Unis pour la vie ?
Dans la nature, l’oie sauvage et le jars forment un couple solide, souvent uni pour la vie. L’espèce est en effet plutôt considérée comme monogame. L’oie domestique n’a pas vraiment perdu son instinct sauvage. Quels en sont les conséquences au niveau de l’élevage ?
La monogamie sexuelle ou le fait de n’avoir qu’un seul partenaire durant toute sa vie est rare dans le règne animal. On l’estime à 1 %. Si les castors, blaireaux et loups sont considérés comme monogames chez les mammifères, c’est chez les oiseaux qu’on retrouve le plus d’espèces monogames sexuelles comme les cygnes, les pigeons, les tourterelles ou encore les oies.
Monogamie chez l’oie sauvage
Chez l’oie sauvage, le couple est généralement formé pour toute la vie car l’oie et le jars restent fidèles. Ce comportement présente divers avantages. Au printemps, la formation du nid et la ponte démarrent rapidement, les oiseaux ne perdant pas de temps en se faisant la cour. C’est un avantage certain car l’éclosion des oisons est précoce et ils peuvent profiter durant tout l’été avant d’entreprendre la migration automnale. La vie en couple présente aussi un autre avantage : le jars protège la femelle, les œufs et les oisons. Si l’on compare avec la cane qui élève seule ses canetons, cela permet à plus de jeunes de se développer et d’arriver à l’âge adulte. En veillant sur la progéniture, le jars permet aussi à la femelle de mieux se nourrir et de récupérer après la couvaison, période durant laquelle elle peut perdre jusqu’à un tiers de son poids. Tout bénéfice également en vue de la migration en automne.
Et chez l’oie domestique?
L’oie domestique n’a pas vraiment perdu son instinct sauvage, l’oie et le jars formant un couple assez solide. Le jars protège sa femelle et n’hésite pas à battre des ailes et à chasser tout adversaire qui se présente et peut représenter une menace. Après avoir chassé un prétendant, le jars revient vers la femelle, les ailes déployées et le couple se retrouve et se salue bruyamment. Le jars et l’oie pâturent volontiers ensemble et partagent les activités quotidiennes en restant souvent très proches. Si le troupeau est grand et qu’il y a des jeunes jars, la fidélité entre partenaires peut cependant connaître quelques intermèdes.
Si naturellement les oies sont plutôt monogames, l’éleveur qui souhaite optimiser la production d’œufs à intérêt à constituer des troupeaux rassemblant 1 mâle et 3 à 4 femelles plutôt que d’associer un mâle à une seule femelle. Pour créer ces troupeaux, il est préférable d’associer un jeune jars aux oies car il accepte plus facilement plusieurs femelles que les jars plus âgés. En effet, plus le jars vieillit, plus il a sa femelle préférée et a tendance à délaisser les autres. La proportion d’œufs non fécondés risque alors d’augmenter. Pour de meilleurs résultats, l’éleveur a intérêt à constituer les troupeaux de reproducteurs plusieurs semaines avant le début de la saison de ponte soit 2 mois avant le printemps. Cela permet de garantir une meilleure fécondation des œufs et d’éviter des conflits qui réduiraient la natalité tout en augmentant la mortalité.
Quelques mesures s’imposent lors de la formation des couples. Si les jars de 2 couples sont permutés, il faut absolument séparer les couples nouvellement formés. Ils ne doivent pas rester à portée de vue et d’ouïe de leur ancien partenaire car ils pourraient poursuivre leur liaison et ne jamais copuler avec leur nouveau partenaire. Aucun œuf ne serait alors fécondé.
Il faut aussi éviter d’introduire une nouvelle femelle au sein d’un couple déjà formé car au mieux, elle ne sera pas acceptée et chassée par les partenaires fidèles et au pire, elle pourrait être blessée par le couple.
Enfin, si l’un des 2 partenaires meurt, le survivant peut avoir des difficultés pour surmonter l’épreuve et présenter une baisse d’appétit, par exemple. Il vaut mieux lui trouver un nouveau partenaire. Il ne sera peut-être pas accepté immédiatement mais avec un peu de temps, la nature devrait reprendre ses droits et le nouveau partenaire devrait être accepté.
