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Cultures et maladies foliaires progressent

Les froments se situaient en début de semaine entre les stades 31 à 39 tandis que les barbes des escourgeons apparaissaient au grand jour.

Temps de lecture : 6 min

Les observations réalisées le lundi 6 mai sur les variétés de froment Alcides, Anapolis, Benchmark, Chevignon, Gedser, Graham, Kws Dorset, Nemo, Ragnar, Reflection, Rgt Sacramento au sein d’un réseau de 35 parcelles réparties dans les provinces de Liège (Pailhe, Mortoux, Fexhe-le-haut-clocher), Hainaut (Ath et Ellignies) et Namur (Lonzée, Mettet, Gesves, Ciney) révèlent que plus de 70 % des parcelles dépassent le stade « 2e nœud » (32). Les 30 % restants, encore au stade « 1er nœud » (31), correspondent aux semis du mois de novembre.

Les maladies progressent et une vigilance est requise pour la septoriose qui est visible dans toutes les parcelles du réseau d’observation. La rouille jaune est visible sur les variétés sensibles principalement.

En froment, pression parasitaire…

La septoriose est présente dans toutes les parcelles du réseau mais l’intensité de cette maladie varie en fonction des variétés et des régions. Sur les parcelles ayant atteint le stade 32, elle est observée sur les F3 à Ath et Ellignies et sur les F4 à Lonzée, Fexhe et Pailhe. D’après le modèle épidémiologique Proculture, des infections primaires sont en incubation sur les étages foliaires supérieurs (F4 à Namur, F3 à Liège et F2 dans le Hainaut). Il est conseillé de réaliser un traitement à partir du stade 32 sur variétés sensibles présentant des symptômes de septoriose sur plus de 20 % des F-2 afin de protéger les étages foliaires supérieurs.

L’oïdium est observé dans 18 parcelles du réseau. Dans la région de Liège, il n’est observé que sur les F-2 du moment à des fréquences de 1 à 2 plantes sur les 20 observées donc ne dépasse donc pas la F4 définitive. Dans la région de Namur, cette maladie est plus timide contrairement à la région du Hainaut où quelques touffes blanches sont visibles sur les F3 définitives.

La rouille jaune est observée dans 11 parcelles « non traitées » du réseau avec une distribution et une sévérité variable selon les régions et les variétés emblavées. Les fréquences des feuilles infectées, exprimées en feuilles définitives, sont les suivantes : 25 % des F5 (Reflection) à Pailhe, 30 % des F4 (Reflection) à Fexhe, 50 % des F4 (Reflection) à Mortroux, 5 % seulement des F5 (Ragnar) à Mettet 6 % des F3 (Nemo) et 1 % des F5 (Ragnar) à Ath 20 % des F3 (Nemo) et 1 % des F4 (Ragnar) à Ellignies

Les variétés suivantes sont à surveiller vis-à-vis de la rouille jaune : Benchmark, Nemo, Reflection, Rgt Reform, Sahara, Kws Dorset et Rgt Texaco.

La rouille brune n’est pas observée dans les parcelles du réseau mais certaines pustules ont déjà été signalées dans la région de Liège.

… et recommandations

En fonction de la date de semis et de la région, les parcelles peuvent avoir atteint des stades très différents, qui se situent désormais entre le stade 31 à 39. Il convient de vérifier à quel stade phénologique votre parcelle se situe ainsi que la pression en maladies dans celle-ci afin d’y adapter la protection.

Pour les parcelles qui n’ont pas encore atteint le stade 32, seule la présence de foyers actifs de rouille jaune sur une variété sensible peut amener à envisager un traitement.

Pour les parcelles au stade 32 à 37 et qui n’ont pas été traitées, un traitement peut être justifié en cas de présence significative de rouille jaune (foyer actif) ou de septoriose (plus de 20 % des F-2), sur variétés sensibles à l’une ou l’autre de ces maladies. Pour ces parcelles et celles qui ont déjà été traitées avant le stade dernière feuille, un second traitement englobant l’ensemble des maladies sera réalisé 3 à 4 semaines après ce premier traitement. Si aucune maladie n’est observée sur la parcelle pour l’instant, la protection peut être reportée avec vigilance au stade 39.

