédients, surtout aux Etats-Unis où, autre exemple, le marché du grignotage évolue vers une consommation de barres nutritives allégées en sucre et en lipides, mais un peu plus riches en protéines. Objectif : accélérer le sentiment de satiété, d’où une moindre consommation souhaitée pour lutter contre l’obésité.

Internationalisation

Cosucra s’est développé pendant 25 ans en Europe et y demeurera très présent, mais les grands développements futurs sont attendus aux Etats-Unis. Parallèlement à l’extension de l’outil de production, une filiale vient d’ailleurs d’être créée à Chicago de manière à disposer d’un bureau commercial aux USA permettant de se rapprocher de la clientèle locale. « Jusqu’ici, nous faisions surtout de la grande exportation, nous exportions et nos commerciaux voyageaient. Désormais, l’entreprise s’internationalise avec des implantaions hors frontières mais aussi au siège en Belgique avec l’engagement de personnel commercial parlant anglais, chinois, indien… L’ouverture d’esprit sur le plan culturel pour une meilleure approche des clients et des marchés est essentielle. »

Des recherches et applications « sur-mesure »

L’entreprise livre ses ingrédients à de grands groupes du secteur alimentaire, mais pas uniquement ni exagérément, afin de préserver son indépendance. « Des centaines de clients industriels dans le monde utilisent notre protéine végétale qui se retrouve ensuite dans largement plus d’un millier de produits finis. »

Pour rester indépendant, inventif et innovant, plutôt que se lancer dans une course à la production et à la livraison de quantités toujours plus grandes d’ingrédients, Cosucra vise à dégager de la valeur à travers le développement – en partenariat si nécessaire – de services, de solutions, sous la forme d’applications individualisées et très complètes à ses clients. Cela suppose un réel investissement en recherche et développement, et en personnel scientifique hautement spécialisé.

« Autrement dit, l’avenir de l’entreprise n’est pas dans la production de masse, mais bien dans les applications aptes à dégager la plus grande valeur ajoutée à la protéine de pois, avec une approche plus pointue encore dans le processus industriel, en adéquation avec les besoins individualisés de la clientèle », assure Jacques Crahay.

M. de N.

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