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Le jaune et le vert, couleurs préférées des agriculteurs

Temps de lecture : 4 min

Le vert, c’est le blé qui lève, l’herbe qui pousse, le printemps qui renaît. Le jaune, ce sont les épis d’or qui annoncent la moisson prochaine. Tous les spécialistes en marketing le savent : ce sont les couleurs qui plaisent en agriculture.

Elle est gâtée puisque cet hiver, ces deux couleurs battent le pavé des grandes villes de France et de Belgique. En gilet, elles font le miel des médias. On connaît les clichés : La « fin du mois » pour les uns, la « fin du monde » pour les autres. Il y a en parallèle les « consommer plus » d’un côté et les « dépenser moins » de l’autre. Ils ne sont pas opposés mais c’est quand même contradictoire.

Du coup, n’écoutant que mon bon cœur, j’essaie de voir ce qui les unit et comment l’agriculture peut les aider.

D’abord, il y a le point de départ : cette fameuse taxe « carbone » sur le diesel que Nicolas Hulot a eu la bonne idée de lancer et l’intuition de ne pas assumer. Il s’agissait de demander à ceux qui veulent consommer plus (les jaunes) de financer ce qui devrait consommer moins (la transition énergétique).

La France est sortie des bistrots pour refaire le monde, sur les ronds-points d’abord, dans les mairies ensuite. Chez nous, ce sont les jeunes qui donnent le ton, marchant sur Bruxelles avec des pancartes pleines d’humour du style « Brosseurs cherchent bosseurs pour le climat ».

La « France Agricole » a beau déplorer l’absence de l’agriculture dans tous ces débats, elle se trompe. D’abord, « bosser » on sait ce que sait. Et le climat, on connaît : il compte pour beaucoup dans la rentabilité en agriculture.

De toute façon, pour les verts comme pour les jaunes, la réponse des politiques est la même : « Faisons mine de tout changer pour que rien ne change ».

Aux jaunes comme aux verts, on dirait bien : « Cessez de tout demander en même temps. Soyez concrets et visez une chose à la fois ». Un exemple qui devrait tous vous aider, dont on parle de plus en plus mais qu’on ne force jamais : une taxe sur le kérosène des avions et le fioul lourd des bateaux. Cela coûte le même prix pour envoyer un container de 25 tonnes en Australie qu’un camion de Bruxelles à Arlon.

Sur base du principe « pollueur – payeur », l’empreinte CO2 d’un passager en avion est 1,5 X plus élevée qu’en voiture. Quant aux cargos, il faut des millions de voitures pour polluer en rejets soufrés l’équivalent d’un seul d’entre eux.

Après la guerre, l’international fut exempté de taxes sur les carburants (Convention de Chicago 1946). C’était, paraît-il, pour favoriser le commerce. C’était surtout pour diminuer le coût des longs trajets et transports entre les métropoles et leurs colonies. Depuis, tout a changé. Il n’y a plus de colonies, l’OMC a régularisé le commerce et les taxes intérieures n’ont cessé de grimper.

On me dit : « C’est la faute aux lobbies ». Ceux-ci répondent « Que nenni ! On ne dépense aucune énergie là-dessus. C’est juste une question de « ressenti ». Il n’est pas le même quand on sort 100 € à la pompe pour aller travailler pendant une semaine que quand on vire 50 € à Ryanair pour aller se bronzer sous les tropiques. Si les verts dépensaient autant d’énergie pour cela que pour le glyphosate, il y a longtemps que ce serait plié »

En fait, dans notre monde hypermédiatisé, le « ressenti » prime sur tout. Tout le monde trouve normal que la production agricole « stricto sensu » ne coûte plus que 3 % du budget des ménages, qu’il n’y a plus de crises sanitaires hormis quelques manipulations frauduleuses, que l’espérance de vie frise le siècle et qu’on peut trouver autant de produits du terroir qu’on veut, pourvu qu’on prenne le temps de les cuisiner.

Mais le « ressenti » est là : l’agriculture est industrielle dès qu’elle dépasse les cent ha, le fermier est un empoisonneur dès qu’il protège ses cultures contre les maladies et les sols sont morts même s’ils font souvent le bonheur des mouettes quand on laboure.

Il me reste juste une question pour les experts de la ville : « Pourquoi, dans les essais conduits en conventionnel dans tous les centres d’expérimentation repris au Livre Blanc 2018 (Gembloux, Ath), les témoins sans azote dans les essais « céréales » cartonnent à hauteur de 6 à 8 tonnes /ha ? C’est mathématique : il faut qu’ils aient trouvé presque 200 kg/ha d’azote grâce à l’activité biologique. Pas mal pour des sols soi-disant morts ! »

Le problème, c’est qu’en agriculture, on cherche à nourrir la planète, tout simplement, sans arrière-pensée. Cela n’impacte pas le « ressenti » qui se construit en boucle sur les réseaux sociaux. Espérons qu’un jour, on en revienne aux fondamentaux : le vert, porteur d’espoirs renouvelés tous les ans au printemps et le jaune, concrétisation du travail effectif au temps des moissons.

JMP

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