Une première en 27 initiatives
« C’est la première fois que nous disposons d’un agenda intégré et global qui recouvre tous les stades de l’approvisionnement alimentaire, de l’agriculteur au consommateur », se félicite la commissaire européenne à la Sûreté alimentaire Stella Kyriakides. La stratégie de la ferme à la table prévoit 27 initiatives qui seront précisées peu à peu dans les prochains mois et années. Parmi celles-ci : un plan d’action pour l’agriculture biologique en 2020, des recommandations à chaque État membre concernant les plans stratégiques de la pac fin 2020, une révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides en vue de réduire sensiblement leur utilisation en 2022, ou encore une révision de la directive bien-être animal en 2023.
Autres éléments clefs des deux stratégies : atteindre une part de 30 % des terres de l’UE protégées dans le cadre du réseau Natura 2000, au moins 10 % de la surface agricole utilisée consacrée à des surfaces de haute diversité, la baisse du gaspillage alimentaire et la lutte contre les fraudes.
Et pour atteindre tous ces objectifs la Commission aura recours à la future pac (en particulier les éco-régimes du premier pilier), à la réglementation (pesticides, OGM, bien-être animal…) et à l’information des consommateurs avec en particulier un nouveau système d’étiquetage à l’avant des produits alimentaires (valeur nutritionnelle, durabilité, voire origine).
Pour les secteurs de l’alimentation – agriculture et pêche réunies –, le vice-président de la Commission européenne en charge du pacte vert (Green deal) assure que la transition proposée peut accroître la valeur de la production de 50 milliards €. « Les agriculteurs sont les gardiens de nos terres. Ces stratégies doivent renforcer leur rôle sans laisser personne sur le côté », promet-il.
Une politique agricole sollicitée
Manque de données de référence
D’autres objectifs, ceux concernant les réductions de pesticides, d’engrais et d’antibiotiques, seront plus difficiles à intégrer immédiatement à la politique agricole commune. Pour une bonne raison : la période de référence par rapport à laquelle mesurer cette réduction n’est pas encore clairement définie. Il s’agirait en théorie que ces réductions se fassent en dix ans (entre 2020 et 2030) mais la Commission européenne admet que les données dont elle dispose actuellement ne sont pas encore suffisamment fiables et harmonisées pour avoir un aperçu clair de la situation dans chaque États membre.
Afin « de contribuer à une large adoption de pratiques agricoles durables », une proposition de révision du règlement relatif au réseau d’information comptable agricole en vue de le transformer en un réseau d’information sur la durabilité de l’agriculture est attendue pour 2022. Et dans la même optique, une initiative en faveur de l’agriculture décarbonée pourrait voir le jour en 2021.
Des normes renforcées
Autre levier que va activer la Commission : la réglementation. En 2022, devrait, notamment, être proposée une révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides afin de réduire sensiblement l’utilisation et les risques liés aux pesticides, ainsi que la dépendance à leur égard, et de renforcer la lutte intégrée contre les ravageurs. La question du statut, OGM ou non, des nouvelles techniques de sélection végétale devrait également être traitée. Une évaluation d’impact pour clarifier la situation et éventuellement réviser la directive OGM est attendue en 2021.
L’an prochain également, une révision du règlement sur les additifs pour l’alimentation animale afin de réduire l’impact environnemental de l’élevage devrait être présentée. Et en 2023, la Commission européenne compte réviser la législation existante en matière de bien-être animal, y compris en ce qui concerne le transport et l’abattage des animaux.
Un étiquetage à tout faire
Dernier outil majeur pour porter les transformations qu’entend engager la Commission européenne : l’étiquetage des produits. « Une bonne partie de la stratégie de la ferme à la table repose sur l’information des consommateurs pour qu’ils fassent des choix responsables », a souligné la commissaire Stella Kyriakides. Un « label nutritionnel » obligatoire sur le devant de l’emballage pour les produits alimentaires va être mis en place.
L’Institution veut aussi faire de l’étiquetage un moyen d’informer les consommateurs sur la « durabilité » des produits qu’ils achètent. Tout est envisagé : indication du pays d’origine, du respect des normes de bien-être animal, d’impact climatique…
La stratégie fait plusieurs fois référence à la promotion de régimes alimentaires plus sains visant, notamment, sans la nommer, la consommation de viande, rouge en particulier. Néanmoins, la commission ne veut pas imposer « de manière péremptoire » aux consommateurs ce qu’ils doivent acheter, d’autant plus qu’il faut distinguer élevage extensif, favorisant avec les prairies la captation de carbone dans les sols, et élevage intensif. Une révision du programme de promotion de l’UE pour les produits agricoles et alimentaires en vue de renforcer sa contribution à la production et à la consommation durables est néanmoins prévue pour fin de cette année.
Approvisionnement et consommation
