Gérer au mieux les résidus de récolte
L’été va bientôt se terminer et laisser la place à l’automne. La température du sol est encore haute tandis que le peu d’humidité apportée par les dernières pluies permet une activité biologique élevée. Les récoltes sont réalisées sans matraquer la structure du sol, et les conditions sont réunies pour préparer au mieux les terres libérées. Il s’agit aussi de corriger les défauts de structures causés par les précipitations importantes des deux dernières années.

Les débris de culture peuvent être gérés en tenant compte de la situation actuelle. Cette gestion se fait toute l’année, dès qu’une parcelle est récoltée. Même en cette période de fin d’été, il est possible d’intervenir, en s’adaptant aux conditions d’accès des terres.
C’est une recommandation qui revient en tête chaque fois que nous lisons des conseils de techniciens ou de scientifiques pour prévenir les maladies ou ravageurs des légumes : « Éliminer les débris de récolte ». Si c’est facile à dire, actuellement, c’est aussi possible de le faire.
Plusieurs objectifs poursuivis
Les spores, le mycélium, les œufs, les larves et de manière générale les formes de survie des maladies et des ravageurs restent au champ avec les résidus de culture.
Les laisser en l’état en surface du sol, c’est entretenir des foyers d’inoculum pour les cultures voisines et pour l’année suivante.
De plus, les résidus de récoltes sont une source importante de matières organiques végétales. Ils apportent des nutriments pour la faune et la flore du sol ainsi qu’une source d’humus. En les gérant, nous contribuons à l’entretien et à l’amélioration de la fertilité du sol.
Que faire ?
Plusieurs méthodes permettent de limiter fortement l’impact de ces présences. Le broyage et l’enfouissement superficiel sont des classiques. Et le ramassage et l’élimination peuvent améliorer la situation en cas à risques ponctuels.
Le travail superficiel du sol permet également de réaliser des faux semis, de diminuer ainsi le niveau de salissement du terrain et permet de lutter contre les limaces, les tipules et les taupins. L’incorporation superficielle des débris de culture en facilite la décomposition.
Ce travail superficiel remet le sol à niveau et prépare l’implantation des cultures suivantes.
Il permet l’incorporation des composts et fumiers.
Ce n’est pas le cas cette année-ci, pour l’instant. Mais lorsque les parcelles ne peuvent pas être travaillées en surface à cause de l’excès d’humidité ou du gel, le broyage de la partie aérienne seulement permet une première étape de l’évolution. L’incorporation se fera plus tard, quand les sols pourront être travaillés superficiellement sans crainte.
Notons que le faux semis est efficace si le terrain est rappuyé pour permettre un contact franc entre les graines et le sol. Il est encore possible à cette époque, toutefois ce sera surtout le cas pour le printemps ou l’été prochain.
Travailler le sol : choisir la profondeur et les outils adaptés
Pour travailler le sol, nous pouvons donner comme ordre de grandeur 5 cm de profondeur ou un peu moins. De cette manière, l’aération du sol peut encore être très forte et favorise une bonne évolution des résidus broyés. Si l’incorporation est moins profonde, l’effet sur la germination des graines sera meilleur. Par contre, si elle est plus profonde, le travail de décomposition peut manquer d’oxygène et être freinée.
Par ailleurs, plusieurs inconvénients s’opposent à l’incorporation rapide des résidus de culture à faible profondeur.
Le paillage en matières organiques ou plastique est perturbé voire détruit par les façons culturales superficielles.
Les ados doivent être refaçonnés après le travail superficiel du sol ou en même temps que celui-ci.
Quant aux outils, ceux animés à axe horizontal permettent de broyer et d’incorporer superficiellement en un seul passage.
Les disques concaves sont, eux, bien adaptés pour les enfouissements de matière organiques.
Un rouleau stabilisateur raffermit le sol et stabilise la machine après le passage d’enfouissement.
Pour les cultures de choux ou de laitues…
Après une culture de choux, notamment, il reste une grande masse végétale avec des tiges, collets et un plateau d’enracinement qui sont massifs et coriaces. Le broyage fin avec un outil animé à axe horizontal (type fraise) va favoriser la dégradation rapide et le mélange superficiel avec la terre. Si la température du sol est suffisante (plus de 12°C, c’est bien le cas actuellement) et l’humidité présente pour avoir une grande activité des organismes présents, la décomposition est rapide et est déjà bien avancée après 3 semaines. Profitons-en !
Un autre exemple : après une culture de laitues. Les tissus sont peu coriaces, en conditions suffisantes d’humidité et de température, une dizaine de jours suffisent pour avoir une bonne dégradation des résidus. Cela ne signifie pas que tout est résolu… Si des foyers de sclérotiniose étaient constatés à la récolte, ils resteront présents malgré le broyage et l’incorporation. D’autres méthodes de lutte seront à mettre en place, dont la rotation et l’emploi préventif du Contans WG ou une méthode équivalente.
Pour le cas des infestations de limaces, le travail superficiel avec broyage des résidus de culture est une excellente méthode pour réduire leurs populations à court et à plus long terme. En effet, les résidus broyés décomposés sont autant de nourriture que ces bêtes n’auront plus. Les œufs malmenés, exposés au dessèchement et au soleil perdent leur viabilité. La surface du sol est affinée ce qui réduit la facilité de remontée et de redescente quotidienne des limaces en surface.
Des cas particuliers
En cas de présence de foyers limités en taille et en nombre de maladies difficiles à combattre, comme les foyers de sclérotinia, il est intéressant de récupérer un maximum des matières porteuses de sclérotes pour les emmener hors des parcelles cultivées en maraîchage. Ces mêmes foyers évidents de sclérotes n’ont normalement pas leur place dans les tas de broyats destinés au compostage. De nombreuses autres cultures ne sont que peu sensibles, comme les prairies, les bandes herbées ou encore les taillis.
C’est possible tant que les foyers restent limités en taille, par exemple un ou quelques m². S’ils sont trop importants ou trop nombreux, il faudra s’y adapter par la rotation et par l’emploi de méthodes préventives.
Des réserves de nourriture pour la faune
Durant l’automne et l’hiver, les débris des cultures sont aussi des réserves de nourriture pour la faune sauvage. Nous y pensons aussi, bien sûr, mais sur des bandes spécifiquement destinées à cet usage, hors rotation maraîchère, par exemple en bande le long des haies.