
Le poème de Verlaine revu au goût du jour, massacré comme l’est notre quotidien, colle parfaitement à l’automne qui s’est achevé lundi. Mais réjouissons-nous : voici la trêve de Noël, symbole d’espoir et de renouveau, paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté ! Cela fait du bien : disons que la saison qui s’achève n’a pas été très rigolote à vivre… Tous ces décès… On a déjà connu beaucoup mieux, mais pour nous distraire, quelques petits événements nationaux et mondiaux sont venus « égayer » nos quotidiens : la formation du gouvernement fédéral belge et ses habituelles pitreries, les élections américaines animées par le clown Trump, le psychodrame à rallonges du Brexit, sans oublier, bien entendu, les derniers épisodes de l’interminable saga de la réforme de la PAC !
Cette PAC, on finirait par l’oublier, tant elle se fond dans notre décor agricole, ce Léviathan qui mène nos destins par le bout du nez ! Tous les sept ans, la Politique Agricole Commune fait l’objet d’âpres discussions, afin de définir ses lignes d’action en fonction d’un budget européen, lequel se marchande préalablement entre les 27 pays de l’UE. En fait, suivre les développements de la réforme de la PAC constitue un boulot à plein-temps ! Il faudrait lire tous les communiqués de presse, recouper des
Fort bien ! Comment dès lors se dessiner une image nette et précise ? C’est impossible, à moins d’être un médium doté d’un QI de 150. Le fonctionnement lui-même de l’UE est très compliqué, avec ses trois niveaux de pouvoirs : le Conseil, la Commission et le Parlement. Les trois factions de la sainte trinité européenne, on s’en doute, s’entendent moins bien que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dans leurs discussions en « trilogues ». Imaginez le tableau : 27 pays, 27 réalités agricoles, 27 cultures, des centaines de femmes et d’hommes politiques, des dizaines de partis, des milliers d’avis à concilier pour dégager des lignes directrices, lesquelles seront à leur tour recuisinées à la sauce locale, dans chaque région ! La démocratie prend beaucoup de temps, quand elle rime désespérément avec bureaucratie.
Une chose est sûre : rien ne changera pour nous en 2020 et 2021, années transitoires au cours desquelles les détails de la réforme seront peaufinés. C’est assez marrant de voir le fonctionnement de la PAC : trois à quatre années de chaque cycle de sept ans sont nécessaires pour mettre tout le monde d’accord et affiner une réforme, laquelle sera à peine fonctionnelle qu’il faudra la réformer, un peu comme les Cardinaux à Rome qui discutaient autrefois du sexe des anges, durant des années.
Pour parler simplement, si on reprend le fil rouge le plus visible dans les multiples sources d’information, on constate une volonté de verdissement avec des « éco-régimes » qui vont déterminer les aides directes. Les exploitations agricoles qui iront au-delà des normes de base environnementales, recevront des aides supplémentaires, de telle sorte qu’il sera quasi impossible aux fermiers de ne pas mettre en œuvre des actions écologiques. Les voies de l’agriculture biologique, l’agroforesterie, l’agroécologie, la permaculture…, seront évidemment indiquées et valorisées, avant peut-être (ou sans doute ?) de devenir des évidences, des passages obligés lors de la réforme suivante, en 2027. On n’a pas fini d’en parler…
Les Eurocrates veulent bien faire, je pense, afin de répondre aux demandes sociétales, lutter contre le réchauffement climatique, nourrir le peuple et la machine économique, mais l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Puisse l’esprit de Noël les inspirer : paix sur la Terre et PAC sur les terres, aux femmes et hommes de bonne volonté !
Que la joie des fêtes soit dans vos cœurs !
