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Ajuster la flore ruminale autour de la naissance

Des recherches récentes suggèrent que la flore microbienne des ruminants peut être contrôlée à un âge précoce. Comme la production de méthane des adultes se fait principalement dans le rumen, un ajustement de cette flore pourrait réduire les émissions de ce gaz à effet de serre. Dans le cadre de son doctorat, Sieglinde Debruyne (ILVO, UGent) s’est demandée si la complémentation des jeunes ruminants pouvaient influencer leurs émissions futures de méthane.

Temps de lecture : 4 min

La production de méthane des ruminants adultes peut être réduite en ajoutant certaines matières grasses dans la ration. En effet, certains acides gras ont un effet toxique sur certaines bactéries du rumen, ce qui réduit la production dudit gaz. Toutefois, ces graisses ajoutées dans la ration peuvent également avoir des effets indésirables, comme entraîner une diminution de l’ingestion et de la digestibilité des aliments.

Par conséquent, l’ajustement ciblé de la flore ruminale doit être pris en compte. La quantité de complément nécessaire est évidemment plus faible chez les veaux. En outre, les effets secondaires négatifs sur la production restent limités.

Chez les génisses

Une première approche de la recherche a été menée sur des veaux Holstein. Ils reçurent deux fois par jour des graines de lin extrudées ou un mélange d’huiles essentielles jusqu’à l’âge de quatre mois. Leurs émissions de méthane ont ensuite été mesurées à l’âge de quatre, six, douze et dix-huit mois. Les émissions de méthane des primipares ont également été observées trois semaines avant et cinq semaines après le vêlage. Le poids des animaux et la quantité d’aliments réellement ingérés ont été régulièrement enregistrés tout au long de l’expérimentation, tout comme la comme la production laitière quotidienne.

Les résultats de l’étude sont clairs : les compléments administrés ne semblent pas affecter la flore microbienne liée aux émissions de méthane du bétail, quelle que soit la période de la vie de l’animal. Néanmoins, les veaux qui ont reçu des compléments ont eu une meilleure conversion alimentaire et ont grandi plus rapidement durant leur première année de vie, y compris durant la phase de lactation. Ces veaux étant plus lourds, ils purent être inséminés un mois plus tôt. En raison de la grande variation du facteur fertilité dans le lot étudié, la différence d’âge au premier vêlage n’est toutefois pas significative.

Du côté des chevreaux

La deuxième partie de l’étude s’est intéressée aux chevreaux. La présence fréquente de jumeaux ou même de triplés rend les chèvres intéressantes pour ce type d’expérimentation. C’est une meilleure base de comparaison avec une influence moindre des variables environnementales, ce qui permet des résultats plus clairs.

Un groupe de chèvres pleines a reçu au cours des trois dernières semaines de leur gestation un complément à base d’huile de noix coco. Un autre ne reçut rien afin de constituer un groupe témoin. Une fois nés, les chevreaux du premier groupe reçurent encore ces compléments durant 4 semaines, tandis que ceux du groupe témoin ne reçurent rien.

L’objectif ? Déterminer l’impact des acides gras de l’huile de coco administrés avant et/ou après la naissance. L’administration d’acides gras d’huile de noix de coco pendant la gestation et pendant les quatre premières semaines après l’agnelage a largement réprimé le développement de la flore microbienne pour permettre une réduction des émissions de méthane de 82 % (simulation réalisée en laboratoire). Après l’arrêt du traitement à onze semaines, les émissions de méthane sont revenues à un niveau normal.

Les acides gras de l’huile de coco ont perturbé l’absorption normale et le fonctionnement du rumen au début de la vie. Les agneaux qui ont reçu ces compléments ont absorbé moins de lait artificiel, ce qui a entraîné un retard de croissance qui, après 28 semaines, était toujours présent. L’action bactérienne du rumen s’est normalisée vers la fin du traitement postnatal. Toutefois, quatre mois plus tard, à différents endroits du rumen, des différences ont été remarquées dans la densité, la longueur et la largeur des papilles du rumen. Notons qu’il n’y avait pas de différence entre les groupes au niveau de la surface d’absorption des papilles.

Pour des vaches plus productives

Si les compléments alimentaires testés n’ont pas permis la réduction des émissions de méthane attendue, l’expérimentation a permis de mettre en lumière les effets d’une complémentation pré- et postnatale.

D’autres recherches sur les vaches laitières se concentrent maintenant sur le travail du rumen à un jeune âge afin d’obtenir des vaches plus productives et une meilleure efficacité alimentaire.

D’après S. De Bruyne (ILVO-UGent),

M. Frijlink (Rundveeloket),

L. Vandaele (ILVO),

V. Fievez (UGent)

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