Pour les parcelles ayant atteint le stade 39, dernière feuille complètement étalée, et qui n’ont pas encore été traitées, le traitement complet contre les maladies du feuillage peut être réalisé. Le produit ou le mélange sera choisi en fonction des sensibilités propres à la variété.

Pour rappel, les molécules SDHI ne doivent être utilisées qu’une fois par saison et l’alternance des substances actives est importante pour conserver leur efficacité. Par exemple, en cas d’utilisation du prothioconazole au stade 39, il ne faut plus l’utiliser dans un traitement à l’épiaison et privilégier alors le tebuconazole ou metconazole pour protéger l’épi.

Les escourgeons montrent leurs barbes

Toutes les parcelles d’orges d’hiver à 6 rangs ayant dépassé le stade dernière feuille étalée, il n’y a plus d’observation systématique prévue dans le réseau du Cepicop. La période s’étalant entre le stade « dernière feuille étalée » (39) et le stade « sortie des barbes » (49) est l’intervalle pivot pour la protection fongicide de l’escourgeon. Un traitement fongicide complet et rémanent à ce stade permet de lutter contre les maladies déjà présentes et de prévenir l’apparition de la ramulariose Il est conseillé d’utiliser les spécialités à base de carboxamides en mélange avec une triazole et/ou une strobilurine. Il est également conseillé d’appliquer du chlorothalonil car c’est le dernier produit encore réellement efficace contre la ramulariose.

Fertilisation azotée : quelles quantités pour quelles espèces ?

En froment, les semis réalisés en octobre sont caractérisés par une dernière feuille pointante (37), il y a lieu d’appliquer la dernière fraction de la fumure azotée.

La dose de référence à appliquer est de 65 kg N/ha pour une fumure en trois fractions et de 85 kg N/ha pour une fumure en deux fractions. Cette dose est à moduler selon les conditions culturales de la parcelle, les doses déjà appliquées et l’état de la culture définie lors dans le Livre blanc 2019.

L’application peut être réalisée sous forme solide ou liquide. Si on choisit de l’appliquer sous forme liquide, il convient d’être prudent afin d’éviter d’occasionner des brûlures importantes aux feuilles supérieures de la culture. Les précautions suivantes doivent être prises :

– ne pas appliquer en plein soleil et lorsqu’il y a des vents du nord et de l’est ;

– utiliser des jets adaptés qui permettront à l’engrais liquide d’atteindre le sol ;

– il est souhaitable que la culture reçoive des précipitations même légères dans les jours qui suivent l’application ;

– ne pas appliquer en mélange de l’engrais liquide avec des produits phytosanitaires.

Orge brassicole

Le suivi est opéré dans un réseau de 3 parcelles sises dans les provinces de Hainaut (Vaudignies) et Namur (Gembloux, Liernu).

Les orges brassicoles semées le 21 février à Vaudignies se trouvent actuellement au stade 31 (1er nœud). Les premiers symptômes d’helminthosporiose ont été observés dans cet essai, mais la pression de la maladie est faible (50 % des F-3 touchées avec une sévérité minime) et n’est donc pas préoccupante pour le moment. Rappelons qu’en général, un traitement contre l’ensemble des maladies au stade 39 (dernière feuille étalée) est suffisant.

À Gembloux, les orges semées le 27 février ont atteint le stade redressement (30). À Liernu, les orges semées le 27 mars se trouvent au stade plein tallage.

Pour les parcelles ayant atteint le stade 30 (épi 1cm), une deuxième application azotée peut être réalisée si la culture paraît carencée. La recommandation est d’appliquer entre 20 et 40 kg N/ha. Dans le cas où les reliquats azotés de la parcelle sont élevés, il convient de ne pas appliquer cette deuxième fraction afin de ne pas dépasser la teneur en protéine maximale autorisée.

Avoine

Les avoines semées le 27 février à Gembloux se trouvent actuellement au stade redressement. À ce stade la deuxième fraction d’azote peut être appliquée.

La fumure de référence est 80-100 unités fractionnées en deux applications : 1/3 au tallage, 2/3 au redressement. En région froide, elle s’élève à 120 unités fractionnées en deux applications : 1/3 au tallage, 2/3 au redressement.

A. Legrève, A. Nysten

et Ch. Bataille

,

coordination scientifique « maladies » ;

B. Bodson, R. Blanchard

et R. Meurs

,

phytotechnie ;

X. Bertel

, coordinateur Cepicop

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