développement adoptent
les rameaux de la vigne après une gelée printanière ?
La conséquence majeure du gel printanier est une perte de rendement pouvant être très importante ainsi qu’un décalage de la période de croissance allant jusqu’à la vendange.
Deux scénarios de reprises suite à un épisode de gel
Chez la vigne, les yeux latents conservés lors de la taille d’hiver sont en réalité des complexes de bourgeons protégés par des écailles. Ils sont constitués d’un bourgeon primaire, mais aussi de bourgeons secondaires et même tertiaires (figure 2). Ces ébauches de rameaux portent déjà, à une échelle microscopique, les futures grappes ayant été initiées durant l’été précédent. Ce qui signifie que les futures inflorescences sont déjà présentes dans les bourgeons depuis l’année précédente. On parle de grappes « préformées ».
Habituellement, ce sont les bourgeons primaires qui se développent au printemps suite au débourrement. Ils portent généralement une à deux inflorescences (variable selon le cépage et leur position sur le sarment). Ce sont les plus fructifères, ils se développent les premiers et, si aucun autre incident ne survient, le développement des bourgeons secon
Dans le deuxième scénario, les rameaux primaires n’ont été que partiellement détruits (lorsque seul l’apex du rameau primaire est détruit, par exemple). L’inhibition corrélative des bourgeons axillaires est alors levée, ce qui engendre le développement anticipé de nouvelles branches latérales n’ayant pas d’inflorescences préformées, ce qui signifie que la quasi-totalité de la récolte sera alors perdue.
Deux critères majeurs : la résistance au froid et l’état d’avancement
Le vignoble expérimental du Carah, à Ath, est composé de 27 cépages différents dont 23 ont été plantés en 2016. En 2020, lors de sa cinquième année de croissance, le vignoble a connu un épisode de gel printanier la nuit du 11 au 12 mai à un stade particulièrement sensible puisque tous les cépages avaient débourré et leurs inflorescences sur les rameaux primaires étaient bien visibles (stades BBCH entre 51 et 55).
La température nocturne est descendue entre -0,3ºC et -1,1ºC pendant trois heures engendrant des dégâts considérables. En moyenne, tous cépages confondus, sur l’ensemble de la parcelle, 87 % des jeunes pousses présentaient des dégâts de gel soit partiels, soit totaux (figure 4).
Les dégâts de gel ont été quantifiés pour chaque cépage. Pour ce faire, sur chaque individu (22 individus par cépage, 10 bourgeons par individu), le nombre de rameaux partiellement ou totalement détruits par le gel a été comptabilisé, ainsi que le nombre d’inflorescences ayant résisté à cet épisode de gel ou néoformées sur les nouveaux rameaux.
Nous avons observé que les cépages les moins touchés par cet épisode de gel étaient l’Hélios, le Régent, le Pinot Meunier, le Monarch et le Seyval blanc avec entre 34 et 21 % de rameaux intacts. Par contre, les cépages Chasselas, Rondo, Pinot blanc et Pinot noir présentaient le plus de dégâts avec entre 95 et 98 % de rameaux détruits.
Ces résultats s’expliquent, d’une part, par la résistance intrinsèque du cépage face au froid, mais également par l’état d’avancement de sa phénologie au moment du gel. Ainsi, le cépage le moins impacté par le gel est l’Hélios qui est également le cépage au débourrement le plus tardif dans la collection du Carah.
Qu’en est-il des inflorescences, et donc des grappes ?
Nous nous sommes ensuite intéressés au nombre d’inflorescences présentes sur les rameaux primaires, sur les rameaux secondaires et sur les
En plus de la perte nette de rendement, la production de grappes issues des bourgeons secondaires et des entre-cœurs se trouve décalée dans le temps, ceci se répercutant jusqu’à la vendange. En climat septentrional froid, ces nouvelles grappes peuvent alors atteindre plus difficilement leur pleine maturité.
Il est également intéressant de savoir que la fertilité des bourgeons secondaires est variable selon les différents cépages (figure 6). Dans nos observations, les cépages Pinot Meunier et Seyval blanc présentaient le nombre le plus important de grappes sur les rameaux secondaires mais avec de fortes variations entre individus. Ceci permet de mieux comprendre la meilleure résilience de certains cépages face à des aléas climatiques ainsi que d’orienter les moyens de lutte en fonction des cépages.
Cellule Technique Viticole, Carah
