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Les sensibilités variétales

aux maladies et les stratégies

Le nombre de traitements et leur positionnement sont à établir en fonction des maladies les plus nuisibles. Si plusieurs options se présentent, le choix s’orientera alors pour lutter également contre les maladies moins préjudiciables.

Temps de lecture : 6 min

La septoriose et la rouille brune sont les maladies les plus régulièrement dommageables. De façon moins systématique, la rouille jaune peut occasionner d’importants dégâts par extension des foyers comme ce fut le cas en 2014. Ces trois maladies sont prises en compte dans la création des nouvelles variétés de froment dont certaines s’avèrent résistantes.

Vis-à-vis de la septoriose, aucune variété n’est totalement résistante, mais le niveau de sensibilité varie fortement de l’une à l’autre. À la rouille brune, certaines sont particulièrement sensibles tandis que d’autres sont totalement résistantes. En ce qui concerne la rouille jaune, la résistance variétale peut aussi jouer son rôle de protection de la culture. Toutefois, certaines souches contournent cette résistance et provoquent des dégâts importants ce qui confère à cette maladie un caractère imprévisible.

La septoriose est susceptible d’induire les pertes les plus élevées. Elle peut apparaître tôt en saison et affaiblir fortement les variétés les plus sensibles. La rouille jaune, lorsqu’elle est présente, peut également induire de sérieuses pertes sur les variétés sensibles. La rouille brune, par son développement souvent plus tardif, a généralement un impact moindre sur le rendement.

Sensibilités variétales

Le tableau1, présenté en page 12, reprend le comportement des variétés face à la septoriose, la rouille brune et la rouille jaune ainsi que les pertes de rendement en absence de protection fongicide. Dans le cadre des avis du Cadco qui font état de la pression des maladies, ce tableau constitue une aide quant à la stratégie de protection à adopter. En outre, les pertes de rendement sont un bon indicateur de risques qui peut aider l’agriculteur dans le choix de son niveau de protection. Toutefois, pour les variétés testées depuis 2 ans et surtout 1 an, la résistance à certaines maladies reste à confirmer en particulier dans le cas où une grande sensibilité à une maladie a été mise en évidence.

La rouille jaune peut apparaître très tôt. Pour les variétés très sensibles, des visites régulières des parcelles sont nécessaires. Un traitement spécifique contre la rouille jaune peut être nécessaire à partir du stade redressement-1er nœud.

La septoriose peut également induire de sérieuses pertes de rendement. Une attention particulière sera nécessaire pour les variétés sensibles à la septoriose. Pour les variétés plus tolérantes, il peut être intéressant d’attendre le stade dernière feuille pour réaliser le premier traitement.

La connaissance du comportement des variétés vis-à-vis des maladies et l’observation des parcelles au bon moment sont deux éléments primordiaux dans le raisonnement de la protection.

Les stratégies de protection

Pour décider d’une stratégie de protection fongicide, il faut faire le bilan des risques sanitaires encourus par la culture et classer les pathogènes par ordre d’importance. Le nombre de traitements et leur positionnement seront fonction des pathogènes les plus importants. Si plusieurs possibilités se présentent, le choix s’orientera alors pour lutter également contre les pathogènes secondaires.

D’une manière générale, l’ensemble des maladies peut être contrôlé par une ou deux applications de fongicide. Si la rentabilité économique d’un seul traitement bien positionné est très souvent avérée, celle des doubles applications « à doses pleines » l’est moins fréquemment.

Situation où, jusqu’au stade dernière feuille, aucune maladie ne s’est développée de manière inquiétante

Dans ce cas un traitement complet sera réalisé au stade dernière feuille étalée. Il permettra de lutter efficacement contre les rouilles et la septoriose. Cette intervention sera la plupart du temps l’unique traitement fongicide appliqué sur la culture. Le produit ou le mélange sera choisi en fonction des sensibilités propres à la variété. La dose appliquée sera proche de la dose homologuée.

Si la pression de maladie est particulièrement faible lors du développement de la dernière feuille, ce traitement peut être reporté jusqu’à l’épiaison de manière à mieux protéger l’épi. Il convient cependant d’être prudent sur les variétés très sensibles à la rouille brune, cette maladie se développant parfois brutalement avant l’épiaison.

Un second traitement sera envisagé lors de l’épiaison uniquement en cas de risque élevé de fusariose ou d’une pression fort importante de rouille brune ou de septoriose.

Situation où le développement d’une ou de plusieurs maladies est redouté avant le stade dernière feuille

Une application avant le stade dernière feuille peut être justifiée en cas de rouille jaune ou de forte pression de septoriose ou d’oïdium. Lors d’un traitement réalisé à ce stade, le choix du produit tiendra compte des éventuels risques de piétin-verse.

Contre la rouille jaune et sur variétés très sensibles, un premier traitement peut être nécessaire dès le redressement (30).

Pour la septoriose et l’oïdium, il est souvent préférable d’attendre le stade 2e nœud avant d’intervenir, sauf en cas de pression particulièrement forte. La dose de fongicide pourra être modulée en fonction de la pression de ces maladies ainsi qu’en fonction de ce que l’on prévoit comme traitement relais par la suite.

Lorsqu’une application de fongicide est effectuée avant le stade dernière feuille, un second traitement devra être envisagé. Contre la septoriose, ce traitement relais doit idéalement être effectué 3 à maximum 4 semaines après la première application. Si la variété est sensible à la rouille brune, il est prudent de ne pas attendre trop longtemps après le stade dernière feuille. Le produit appliqué en seconde application prendra en compte l’ensemble des maladies susceptibles de se développer sur le feuillage et sur les épis. La modulation de la dose dans le cadre d’une stratégie de gestion de la septoriose ne se fera qu’en tenant compte de la sensibilité de la variété à la rouille brune. En effet, l’impact d’un traitement réalisé avant la dernière feuille est faible sur rouille brune.

Les avis émis par le Cadco sont destinés à guider les observations. Les stades de développement des cultures et la pression de maladies observées dans le réseau d’observations sont destinés à attirer l’attention sur le moment où il convient de visiter les champs ainsi que sur les symptômes auxquels il faut faire plus particulièrement attention.

Aucun traitement fongicide ? Est-ce possible ?

Aujourd’hui, la volonté européenne, par le biais de la stratégie de la lutte intégrée (Ipm), est la réduction d’utilisation des produits de protection des plantes. En lien avec cette dernière, le Livre Blanc propose une modalité sans aucun traitement fongicide dans ses diagrammes décisionnels (figure froment au stade 65). Cette option est donc possible, et rentable si :

– aucun symptôme de maladies n’est observable dans la culture au stade floraison ;

– la variété implantée est très résistante à la rouille brune (voir tableau).

– le prix du blé ne dépasse pas les 100 €/t.

Si toutes ces conditions sont remplies, la possibilité de ne réaliser aucun traitement peut être envisagée.

D’après B. Heens, G. Jacquemin,

O. Mahieu et R. Blanchard

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dans Le Livre Blanc, février 2019

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