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Le produire pour répondre

à une demande très locale

L’ail est peu cultivé en Belgique. Comme plusieurs espèces

maraîchères, son marché est dominé par des importations

bien structurées. Pourtant, il existe une demande d’ail

produit localement en particulier dans les fermes maraîchères diversifiées axées sur la vente en circuit court.

Temps de lecture : 7 min

Avec plus de 17 millions de tonnes produites par an, soit 75 % de la production mondiale, la Chine est le plus important producteur d’ail au monde. Une partie de celle-ci arrive en Europe, essentiellement via les Pays-Bas. Quant à la part produite par notre continent, elle est relativement faible avec 0,27 million de tonnes, la moitié venant d’Espagne.

Un peu de physiologie

L’ail se multiplie par caïeux, 20 à 50 sont formés par bulbe. Le cycle devrait correspondre à une période d’un an. Pour cela, les variétés doivent être adaptées aux conditions climatiques. Celles à longue période de dormance conviennent bien à nos régions. La dormance se lève par températures fraîches ou à 7,5ºC. Le zéro de végétation est de 0ºC.

Entre la plantation et la levée, une centaine de degrés jours sont nécessaires. Il en faut 1.000 jusqu’à la fin du développement foliaire et 1.700 jusqu’à la récolte.

Après la levée, la plante développe des feuilles qui s’enroulent en un axe. Le bulbe grossit lorsque le nombre de feuilles n’augmente plus.

Généralement, le bulbe central avorte et ne monte pas.

L’ail contient de fortes quantités d’alliine, d’allicine, d’ajoème, de sulfure de diallyle, de disulfure de diallyne, de trisulfure de diallyle. L’alimentation soufrée est donc importante pour la plante.

Dès la récolte, l’ail entre en repos végétatif 6 semaines, peu importe la température, il n’y a pas de germination ni de néo-formation de racines.

Pendant 12 à 14 semaines, les variétés adaptées à notre région ont un métabolisme ralenti si la température est basse (1ºC) ou élevée (18ºC) mais se réveillent si la température est de 7ºC.

Notons que la reprise d’activité dépend des conditions de stockage et s’étend sur 9 à 22 semaines. Les meilleures conditions de stockage se font à 75 % d’humidité relative.

Les variétés

Il existe des variétés d’automne, des variétés alternatives et des variétés de printemps.

Chez nous, les variétés de printemps donnent de bons résultats. Idéalement, nous essayons de les planter au plus tard début mars, mais ce n’est pas aisé, loin de là. En plantant plus tard, le rendement potentiel diminue et le risque de sécheresse devient un facteur limitant ; l’irrigation devient alors indispensable.

L’Ail Rose du Nord produit de petits bulbes aptes pour une longue conservation. Gayant (Artop), Arno et Atenor sont des variétés utilisables chez nous.

Les plants semenciers seront certifiés, bien sûr.

Le cultiver

Nous devons respecter une rotation d’au moins 5 ans avec les Alliacées.

La date de plantation est un compromis entre le souhait de planter tôt et le respect de la structure du sol. Il est parfois possible de planter fin février ou début mars, c’est l’idéal si le sol est ressuyé, il n’est pas nécessaire qu’il fasse chaud mais que le sol soit portant pour planter en bonnes conditions. Si ce n’est pas possible attendons mais le risque est alors d’obtenir de bulbes moins gros si nous n’irriguons pas au moment du grossissement.

Pour que le sol soit bien ameubli, nous serons amenés à envisager les travaux du sol avant l’hiver. Selon notre outillage et les conditions de sol, ce sera un labour, un pseudo-labour ou un ameublissement.

Le sol est préparé à plat ou en ados, selon la classe de drainage (voir le SB du 2 décembre 2016) : nous choisissons les ados si le sol est à drainage imparfait à insuffisant.

Pour avoir une bonne levée, les bulbes sont placés à une température de 7ºC deux semaines avant la préparation des caïeux. Ceux-ci sont préparés peu de temps avant la plantation. Nous les détachons des bulbes (égoussage) et les trions pour écarter les petits du centre, les endommagés, les doubles. Les gros caïeux peuvent donner les plus gros bulbes.

La densité de plantation sera de l’ordre de 16 plantes /m² pour obtenir de gros bulbes, le double pour obtenir des bulbes moyens. En cas de plantation plus tardive, préférons les densités de plantations les plus faibles.

Sur une planche de 1,6 m d’axe en axe, nous pouvons installer 6 rangs à 0,2 m d’écartement, 5 rangs sur une planche de 1,5 m.

