De gros stocks de soja…
La graine de colza se montre partagée entre le rebond du prix des huiles depuis fin 2018 et la lourdeur du marché du soja. « Je suis terriblement baissier sur le soja », a lancé Philippe Chalmin, coordinateur du rapport Cyclope, annonçant une chute des cours de 21 % en 2019 par rapport à 2018. C’est de toutes les commodités et matières premières la plus mal positionnée en termes de prévisions de prix, d’après lui.
Oil World mise aussi sur une dépréciation du soja. Et de souligner l’abondance de la production mondiale, en hausse de 18 Mt à 359 Mt. Pourtant le Brésil affiche une récolte modeste : 116,5 millions de tonnes contre 121 Mt l’an dernier. Mais les réserves s’envolent sur la planète, de 11 Mt pour dépasser les 100 Mt. Un gonflement des stocks très lié aux États-Unis, où le report est estimé à 26,5 Mt fin 2018-19 (contre 11,9 Mt un an plus tôt). La trituration de soja se réduit en Chine, tant à cause de la peste porcine que suite à la guerre commerciale avec les États-Unis. Malgré quelques ventes vers l’Empire du Milieu, les stocks de soja US sont annoncés pléthoriques. La situation est d’autant plus lourde que les prix actuels du soja ne devraient pas inciter les producteurs américains à fortement réduire leur sole de soja en 2019.
… une culture qui ne cesse de croître au Brésil
Le Brésil répond présent sur le marché du soja avec une hausse constante de la production, qui le place au deuxième rang mondial. Malgré de multiples difficultés notamment en termes de logistique, la croissance de la surface cultivée en soja se poursuit d’année en année. L’ouverture de voies logistiques et de ports sur le nord du pays permet d’accentuer fortement les expéditions depuis trois ans. C’est pourquoi, alors que la guerre commerciale fait rage entre les États-Unis et la Chine depuis l’été dernier, le Brésil a pu assumer quasiment à lui seul toute la demande d’importation chinoise sur cette période. « La part de surfaces destinées aux cultures au Brésil n’est que de 7 %, contre 23 % pour les pâtures », remarque la société de conseil MD Commodities. C’est dire l’énorme réservoir du pays pour la culture de soja.
A contrario sur le marché de l’huile de palme, le potentiel de production s’érode en Malaisie, deuxième acteur mondial. « Il y a un manque de renouvellement des plantations de palme » dans le pays, note Oil World. Cela devrait participer à la réduction de la production mondiale dans les prochaines années. Le marché de l’huile de palme connaît une période de transition. Désormais, la consommation augmente plus vite que la production », augurant une résorption progressive des stocks mondiaux. Ce qui penche en faveur d’un marché plus tendu à l’avenir.