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Les exportateurs de bovins n’en peuvent plus !

Temps de lecture : 4 min

La filière belge de la viande bovine a vécu une fin d’année compliquée. Malgré une offre réduite sur les marchés de vifs, les prix stagnent et l’ambiance y est morose. La Fédération nationale du commerce de bétail a expliqué ses inquiétudes au cabinet du ministre Borsus dernièrement et lui a demandé son support pour obtenir des simplifications administratives et la réouverture de nos marchés européens traditionnels.

Des exportations devenues impossibles

La Belgique a un terroir bien adapté à la production de viande bovine et en a fait une de ses spécialités sur le marché international. Pour que le marché soit en équilibre, il faut qu’un bovin sur 3 ou sur 4 quitte le territoire. Nous exportons principalement vers les Pays-Bas, l’Italie, la France et l’Allemagne. Aujourd’hui, toutes ces exportations sont devenues compliquées ou carrément impossibles.

1. Les Pays-Bas ont été comme la Belgique touchés par la bluetong sérotype 3.

Face à ce sérotype arrivé d’Afrique du Sud, il n’existe pas de vaccin et donc les exportations des Pays-Bas vers des zones indemnes comme l’Espagne où ils exportaient beaucoup de jeunes bovins sont interrompues. Les Pays-Bas sont notre principal client pour nos vaches de réforme. Nous pouvons continuer à les approvisionner mais vu l’encombrement de ce marché, la demande est moindre qu’habituellement.

2. L’Italie fait partie des pays qui ont accepté de donner une dérogation qui nous permet d’exporter des animaux non vaccinés mais testés négativement via un test PCR bluetong3.

Malheureusement, ce test avec la visite du vétérinaire revient à environ 20 € par tête et nécessite une désinsectisation préalable de 14 jours. Vu que les éleveurs n’ont pas souvent le réflexe de faire cette désinsectisation, les exportateurs doivent remettre les bovins à leur nom pour un mois, payer les 2 tests IBR et supporter les frais et pertes durant cette période. À lui seul, le principal exportateur vers l’Italie a perdu plus de 30 animaux et payé plus de 7.000 € à l’Arsia en 3 semaines. Si on ajoute à cela les frais de certification (payés par l’état en France par exemple), on arrive à un gros surcoût des animaux belges par rapport aux bovins français. Sans changement, l’exportation vers l’Italie s’arrêtera en 2024.

3. La France est purement et simplement fermée pour nos animaux d’élevage et de rente de plus de 70 jours.

Et ce, vu que les Français n’acceptent pas d’animaux testés PCR bluetong3 et que le vaccin contre ce sérotype n’existe pas.

4. L’Allemagne vient d’obtenir le statut indemne pour le BVD.

La Belgique, qui ne l’a pas encore, est donc tenue de faire des quarantaines pour tester les bovins pour le BVD. Malheureusement, l’Afsca n’a pas encore agréé de quarantaines chez les opérateurs concernés tellement le niveau d’exigence requis en Belgique est élevé. Confronté à cette même situation, le Luxembourg continue d’exporter avec des tests réalisés en isolement dans des conditions acceptables basées sur le pragmatisme et le bon sens.

Il est frustrant et affolant de constater que s’ils veulent continuer à approvisionner leurs clients hors de nos frontières, les exportateurs belges doivent maintenant s’approvisionner… chez nos voisins luxembourgeois, français ou irlandais.

Agir, d’urgence !

Face à cette situation inquiétante pour le prix de nos bovins dans les prochains mois, la FNCB demande d’urgence :

1. La requalification par l’Union Européenne des maladies vectorielles dans les échanges intracommunautaires.

La France, l’Espagne et l’Italie ont déjà sollicité la Commission européenne dans ce sens. La Belgique doit suivre ! En effet, avec 24 sérotypes différents de bluetong et l’apparition de nouvelles maladies comme la maladie hémorragique épizootique (MHE), chaque pays aura bientôt une situation sanitaire différente. Les échanges vont devenir impossibles alors qu’il ne s’agit pas de maladies contagieuses et que les moustiques ne s’arrêtent pas aux frontières. Protéger les animaux contre les moustiques avant les transports serait une solution en lieu et place de tous les tests et vaccins.

2. La collaboration des éleveurs pour désinsectiser les broutards 14 jours avant leur mise en vente.

3. La simplification par l’Afsca des procédures administratives d’exportation.

La Belgique est le seul pays qui impose la réimpression des passeports dans les centres d’exportation et de faire supporter son coût aux exportateurs. Dans certains pays comme la France, les certificats sont gratuits. La procédure complète de mise au nom avec la double prise de sang IBR n’a plus de sens quand on exporte vers des pays qui n’ont pas de programme IBR. Il n’est pas normal d’être incapable d’exporter des animaux pour cause de BVD alors que notre troupeau national est indemne à plus de 99 % ! Il n’est pas normal d’augmenter sans cesse les contraintes sur les marchés aux bestiaux. Les pistes de simplification dans les procédures Afsca sont nombreuses. La FNCB plaide pour le retour du bon sens.

4. La prise en charge des tests PCR pour l’exportation par les régions.

L’exportation est la seule clef pour rendre le marché plus rémunérateur. Faciliter le travail des exportateurs est le meilleur investissement que les pouvoirs publics peuvent faire pour soutenir la filière.

La Fédération nationale

du commerce de bétail

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