L’édition du Sillon Belge du 13 février 2020 abordait la question de la durabilité en maraîchage. De manière concrète, nous devons tenir compte de l’évolution des réglementations liées à l’emploi de produits phytosanitaires et des connaissances récentes ou confirmées relative aux équilibres entre espèces dans un environnement de ferme maraîchère.
La gestion des parcelles elles-mêmes et des abords (bandes herbées, haies, etc.) forment un tout.
Gestion propre des parcelles
La fertilisation, la maîtrise de l’enherbement et la rotation influencent la vie et en particulier l’activité des insectes auxiliaires dans le sol et dans la masse végétale.
Une des difficultés en ferme maraîchère diversifiée est d’arriver à limiter l’impact des façons culturales sur les parcelles voisines. C’est essentiellement une question d’organisation de chantier.
La fertilisation
La gestion des haies…
… et ses différents rôles positifs
Ces espèces sont connues pour leur rôle dynamique dans la régulation des limaces, escargots, taupins et pucerons. Au départ de refuges, elles explorent les parcelles sur plusieurs dizaines de mètres. Ces refuges sont des chemins herbeux, des bandes enherbées, des haies, des bosquets. Plus une espèce de carabe est abondante, plus loin elle part en exploration dans la parcelle. Certaines espèces de carabes sont favorisées par les techniques de travail simplifié du sol, d’autres pas.
Dans les mêmes refuges se maintiennent et développent, de nombreuses espèces de syrphes qui sont de grands régulateurs des populations de pucerons, notamment. Ce sont les larves qui sont consommatrices de pucerons. Les adultes se nourrissent de pollen et de nectar, ils sont aussi des pollinisateurs en volant de fleur en fleur.
Les coccinelles adultes hivernent au pied des haies, dans les creux de murs ou de roches. Elles se nourrissent de pollen et de nectar d’Astéracées et d’Ombellifères.
Les chrysopes et les hyménoptères parasitoïdes sont d’autres auxiliaires précieux. Ils sont favorisés par la diversité des écosystèmes du paysage.
Toutes ces espèces sont très actives au printemps et en été, elles le sont nettement moins en automne et en hiver.
Les haies accueillantes pour ces espèces sont composées d’espèces végétales indigènes et diversifiées.
La haie est un brise-vent
Ce rôle de brise-vent est des plus utiles pour les cultures maraîchères. Le brise-vent végétal efficace laisse ralentit mais n’empêche pas le passage du vent. Cela permet une bonne aération de la culture et de permettre le séchage rapide du feuillage après une rosée ou une pluie. Un léger vent sur le feuillage permet aussi de favoriser l’évapotranspiration et donc la remontée de minéraux avec le transit de sève ascendante. Cet élément est important pour éviter les carences apparentes.
En tant que brise-vent, la haie réduit les dégâts dus aux vents forts tumultueux. Cela signifie en pratique moins de dégâts mécaniques au feuillage des légumes et moins de dessèchement marginal dû aux vents secs, une meilleure reprise après plantation. Une porosité de 30 à 50 % semble idéale pour une haie brise-vent. L’efficacité est très élevée sur une largeur de 4 fois la hauteur de la haie. La haie brise-vent sera la plus efficace si elle agit sur les vents dominants. En Wallonie, les vents du Sud-sud-ouest sont les plus fréquents.
La protection montrera son efficacité sur le taux amélioré de reprise après plantation, sur la vitesse de croissance des plantes et sur l’économie en eau et donc sur l’économie d’apports par irrigation.
La haie présente aussi des inconvénients
La haie perd aussi ses feuilles à certains moments de l’année. Ces feuilles peuvent se retrouver piégées dans le feuillage de légumes d’automne dont le feuillage est destiné à la vente. Cela peut rendre les temps de parage particulièrement compliqués à gérer.
En freinant les échanges d’air lors des gelées de début et de fin d’hiver, les haies peuvent parfois aggraver certains dégâts. En s’y préparant, par exemple par l’emploi combiné d’autres moyens de protection comme les voiles, on peut prévenir ces dégâts.
L’ombrage
La haie donne de l’ombre proportionnelle à sa portée et donc à sa hauteur, l’incidence peut être négative pour les cultures voisines, surtout si la hauteur est importante. L’ombrage du matin et du soir aura une incidence alors que l’activité photosynthétique est maximale, lorsque les stomates sont béants. En pleine journée, les stomates se referment par temps sec et l’incidence peut alors être plutôt bénéfique par la modération de l’effet desséchant.
La protection de l’entrée des serres maraîchères
Les cultures protégées par des serres maraîchères, souvent des serres tunnel, sont directement influencées par le climat créé par la protection. Ce climat dans la serre est directement influencé par les éléments proches du paysage environnant. Une haie placée à quelques mètres des aérations va jouer un rôle déterminant. La réduction de la vitesse du vent va protéger la structure elle-même et va aussi influencer l’efficacité de l’aération de la serre. Une forte réduction de celle-ci peut poser des problèmes.
L’ombrage influence aussi l’effet de serre et donc la température intérieure. Un ombrage aux heures chaudes de la journée peut être bénéfique, les matins et soirs ce sera le contraire. L’orientation de la serre et de la haie est à coordonner.
Des cultures de protection voisines
D’autres cultures sont aussi de bons brise-vent temporaires. Une bande de céréales protège les plantes juste au-dessus du niveau du sol sur plusieurs dizaines de mètres de largeur, au printemps et jusqu’au milieu de l’été surtout. Le maïs protège bien également, de juin à octobre. L’avantage secondaire est que ces cultures incorporées dans le plan de culture vont allonger la rotation, ce qui est très bénéfique.
