

Des fermes familiales
Louis Legrand, éleveur à Templeuve, témoigne : « Notre ferme se transmet de père en fils depuis plusieurs générations… mais ne s’étend que sur 10 ha. Lorsque j’ai pris la succession de mon grand-père et de mon père, la rentabilité n’était plus au rendez-vous. » Face à la nécessité de développer une nouvelle activité, il se lance dans l’élevage de canards de Barbarie en 1998.
Depuis, l’animal est véritablement devenu le « roi de la ferme ». « Bâtiments, parcours herbagés, cultures de maïs et de céréales en vue de les nourrir… L’exploitation lui est entièrement dédiée, de son arrivée à l’âge d’un jour à son abattage à l’âge de 4 ou 4,5 mois. »
Au total, pas moins de 10.000 canards sont élevés annuellement sur la ferme Louis Legrand. « Que des mâles. En effet, ceux-ci sont muets et ont un indice de consommation plus élevé que les femelles. Pour une même quantité d’aliment, ils produisent davantage de chair et de viande. »
De stricts critères de production
Les éleveurs de canards gras se doivent de respecter des critères de production très stricts. « Ils appliquent des normes qui vont au-delà de ce que prescrit la directive européenne en matière de bien-être animal dans les élevages », soulignent de concert l’Apaq-w et le Collège des producteurs. Et d’ajouter : « Le respect des exigences définies par la loi est vérifié par l’Administration wallonne. S’y ajoutent les contrôles menés par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire ».
Le gavage en lui-même n’est réalisé que durant les 12 derniers jours de vie des animaux (14 jours maximum selon la législation en vigueur). « Ici aussi, nous sommes attentifs au bien-être de nos animaux. Le geste doit être maîtrisé et nous vérifions que le repas précédent ait bien été digéré. C’est essentiel si nous voulons proposer un produit de qualité aux consommateurs, car un canard maltraité ne donnera jamais un foie valorisable », poursuit-il.
Il en va de même des autres parties du canard qui doivent, elles aussi, être de première qualité. Le respect du bien-être est donc un enjeu de premier ordre. « J’aime à dire que le canard est « le cochon des volailles ». Cela résume bien le fait que l’ensemble des morceaux sont valorisés et transformés pour être consommés. »
Une demande croissante
Au sein des élevages wallons, la vente des divers produits issus de la transformation du canard (foie gras, magrets frais ou fumés, cuisses, terrines, pâtés, plats préparés…) a généralement lieu directement à la ferme, mais se fait aussi auprès de restaurateurs, dans des épiceries spécialisées ou dans les rayons « produits locaux » de certaines grandes surfaces.
« Les familles se tournent vers nos produits principalement à l’occasion de Noël et Nouvel An et des grandes occasions. Pour moi comme pour les autres éleveurs wallons, les restaurateurs constituent donc une part importante de notre clientèle. Ils s’approvisionnent tout au long de l’année et nous permettent de vivre de notre activité », poursuit-il. La préparation de conserves et autres produits stockables est également de mise en vue de faire face à la fluctuation des ventes.
Mais revenons au foie gras. Le Belge en est le deuxième plus gros consommateur au monde, derrière la France et devant l’Espagne, avec une consommation estimée à 105 g/hab/an (chiffre 2019). Cependant, notre production nationale est loin d’être suffisante. Pour preuve, l’Apaq-w et le Collège des producteurs soulignent le fait que 950 t de foie gras non transformé ont été importées en Belgique en 2020. Ce qui fait de notre pays le deuxième plus grand importateur au monde.
Sur le terrain, Louis Legrand constate que la demande va croissante. « Les consommateurs se montrent de plus en plus intéressés par les produits locaux, en lieu et place des denrées importées. » Une tendance qui est de bonne augure pour les éleveurs wallons, pour autant que diverses législations ou associations ne viennent pas mettre à mal leur travail.
