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Une maladie polymorphe

en augmentation !

Enquêtes sur le terrain et au labo, outils de diagnostic multiples, actions avantageuses, conception et production d’un autovaccin pour ultime alternative… l’Arsia multiplie ses actions sur tous les fronts, face à l’augmentation de cas de mycoplasmose bovine.

Temps de lecture : 3 min

Selon une enquête menée par l’Arsia auprès des vétérinaires en 2016, près de 75 % d’entre eux considéraient la mycoplasmose comme un problème préoccupant dans leur clientèle : augmentation de la sévérité des symptômes et de la mortalité, traitements toujours plus difficiles. Une étude rétrospective sur des échantillons conservés dans les frigos de l’asbl à cet effet et menée par le département Epidémiologie et Encadrement sanitaire, a ensuite confirmé la présence de Mycoplasma bovis dans au moins 1/3 des troupeaux wallons et l’augmentation de sa circulation entre 2010 et 2016 (cf. Graph. 1).

Enfin, le germe est présent également dans les troupeaux laitiers puisqu’un élevage sur 4 était positif sur lait de tank.

La mycoplasmose ne sévit pas qu’en Belgique, loin s’en faut ; elle est constatée dans le monde entier. Pour exemple, le gouvernement néo-zélandais a lancé en 2018 un plan d’éradication de 880 millions de dollars…

Bactérie particulière, traitement décevant

La particularité de M. bovis, très contrariante pour le thérapeute, est qu’il s’agit d’une bactérie dépourvue de véritable paroi ; tous les antibiotiques (AB) qui agissent via cette dernière sont donc inefficaces. La moitié des AB administrés pour une pneumonie en première intention, ça ne marche pas ! Par ailleurs, des recherches récentes (2020) menée à l’Université de Gand ont montré que les souches belges du germe ont également acquis une résistance contre certains antibiotiques couramment utilisés.

D’autres propriétés propres à ce germe renforcent cette virulence. L’une d’elles en particulier, connue sous le nom de « biofilm », protège la bactérie des agressions extérieures et est responsable de l’inefficacité des AB sur les mammites à M. bovis, notamment.

Dégâts multiples et très coûteux

Selon l’âge, les symptômes varient (cf Tab. 1). La bactérie contamine le bovin par 4 portes d’entrée possibles : mufle, pis, œil, voies génitales. De là, elle se disperse vers l’oreille, les poumons, les articulations, le cerveau…

Ces symptômes sont possibles mais pas toujours présents et ne sont pas spécifiques de M. bovis. Ainsi, en ce qui concerne le « clapier » (poche liquide survenant après césarienne), on peut y retrouver occasionnellement M. bovis, mais souvent associé à d’autres germes également connus pour leur rôle infectieux dans cette pathologie.

M. bovis affecte l’immunité de l’animal, l’exposant davantage à d’autres germes, d’autres maladies.

Très insidieuses aussi sont les infections chroniques : sans provoquer de symptômes manifestes tels que décrits plus haut, elles impactent pourtant la croissance des veaux et la production et/ou augmentent le nombre de cellules dans le pis. Ces animaux porteurs ne produisent pas seulement moins de viande ou de lait, ils sont également une source d’infection pour leurs congénères !

Aucune étude économique spécifique audit germe n’a encore été menée à ce jour, mais citons ici l’étude de l’impact des pneumonies menée en 2001 aux Pays-Bas, estimant le coût annuel à 31 € par génisse présente, en cas de pneumonie endémique régnant dans l’élevage. Par ailleurs, une enquête menée en Europe en 2003 estimait la perte liée aux maladies respiratoires bovines à 576 millions d’euros… dont parmi les germes responsables, M. bovis, responsable d’1/3 à 1/4 de ces broncho-pneumonies infectieuses enzootiques !

D’après l’Arsia Infos

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