Nous plantons à 3 à 5 cm de profondeur. En petites surfaces, la plantation est manuelle, elle est mécanisée dans les grandes fermes spécialisées (dans d’autres pays surtout).

Le fertiliser & l’irriguer

En espérant l’obtention de 6 à 7 tonnes de bulbes, les besoins sont de l’ordre de 150 unités d’N, 35 de P2O5, 150 de K2O, 120 de CaO, 15 de MgO et 120 de SO3. Notons l’importance des apports de soufre et notons également qu’il s’agit de besoins et non d’exportations.

L’enracinement de l’ail est peu profond. L’irrigation est pilotée pour maintenir de l’humidité essentiellement dans les 30 premiers cm de profondeur. Nous arrêtons l’irrigation 3 semaines avant la récolte présumée.

Le désherber

Plusieurs produits sont homologués en culture conventionnelle (voir fytoweb.be).

De manière générale, les faux-semis réalisés avant l’hiver sont très intéressants pour la maîtrise de l’enherbement en ail.

Les binages et sarclages sont difficiles à organiser au début du printemps, les conditions de portance du sol, de météo et de développement des jeunes adventices ne sont pas souvent réunies en début de culture.

Le paillage plastique placé avant l’hiver et perforé pour la plantation donne de bons résultats et s’adapte bien à l’irrigation en goutte à goutte.

Le désherbage thermique peut se faire en post-levée de l’ail au stade 4 feuilles des dicotylédones et 1 feuille des graminées avec réplétion 5 à 7 jours plus tard et éventuellement un troisième passage la semaine suivante.

Les soins

En général, il n’y a pas de montaison, mais s’il devait y en avoir, nous coupons les hampes florales au début de leur recourbement (les hampes laissées à pousser forment une crosse très nette).

Les insectes et les maladies

Nous n’avons généralement pas de grandes attaques d’insectes dans les quelques rares parcelles de chez nous. Mais nous pouvons rencontrer la mouche de l’oignon (Delia antiqua), la mouche des semis (Delia platura), le thrips (Thrips tabaci) et le taupin (Agriotes lineatus notamment). Les pièges d’observation utilisés en oignons conviennent pour compter les populations de mouche de l’oignon, de teigne du poireau et de thrips. Quelques produits sont homologués.

Quelques champignons se développent sur l’ail, notamment la rouille (Puccinia allii), l’alternariose (Alternaria porri), Stemphilium vesicarium. La pourriture blanche (Sclerotium cepivorum est assez fréquente et se rencontre aussi sur l’oignon.

Les virus posent des problèmes surtout chez les producteurs de plants.

Le récolter

Il est possible (mais pas indispensable) d’employer l’hydrazide maléïque pour préparer les plantes au stockage et ralentir la levée de dormance, le produit s’emploie alors sur végétation encore verte.

On détermine le stade de récolte à la vue ou plus précisément par pesées : nous récoltons des bulbes, nous leur laissons 2 cm de tige et nous les pesons : leur poids soit au moins 1,8 fois plus important que le poids des feuilles correspondantes.

En petites parcelles de fermes maraîchères diversifiées, la récolte se fait à la main ou à la souleveuse. Les fermes spécialisées disposent de récolteuses-lieuses ou de récolteuses équeuteuses.

Les bulbes sont ensuite mis à sécher au fur et à mesure de la récolte en vue de perdre 35 à 40 % de leur poids en eau. Selon le mode de vente, ce seront des tresses (au moins 12 têtes), des bottes (12 têtes et des tiges de 25 cm) ou du vrac (tiges de 3 cm). La ventilation naturelle peut convenir, si non, nous réglons la ventilation pour avoir une vitesse de l’air de 0,15 m/seconde au travers de la masse, 30 ºC (réchauffer l’air si celui-ci a moins de 20ºC). Pour le vrac, nous travaillons en pallox ou en tas d’au maximum 1,5 m de hauteur.

Quand la masse est sèche, nous gardons une température de 15 à 20 ºC pour les lots à vendre jusque janvier et 0ºC pour les lots à conserver pour une longue durée.

Notre marché local est confronté aux produits venant d’Espagne et de France et de ceux venant de Chine via les Pays-Bas, notamment. L’ail est présenté sec, c’est-à-dire avec des tuniques et la tige complètement séchées. Notre ail se conserve un an sans trop de problème.

L’ail peut être fumé en passant 10 jours dans un fumoir.

F.

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