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Manifeste

pour le monde agricole

Temps de lecture : 3 min

J’avais lu dans « l’autre grand journal agricole wallon » que Sylvie Brunel avait sorti un nouveau livre : « Nourrir, cessons de maltraiter ceux qui nous font vivre ».

J’avais déjà vu ce professeur de la Sorbonne à la télé dans une émission d’actualités. J’ai découvert qu’elle était une militante de la lutte contre la faim (17 ans avec Médecins sans frontières et Action contre la faim) et qu’elle défendait toutes les agricultures, sur tous les continents, luttant effectivement contre la faim dans les pays pauvres et mais aussi contre la bêtise dans les pays riches.

À l’heure où l’agribashing s’insinue partout, oser, avec autant de vigueur, dire haut et fort combien les agriculeurs exercent le plus beau et le plus dur métier du monde, il faut le faire.

Je cite « Au cœur de son exploitation, le paysan règne en maître, libre, souverain, en alerte permanente. Pour être performant, ou tout simplement pour pouvoir continuer à travailler dans sa ferme, sans devoir mettre la clé sous la porte, il faut tout savoir. Tout maîtriser. Le paysan est une vigie du ciel et des marchés. Un œil sur les nuages, l’autre tourné vers le sol, pour guetter sa santé et tout ce qui menace : la météo, les insectes, voire le citadin ignorant qui vous toise… »

Elle va même plus loin : « On peut se demander quel est le pire ravageur pour celui qui nourrit le monde ? L’insecte, la moisissure, la maladie ? Ou bien les attaques décourageantes de tous les repus qui s’imaginent que cultiver la terre est à la portée du premier venu. Combien sont les donneurs de leçons, inconscients de la science et de l’expérience des paysans, toujours prêts à leur prodiguer des conseils inspirés face à des pratiques jugées désastreuses ? Notre arrogance, à nous les urbains, n’a d’égale que notre ignorance. »

Pour avoir bourlingué dans le monde entier, l’agriculture de subsistance, elle connaît. Et la misère qui l’accompagne, également. Deux milliards de gens vivent en insécurité alimentaire. Elle sait aussi qu’avec 10 milliards de gens à nourrir à la fin du siècle, passant de 50 à 70 % dans les villes, ce n’est pas avec quelques salades cultivées en permaculture sur les balcons qu’on y arrivera.

Elle plaide aussi pour associer les modèles au lieu de les opposer.

« Nous avons tout autant besoin de tout. De la petite exploitation qui valorise en circuits courts des productions de qualité sur des territoires difficiles, pour répondre à la demande de clients choisis et à fort pouvoir d’achat. Pratiquer l’agroécologie à petite échelle où il faut vendre cher pour assurer la rentabilité, et donc la pérennité de l’exploitation, c’est tout à fait compréhensible mais pas généralisable.

Mais critiquer l’agriculture de grands espaces, la mécanisation, la robotisation, en qualifiant de « productiviste », « indusriel », tout ce qui n’est pas « petit », c’est se fourvoyer.

Pourquoi le berger devrait-il trembler de froid et craindre le loup sur les alpages, alors que le moindre jeune en guerre contre le climat appuie son combat sur le digital, la mobilisation via les réseaux sociaux, en utilisant les smartphones les plus modernes. Il nous faut changer de logiciel, revenir au principe de réalité. »

Et de proposer à la jeunesse de lutter contre « l’éco-anxiété » en l’invitant à canaliser son énergie dans un service civique agricole constructif au service de la planète, aux côtés des agriculteurs.

Bref, un livre époustouflant, à contre-courant de la mode médiatique actuelle, qui rend à l’agriculture la place qui lui revient. C’est un cadeau de Noël pour le monde agricole, qui a tant besoin de communication positive pour répondre aux défis qui sont les siens.

JMP

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