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« Progresser et transmettre mon savoir-faire, voilà mes plus grandes richesses »

Les chevaux, Noémie n’est pas tombé dedans quand elle était petite. Et pourtant, aujourd’hui, ils occupent toute la place. Son plus grand souhait est de s’y développer et d’aider les gens à évoluer à leurs côtés. Elle nous explique son cheminement et ses valeurs.

Temps de lecture : 7 min

La passion des chevaux, elle te vient de tes parents ?

Oui et non. Mon papa faisait du cheval dans sa jeunesse mais mes parents m’ont surtout transmis la passion des animaux. Ils possèdent une exploitation agricole, la ferme de la Chapelle, à Ransart, près de Charleroi, où ils élèvent des Blanc Bleu Belge en autonomie. J’ai donc grandi entourée d’animaux et je les ai toujours aimés. Petite, je passais un temps fou à m’occuper des veaux. Chacun d’eux avait son nom et sa fiche généalogique. Je les apprivoisais, les promenais… Et puis, il fallait les vendre. C’était à chaque fois une déception. J’avais aussi un poney mais ça ne me donnait pas beaucoup de possibilités. Du coup j’ai voulu un cheval. On peut dire que cette passion m’est venue assez tard mais, ensuite, elle ne m’a plus quittée. Aujourd’hui, parfois, je suis en société et je n’ai qu’une envie c’est de retrouver mes chevaux.

Ton initiation au monde des chevaux s’est donc faite progressivement ?

Ma première jument a eu des poulains et j’ai tenté de les dresser, mais je manquais d’expérience donc ce n’était pas vraiment l’idéal.

En parallèle, j’ai réalisé un graduat en agronomie à Fleurus et, de fil en aiguille, j’ai eu l’occasion d’entrer à l’Institut de Pathologie et de Génétique à Charleroi en tant que technicienne. Pour mon développement personnel et pour ma sécurité financière c’était une étape nécessaire. Aujourd’hui, j’y travaille encore à 4/5. J’apprécie également ce travail et cela m’a permis et me permet encore de réaliser des formations en dressage et de développer mes activités équestres.

Pourquoi le dressage en particulier ?

Pour le contact avec les animaux. Je me suis d’abord intéressée au dressage en liberté. Dans ce type de dressage, le cheval n’est pas équipé (pas de bridon, pas de selle), on le monte ou pas mais il est surtout à l’écoute et répond à des directives, un peu comme du cirque. J’ai fait beaucoup de stages avec des spécialistes du sujet tels que Nicolas Brodziak, Jean-François Pignon ou Clémence Faivre.

Tout le monde était impressionné par ce que je pouvais faire avec mes chevaux, ils s’asseyaient, se couchaient à ma demande… Mais en piste, je voyais que je n’arrivais pas à faire ce que je voulais et, au fond de moi, je sentais bien que j’avais une lacune. C’est pourquoi j’ai décidé de m’orienter vers le dressage classique traditionnel, celui que les écuyers apprenaient jadis et non le dressage classique plus sportif souvent pratiqué de nos jours. J’ai suivi plusieurs formations et stages, notamment avec Luis Valença au Portugal dont le style s’inspire vraiment de l’académie classique, mais, c’est véritablement le professeur Tijn Bardijn qui m’a donné les clés du dressage classique.

Et, tu es devenue professeur à ton tour…

Oui, aujourd’hui, je donne des cours particuliers à un large public, de manière régulière ou ponctuelle selon les désirs des élèves. Mais, je continue à me former hebdomadairement et je réalise régulièrement des stages à l’étranger. Mon but, c’est vraiment de continuer à évoluer. Je donne mes cours en soirée, le mercredi après-midi et le week-end à la ferme de la Chapelle à Ransart.

J’ai une petite dizaine de chevaux mais les élèves peuvent venir avec leur propre cheval. Les chevaux montés en leçon sont un peu moins dressés haut niveau que la jument avec laquelle je me forme mais, ce n’est pas une mauvaise chose. Un enfant qui débute serrera par exemple trop les jambes… Ces chevaux ou poneys réagiront beaucoup moins vite. C’est beaucoup plus sécurisant pour les élèves.

Je me rends aussi chaque samedi à la ferme de Joncquoy, une écurie privée à Tillier, pour y donner des cours sur demande et je réalise également des débourrages. Dans ce cas, les gens me confient leur cheval durant 1 mois et je travaille le cheval tous les jours.

Pourquoi des leçons particulières et pas des cours collectifs ?

Je travaille avec des élèves de tout âge, des enfants (à partir de 5 ans) et des adultes, des débutants et des aguerris. Pour progresser et régler les problèmes de chacun, les leçons particulières sont beaucoup mieux adaptées. Chaque personne est différente, je m’adapte et j’adapte mon enseignement afin que mes élèves puissent s’épanouir dans leur apprentissage mais aussi au point de vue personnel.

Mes cours durent 30 minutes et je prépare le cheval avec mes élèves. Avec les enfants, je fonctionne beaucoup sous forme de jeux, avec des espaces de concentration et de relâchement. Ils doivent se concentrer une minute et puis peuvent se relaxer. Je leur demande de citer les parties du poney tout en les touchant ou en effectuant d’autres exercices. Pour conclure le cours, ils ont droit à un jeu, un parcours en liberté par exemple, ou un tirage de cartes avec des petits défis.

En général, les 15 premières minutes de cours sont réalisées à la longe. Je trouve cela important pour l’acquisition d’une bonne position à cheval. Aujourd’hui, on laisse beaucoup trop vite les élèves en liberté alors que leur équilibre n’est pas bon, et qu’ils gèrent mal le cheval. La position et l’équilibre sont des éléments auxquels j’accorde beaucoup d’importance car cela m’a personnellement beaucoup aidé.

C’est toi qui inventes tous ces jeux ? Tu crées aussi des spectacles, non ?

Oui, j’adore ça. Le dressage que j’enseigne et que je pratique s’associe fortement au spectacle et la création. Une fois par an, le deuxième week-end de septembre, mes parents ouvrent les portes de la ferme au public. Depuis quelques années, j’en profite également pour faire découvrir le cheval. Je monte un petit spectacle auquel tous mes élèves et toutes les personnes qui ont des chevaux à la ferme ont l’opportunité de participer.

Fin juin, j’ai déjà mon thème et le squelette du spectacle en tête. On se réunit et je fais la répartition des rôles. Ensuite, je prends le temps de dresser tous les chevaux et les poneys pour que tout se passe pour le mieux quand les enfants, ou même les adultes, prennent la main. En fonction de leur niveau, je les encadre encore dans la piste. Mais, tout le monde a sa place dans le spectacle quel que soit son niveau. En cours, stage ou pour le spectacle, les cavaliers sont là pour apprendre. Je ne suis pas du tout élitiste, même si ça ne m’empêche pas d’être ambitieuse par rapport à l’évolution de mes élèves. Je souhaite vraiment les aider à progresser.

J’organise également des stages durant les congés scolaires. En fonction de la période, les activités sont variées. Les matinées sont consacrées à des cours et les après-midi à des parcours ou, comme pour le stage de noël, à la préparation d’un petit spectacle. Cette année les enfants ont par exemple pu participer à des ateliers de maquillage, de préparation du poney (tressage, costume…) et d’élaboration de numéro. Ils ont également pu rencontrer le père noël et assister à des cours de voltige (figures et « gymnastique » à cheval).

Pour toutes ses activités et leur préparation, j’ai la chance de pouvoir compter sur mes parents, ma famille, mes élèves et leurs parents. Il y a un véritable esprit de groupe, c’est très agréable.

À quoi aspires-tu pour ton développement futur ?

Pour le moment, le plus important pour moi, c’est d’évoluer personnellement à cheval et de transmettre ma passion. Si je pouvais en vivre, ça ne serait pas mal non plus. Il est clair que je serais heureuse d’avoir mes propres infrastructures, c’est mon rêve. Mais, je préfère savoir monter à cheval et progresser que rien n’avoir du tout. Certains ont de magnifiques manèges mais n’ont presque plus l’occasion de monter. C’est un choix, mais c’est juste impensable pour moi. La connaissance et le savoir-faire sont des richesses qu’on ne peut pas nous enlever. Je suis en admiration devant les écoles de dressage.

Comment résumerais-tu ta philosophie en quelques mots ?

Je dirais créativité, passion et amour. L’amour du cheval mais aussi des gens. Je garde évidemment une certaine distance avec mes élèves et il y a beaucoup de respect entre nous mais, j’ai envie de les voir progresser à cheval et dans leur vie. Que tout cela leur apporte quelque chose en plus. J’adore vraiment ça.

DJ

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